Date de sortie : 1er mars 2022 (2h55min)
Réalisateur : Matt Reeves
Acteurs principaux : Robert Pattinson, Zoë Kravitz, Paul Dano, Colin Farrell, Jeffrey Wright, John Turturro, Andy Serkis
Genre : Super-héros, polar
Nationalité : Américain
Compositeur : Michael Giacchino
L’avis d’Emmanuel
Que fait un menteur en mourant ? Il ment comme il expire…
Il aura fallu une dizaine d’années pour retrouver un film en prises de vue réelles uniquement concentré sur Batman sans que la Ligue des Justiciers vienne marvelliser le tout. En 2012, c’est en effet The Dark Knight Rises qui clôturait la trilogie de Christopher Nolan avant que Ben Affleck n’endosse le costume de l’homme chauve-souris face à Henry Cavill dans Batman V Superman. L’univers cinématique DC étant en pleine remise en question suite à plusieurs films à la qualité douteuse, c’est finalement Matt Reeves qui obtient les droits pour une nouvelle trilogie renouant avec ce qui fait l’excellence de ce héros d’anthologie. Fort de l’imposant dépoussiérage qu’il a opéré pour La Planète des Singes L’Affrontement et Suprématie, il dépeint une Gotham plus que jamais ravagée par la corruption, sombre et tourmentée dans une atmosphère proche du postapocalyptique.
De longues années après ses débuts au cinéma dans la saga Twilight, Robert Pattinson (Tenet, The Lighthouse, Le Diable Tout le Temps) passe de vampire à chauve-souris en interprétant un Batman torturé et rongé par la vengeance. Lors de sa deuxième année de lutte contre le crime, il est amené à enquêter sur l’histoire de sa propre famille tout en élucidant les énigmes d’un dangereux tueur en série. Après la version déjantée de Jim Carrey dans Batman Forever et le grand talent de Cory Michael Smith dans la série Gotham, Edward Nygma retrouve son nom originel de Riddler sous les traits du talentueux Paul Dano (Looper, Prisoners, Okja) dans une interprétation particulièrement violente. Près de trente ans après l’exceptionnel Pingouin de Danny DeVito dans Batman Returns suivi de la superbe incarnation de Robin Lord Taylor pour Gotham, Oswald Cobblepot effectue son grand retour au cinéma par l’intermédiaire de Colin Farrell (Les Veuves, Dumbo, The Gentlemen), dans une version bien plus proche du trafiquant d’armes des comics.
De son côté, Zoë Kravitz (After Earth, Mad Max Fury Road, Spider-Man New Generation) interprète une Catwoman bien plus sage que celle de Michelle Pfeiffer, mais tout aussi malicieuse et combattive que celles d’Anne Hathaway et de Camren Bicondova. Si Andy Serkis (Les Aventures de Tintin Le Secret de la Licorne, Mowgli, Star Wars épisode IX) est assez peu présent dans le rôle d’Alfred, Jeffrey Wright (Ali, La Jeune-Fille de l’Eau, Mourir Peut Attendre) assure un James Gordon d’une certaine importance. Très présents dans le scénario, les mafieux sont notamment dirigés par l’incontournable Carmine Falcone, John Turturro apportant un sacré charisme au personnage grâce au doublage de Vincent Violette, éminente voix de l’Épouvantail et de l’Homme Mystère dans la série animée de 1992.
Qui erre sur Terre et fend les airs pour mordre la poussière ?
Véritable polar pourvu d’une réalisation sublimée par des jeux de lumière éblouissants et une photographie bluffante, The Batman place à la fois le chevalier noir comme héros et détective. Les compositions glauques et intenses de Michael Giacchino, dont la réorchestration de l’enivrante « Something in the Way » de Nirvana, renforce encore plus le caractère malsain et dangereux de Gotham City que dans le film Joker, qui se situe dans la même critique sociétale. Si le film impose un rythme lent pour mieux s’attarder sur la morosité de la ville, plusieurs scènes d’action viennent dynamiser le scénario avec des combats musclés aux bruitages rappelant les rixes des jeux Batman Arkham.
N’apparaissant qu’une seule fois de manière présentable, le jeune Bruce Wayne se montre le plus souvent tourmenté avec ses cheveux ébouriffés et ses yeux entourés de noir. D’abord craint par la police et certains habitants, il finit par se faire accepter pour ses services rendus, à la manière du Batman de Tim Burton. Si le costume du Riddler a de quoi surprendre, Paul Dano assure une prestation étonnante qui redéfinit le personnage. Bien que simple sous-fifre, le Pingouin arbore une sacrée prestance grâce à la métamorphose de Colin Farrell tandis que Zoë Kravitz propose une nouvelle approche intéressante de Catwoman. À l’instar de Batman Begins, The Batman démarre une nouvelle trilogie avec une belle touche auteuriste annonçant la présence du Joker pour la suite du scénario. Un excellent film qui se démarque efficacement de ses prédécesseurs !
L’avis d’Orel
La trilogie de Christopher Nolan nous avait offert une version de Batman plutôt novatrice où le réalisateur offrait une version sombre du chevalier noir avec sous le costume un Christian Bale investi. Ben Affleck, quant à lui, n’aura pas eu la chance d’avoir son film solo, et c’est assez regrettable car il y avait matière à faire. Finalement, on ne l’aura vu que dans Batman V Superman : Dawn of justice, ou encore Justice League. Quand le nom du prochain chevalier noir fut annoncé, et qu’il serait interprété par Robert Pattinson, peu furent convaincus par ce choix, pourtant le comédien a fait ses preuves dans de nombreux films, sous la direction de réalisateurs talentueux. Matt Reeves, qui est à la réalisation de The Batman, a fait ses preuves avec comme premier film Cloverfield, et ensuite La planète des singes : l’affrontement et La planète des singes : suprématie. Des films qui font partie des blockbusters les plus intéressants ces dernières années. Dans cette nouvelle version très sombre, un batou plus jeune et donc torturé par le passé dans un Gotham gangréné par le crime. Le réalisateur Matt Reeves met en scène des vilains emblématiques de l’univers de Batman. Le réalisateur s’inspire de Zodiac ou encore Seven de David Fincher, car avec The Batman, nous sommes clairement dans un polar sombre.
Quand le maire de la ville est en pleine campagne de réélection, il est assassiné chez lui. Les minces indices annoncent qu’il s’agit du Riddler, un psychopathe qui a soif de vengeance. Cependant, dans les rues de Gotham, les criminels craignent Batman, qui est caché dans l’ombre pour arrêter les criminels. Batman apporte son aide au lieutenant James Gordon, un des rares flics honnêtes de la ville qui ne semble pas corrompu. Tous deux vont enquêter sur les indices que sème Riddler, des pistes qui le conduiront à sa rencontre avec Selina Kyle alias Catwoman. Cette dernière cherche à venger la mort de son amie Annika, qui accompagnait Carmine Falcone, le plus gros mafieux de la ville. Le Riddler, quant à lui, est loin d’en avoir terminé avec les meurtres. The Batman est sans doute, l’une des représentations du chevalier noir les plus réussies. Gotham est une ville poisseuse, où règne sans cesse le crime. Cette représentation de Gotham est aussi réussie, elle est la ville telle que nous la connaissons. L’écriture du scénario est de Matt Reeves et Peter Craig, qui signent un polar sombre. Si certains personnages manquent de développement, ce qui est le défaut du film, le traitement de Bruce Wayne reste intéressant. C’est un jeune Batman que nous découvrons, qui combat le crime depuis seulement deux ans, mais arrive à faire craindre les criminels.
Une mise en scène très sombre où l’obscurité est quasiment omniprésente, ainsi que la pluie. Matt Reeves retranscrit l’univers de Batman de façon exemplaire, où la mise en scène est maîtrisée jusqu’au bout. Des comédiens investis, comme Colin Farrell absolument méconnaissable en Pingouin. Paul Dano est parfait en Riddler, il livre un psychopathe excellent. The Batman est un polar, et Matt Reeves s’en inspire comme Zodiac par exemple, bien plus qu’un simple film de super-héros, un grand film qui marquera cette année.