Dates de sortie : 21 novembre 1997 (États-Unis), 4 février 1998 (France)
Réalisateur : John R. Leonetti
Acteurs principaux : Robin Shou, Brian Thompson, James Remar, Talisa Soto, Sandra Hess, Lynn « Red » Williams
Genre : Arts martiaux, fantastique
Nationalité : Américain
Compositeur : George S. Clinton
Après le succès du premier Mortal Kombat dont la fin annonce clairement vouloir adapter la suite du scénario du jeu vidéo, un nouveau film est mis en chantier et sa conception s’annonce d’emblée chaotique avec le départ de plusieurs acteurs phares. Lassé des exigences des producteurs, Paul W.S. Anderson donne sa place à John R. Leonetti, directeur de photographie sur le précédent, qui réalise alors son premier film. Ayant senti le vent tourner sur la qualité du scénario, Christophe Lambert privilégie Beowulf est se voit remplacé par James Remar (Le Grand Tournoi, Le Fantôme du Bengale) pour jouer Raiden. Ce dernier est doublé par Ray Park lors des combats, qui lui permettra d’obtenir le rôle du populaire Dark Maul dans Star Wars La Menace Fantôme. Linden Ashby n’étant pas non plus très emballé par le scrip, c’est Chris Conrad qui interprète Johnny Cage, tandis que Bridgette Wilson est remplacée par Sandra Hess pour le rôle de Sonya. Envisagé pour incarner Jax, Michael Jay White privilégie l’adaptation de Spawn : Gregory McKinney laisse alors sa place à l’athlète Lynn « Red » Williams.
Au final, seuls Robin Shou et Talisa Soto reprennent respectivement leur rôle de Liu Kang et Kitana, tandis que Keith Coke, qui incarne Reptile dans le premier film, endosse cette fois-ci le costume de Kuai Liang, frère cadet de Sub-Zero. Pour faire face au vainqueur du Mortal Kombat, c’est l’imposant Brian Thompson (Cobra, Full Contact, Cœur de Dragon) qui incarne l’Empereur Shao Kahn. Il est accompagné par Reiner Schöne (Le Retour de Sabata, La Sanction) dans le rôle de Shinnok, Dieu Ancien très différent de celui de Mortal Kombat 4 car présenté comme le père de Shao Kahn et vêtu d’une robe noire avec apparence humaine. Les différentes versions de Mortal Kombat 3 ayant depuis introduit de nombreux autres personnages, Mortal Kombat Destruction Finale cherche maladroitement à lui rendre hommage en faisant apparaître un maximum de combattants à l’écran sur à peine plus d’1h20 de film.
Certains personnages s’en sortent correctement avec une présence plus ou moins étalée sur le long du film : c’est le cas de Jade, Sheeva, Ermac, Sindel et Motaro, joué par le bodybuilder Deron McBee. D’autres apparaissent lors d’une seule séquence, la plupart du temps un combat qui ne laisse que trop peu de place pour un développement : il en est ainsi pour Baraka, Mileena, Smoke, Cyrax, Rain, Noob Saibot et Nightwolf, sous les traits du rappeur Litefoot. Susceptible de multiples résurgences dues à sa nature immortelle, Scorpion réapparaît brièvement lors d’une séquence et on peut apercevoir des clones de Reptile affronter Raiden. Dans sa volonté de placer absolument tout le monde, Mortal Kombat Destruction Finale mentionne même Kabal et Stryker comme ayant été tués par l’armée de Kahn. Au final, seuls Human Smoke, Kung Lao, Kintaro et Sektor (si l’on excepte le clin d’œil du missile tiré par Smoke) sont totalement absents des deux films.
Le scénario prend place à la seconde où se termine le premier film tandis que Shao Kahn enfreint les règles du tournoi en décidant d’envahir la Terre malgré la défaite de Shang Tsung. Les incrustations grossières annoncent rapidement les gros soucis de réalisation qui ternissent le long métrage, que ce soit au niveau des images de synthèse terriblement datées et des effets spéciaux qui sont loin de flatter la rétine. Mention spéciale aux créatures du combat final, à peine plus convaincantes que ce qui se faisait dix ans plus tôt. Les combats sont bien souvent difficiles à suivre tellement les plans vacillent en plus des ralentis abusifs et des coupes s’enchaînent. Plus drôle qu’autre chose, l’affrontement de Sonya et Jax contre Cyrax et les hommes de Kahn laisse même place à une bête imitation de duel en arrière-plan, comme en rigole si justement le Joueur du Grenier dans son excellente chronique sur les adaptations de jeux vidéo. On note également de nombreuses pirouettes et autres saltos exécutés inutilement durant les combats, comme si le long métrage cherchait à parodier les films d’arts martiaux chinois.
S’il est plaisant de voir autant de personnages du jeu vidéo participer au film, ils sont tellement nombreux que plusieurs n’échappent pas à une mort expéditive dans des situations parfois purement prétextes à laisser plus de place aux autres. Entre Rain qui se fait exécuter par Kahn pour se venger du savon que Shinnok lui a passé (« – Est-ce que tu les as fait ramper à tes genoux avant de les détruire ? – Mais maître, j’ai cru qu’en les laissant… – Je n’ai que faire de tes excuses ! »), Sheeva qui se fait écraser par la cage où Kitana était prisonnière (on a franchement vu mieux comme « fatalité ») et Noob Saibot qui est projeté du corps d’Ermac (clin d’œil grossier à la doublure du personnage) pour une apparition de seulement quelques secondes, la sous-exploitation se fait clairement ressentir. Les répliques nanardesques vont également bon train entre Kitana qui retrouve Syndel (« – Mère, vous êtes vivante ! – Oui mais toi, tu vas mourir !! ») et Jax qui tente d’apaiser les tensions en jouant les blacks rigolos (« Allons ça va sûrement s’arranger si on en parle ! »). Et que dire du « nouveau look » de Raiden, qui devient blond aux cheveux courts en renonçant à ses pouvoirs divins.
Mais malgré tous ses défauts qui le rendent beaucoup moins bon que son prédécesseur, Mortal Kombat Destruction Finale est loin d’être aussi mauvais que ce que sa réputation laisse entendre. Bien que le jeu d’acteur soit inégal, l’esprit de la saga est respecté et un soin est apporté aux costumes d’une bonne partie des personnages ; même la nouvelle actrice qui joue Sonya semble avoir été choisie en cohérence avec son nouveau look de Mortal Kombat 3. Seule Sheeva est assez peu gâtée avec son visage étrangement féminisé, tandis que James Remar est loin d’atteindre le charisme de Christophe Lambert dans son interprétation de Raiden. Souvent décriée pour sa soi-disant facilité, la mort de Johnny Cage permet au contraire de surprendre le spectateur avec l’assassinat inattendu d’un héros principal et d’ainsi laisser davantage de place aux autres personnages. La fidélité des coups spéciaux est également présente avec Kitana qui fait goûter de ses éventails tranchants, le cri fracassant de Syndel, le filet et les grenades de Cyrax ou encore le clone gelé de Sub-Zero. Quant au côté bestial initié par Nightwolf, il rappelle les animalités au même titre que la transformation en dragon de Liu Kang, la claque technique en moins.
Bien que l’enchaînement des combats en apparence aléatoires fasse très « adaptation de la map de Final Fantasy » tel que le suggère Karim Debbache dans son épisode de Crossed dédié à Mortal Kombat, le scénario suit une logique en réalité simple consistant à placer des adversaires envoyés par Shao Kahn sur les différents chemins des héros. Certains affrontements sont toujours rythmés par de la bonne techno d’époque telles que « Fire » du groupe Scooter face au robot Smoke. Les libertés prises sur le scénario rendent par ailleurs Shao Kahn plus humain, de par sa fraternité avec Raiden (bien que cet élément de scénario soit trop peu exploité) mais aussi par son visage souvent montré à découvert. Brian Thompson avait décidément bien la gueule pour ce rôle, et tout l’acting de série B qui va avec. Mais puisqu’il est « tout aussi essentiel de profiter d’un film pour ce qu’il nous offre, [bien qu’] il arrive qu’il n’ait rien d’autre à offrir qu’une expérience sociale agréable », Mortal Kombat Destruction Finale peut se savourer comme un bon moment à passer en tant que fan de la saga, rien que pour tout le défilement de personnages connus qu’il tient à mettre en scène.
J’aime beaucoup le premier film mais celui ci est irregardable
Plus difficile à regarder à cause de sa réalisation, mais en tant que fan c’est aussi un régal quelque part 😉