Comédie dramatique britannique sortie le 1er mars 2017 (durée : 1h57) réalisé par Danny Boyle

Avec : Ewan Mc Gregor, Ewen Bremner, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle

Vingt ans après le film culte, Danny Boyle le touche-à-tout nous (s’) offre la suite… Les fans seront-ils comblés ? La nouvelle génération peut-elle s’y intéresser ?

Ca veut dire quoi Trainspotting ?

Question pas évidente au premier abord ! Après recherche, ce terme désigne des personnes obsessionnelles qui observent les trains en notant leurs habitudes, leurs horaires, leurs vitesses… Si on rapproche cette définition avec le film, on se dit que ça illustre cette bande de jeunes qui n’ont pas grand-chose d’autre à faire que de se droguer, trouver l’argent pour s’alimenter et profiter de ses effets.

Dans le monde de la drogue, on dit aussi que Trainspotting correspond à la ligne de points qui se forment sur le bras que l’on pique point par point (gare par gare). On peut également se dire que c’est le train que l’on prend à grande vitesse après une bonne dose d’héro. Ca fait écho à la chambre de l’anti-héros principal aussi petite que tapissée de trains alignés… Au final, ce titre est plus riche qu’il n’y parait et correspond bien à l’esprit acidement foutraque de ces films.

Pourquoi le Trainspotting original est-il si culte ?

Trainspotting fait partie de ces films qui ont marqué une génération. Malgré une interdiction en salle aux moins de 16 ans (autre temps, autres mœurs…), le premier opus avait dépassé le million de spectateurs, ce qui est extrêmement rare dans l’histoire du cinéma. Illustrant une jeunesse britannique désoeuvrée et sans avenir, Mark et sa bande vivaient au rythme d’une musique branchée entre Iggy Pop, Pulp, Blur, New Order et Underwolrd.

Ce délire musical collait parfaitement au trip « shoots, dépravation et rock’and roll ». A l’époque, Danny Boyle ouvrait la voie aux films-cultes sur la drogue. Mais là où l’Anglais livrait une comédie aussi grinçante que pop, ces successeurs choisiront d’autres tons : plus coloré chez Terry Gilliam et son Las Vegas Parano (1998), plus sombre pour le Requiem for a dream (2000) de Darren Aronofsky. Depuis, ce thème s’est un peu essoufflé (hormis peut-être Limitless en 2011 ?) : signe avant-coureur que ce T2 n’était pas en accord avec 2017 ?

T2 : la suite d’une histoire qui se répète ?

Pour ce T2, John Hodge, le scénariste fétiche de Boyle, a préféré la continuité à la rupture. Choix cohérent par rapport à cette bande de potes qui passe son temps à courir pour mieux rester sur place. Vingt après, nous allons constater pendant deux heures (c’est un peu long, comme ce vieil ami que l’on n’arrive pas à quitter après une longue séparation) qu’ils ont finalement peu changé entre un Renton looser malgré lui, un Sick Boy expert en plans foireux, un Begby toujours aussi nerveux et un Spud attendrissant de candeur… C’est d’ailleurs finalement lui qui avancera le plus dans sa vie !

Ce deuxième opus a le goût de notre adolescence, tel un vieux bonbon dont on adorait se gaver mais qui semble sans saveur à la nouvelle génération. Attention, nous ne sommes pas face à un film bâclé, loin de là ! Au contraire, les personnages sont traités avec beaucoup d’affection. Nous les avions laissés sur cette trahison de Mark et les quarantenaires seront ravis de voir la suite, mais ne retrouveront plus l’équivalent des scènes du bébé ou de la plongée dans les toilettes… Ce qui était novateur il y a vingt ans est devenu plus commun aujourd’hui.

« Mange un Danny, ça ira mieux » : est-ce vrai pour tous les spectateurs ?

Trainspotting, 1er du nom venait confirmer la réussite du « Petits meurtres entre amis » d’un réalisateur qui, en deux décennies, a touché à tout : 28 jours plus tard, Sunshine, Slum Dog Millionnaire, 127 heures, Trance, Jobs. A l’époque, certains voyaient en lui l’un des futurs grands réalisateurs du cinéma moderne. Depuis, on lui a souvent reproché son style trop tapageur et clipesque.

Mais force est de constater que l’artiste sait donner du rythme avec une inventivité constante. Trainspotting 2 ne déroge pas à la règle. Si tout le monde a vieilli, le film se déroule toujours à la vitesse d’un junkie qui vient de prendre sa dose. Il y a des idées de mise en scène à chaque plan. La musique (rajeunie pour le coup) continue de jouer un rôle primordial avec Rick Smith, Wolf Alice, The Rubberbandits, Young Fathers. Le spectateur est invité à faire corps avec ce délire psychédélique faussement sale et truffé de savants clins d’œil à son prédécesseur.

En définitive, les fans de l’original viendront prendre une agréable de dose de nostalgie tandis que les plus jeunes trouveront que leurs parents ont décidément de drôles de goûts !


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Marcel Duchamp
Marcel Duchamp, du Nord de la France. Slameur et cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Enemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

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