Réalisateur : Pascal Plante
Genre : Thriller, drame, horreur
Durée : 118 minutes
Origine : Canada
Sortie : 20 juillet 2023
Distribution : Juliette Gariepy, Laurie Babin, Elisabeth Locas, Maxwell McCabe-Lokos, Nathalie Tannous, Pierre Chagnon, Guy Thauvette…
Il y a des films qu’on n’attend pas et qui vous cueillent d’une manière tellement brutale qu’ils vous hantent longtemps après leur vision.
Les chambres rouges sont de ceux là.
C’est peut-être la plus grosse claque cinématographique que j’ai eu depuis ces 20 dernières années… Une claque mémorable, marquante et incroyablement douloureuse.
Que dire de ce film si ce n’est qu’il ne ressemble à aucun autre. Dans quoi le catégoriser ?
Le film commence par un long plan séquence, magistralement exécuté, et laissant penser qu’on va assister à un film de procès. Pendant près d’un quart d’heure, on écoute, captivé et horrifié, le procureur et l’avocat de la défense exposer des faits ignobles à un jury, pour que celui-ci détermine si l’accusé est oui ou non coupable… Coupable d’avoir violé, torturé, tué et filmé trois adolescentes dans une Red Room (pendant internet des snuff movies). Car même si certaines preuves sont accablantes, il subsiste un doute.
Et là, le film nous emmène ailleurs. Il ne s’intéresse pas à l’accusé. Il ne s’intéresse pas au procès. Il s’intéresse à deux femmes, spectatrices dans ce procès public. Clémentine, elle, est persuadée de l’innocence de l’accusé. Pour elle, il n’est qu’une victime collatérale piégée par le vrai coupable. Elle rencontre donc Kelly-Anne, mannequin le jours et hacker de génie la nuit, qui comme elle, vient tous les jours assister au procès. Sauf que les motivations de Kelly-Anne sont bien plus ambiguës. Elle, ne croit pas à l’innocence de l’accusé. Elle, est fascinée par lui…
Je ne dévoilerai pas plus l’histoire, parce que la moindre information supplémentaire dénaturerait la vision de ce film. Et il mérite d’être découvert avec le moins d’indications possible.
Pour son troisième long métrage, Pascal Plante, réalisateur canadien, réalise un tour de force. À mi chemin entre le thriller et le drame social, ce film est surtout un film d’horreur au sens le plus littéral du terme. J’ai vu énormément de films horrifiques dans ma vie, je pense qu’aucun ne m’a mît autant mal à l’aise ni autant terrifié que celui-ci.
Il n’y a pourtant aucune scène graphique, on ne voit pas les meurtres, il n’y a pas une goutte de sang ni aucune violence physique.
Et pourtant certaines scènes m’ont remués comme aucune autre auparavant (Terrifier 3 par exemple, qui a fait grand bruit avec son gore absurde et son interdiction au moins de 18 ans, m’a infiniment moins choqué que Les chambres rouges).
À cela trois explications : une réalisation d’une efficacité chirurgicale, un scénario précis et un jeu d’acteurs magistral. Le film est porté en grande partie par Kelly-Anne (Juliette Gariepy) et Clémentine (Laurie Babin). Les deux actrices sont tout simplement parfaites.
Mais si la naïveté de Clémentine peut la rendre touchante, notamment lors d’une scène télévisée, la froideur et l’ambiguïté de Kelly-Anne la rende tout simplement terrorisante, sa folle fascination pour l’accusé, transparaissant physiquement dans son regard et dans son attitude (lors d’une séance de shooting photo absolument flippante, par exemple ou lors d’un atroce champ/contre champ en cosplay).
Je ne sais pas à qui je peux conseiller ce film, tant il fait singulièrement penser à un cadeau empoisonné. Mais si vous vous laissez tenter, vous aurez alors devant vous une œuvre absolument exceptionnelle (dans tous les sens du terme) qui ne vous laissera pas indemne.