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Liam Debruel

Liam Debruel
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Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

Un autre monde – Stéphane Brizé

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Date de sortie : 16 février 2022
Réalisateur : Stéphane Brizé
Casting : Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain, Anthony Bajon , …
Genre : Drame

Résumé : Un cadre d’entreprise, sa femme, sa famille, au moment où les choix professionnels de l’un font basculer la vie de tous. Philippe Lemesle et sa femme se séparent, un amour abimé par la pression du travail. Cadre performant dans un groupe industriel, Philippe ne sait plus répondre aux injonctions incohérentes de sa direction. On le voulait hier dirigeant, on le veut aujourd’hui exécutant. Il est à l’instant où il lui faut décider du sens de sa vie.

Critique : Le cinéma de Stéphane Brizé se distingue par son approche sociale jouant l’équilibriste entre la dureté du quotidien et des éclats d’humanisme rendant ses films plus prégnants encore. Il revient ici avec « Un autre monde », que l’on peut orienter dans une trilogie involontaire avec « La loi du marché » et « En guerre », tous deux comptant déjà Vincent Lindon en tête d’affiche avec des enjeux thématiques similaires. Savoir que le titre était celui prévu à l’origine pour « En guerre » permet déjà de mieux appréhender les réflexions qui vont en découler, le film de 2018 abordant déjà une zone de nuances floues avec ses employeurs eux-mêmes souffrant des impositions de leur hiérarchie. Le rôle adopté par Vincent Lindon n’est donc pas surprenant mais se révèle toujours cohérent dans ce qu’il prolonge dans ses réflexions.

Ainsi, on retrouve la même palette visuelle que dans ses deux « prédécesseurs » : une approche du réel quasi documentaire avec un personnage servant de bouée morale aux spectateurs. Ici, il se joue donc un entre-deux entre le besoin d’obéir à des dirigeants qui parlent d’assurer la sécurité financière d’une entreprise et la préservation du travail des employés. Tout cet équilibre assure l’intérêt d’un long-métrage qui se révèle tendu par ce traitement d’une réalité sociale. Comme sur les deux titres cités plus tôt, la mise en scène de Stéphane Brizé s’avère des plus solides, offrant même quelques moments de beauté inattendus dans un océan de cruauté humaine dû à une simple exigence : celle de l’obéissance envers les supérieurs. Comme toujours, Vincent Lindon se révèle impeccable et d’un humanisme fort qui renforce le pouvoir de conviction du long-métrage.

Peut-être moins brutal visuellement qu’« En guerre », « Un autre monde » trouve par son propos une approche plus triste mais en même temps plus poétique, telle cette scène de marionnettes où se libère par le regard un homme affranchi de ses attentes. Sa fausse simplicité révèle surtout un énorme cœur pour toutes ces personnes souffrant dans son rouage économique et impose définitivement Stéphane Brizé comme un réalisateur essentiel dans le domaine du cinéma social.

Freaks Out – Gabriele Mainetti

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Date de sortie : 30 mars 2022
Réalisateur : Gabriele Mainetti
Casting : Claudio Santamaria, Aurora Giovinazzo, Pietro Castellitto , …
Genre : Drame

Résumé :Rome, 1943, sous occupation nazie, la Ville éternelle accueille le cirque où travaillent Matilde, Cencio, Fulvio et Mario comme phénomènes de foire. Israel, le propriétaire du cirque et figure paternelle de cette petite famille, tente d’organiser leur fuite vers l’Amérique, mais il disparaît. Privés de foyer et de protection, dans une société où ils n’ont plus leur place, les quatre « Freaks » vont tenter de survivre dans un monde en guerre…

Critique : Gabriele Mainetti s’est rapidement fait révéler par son premier essai, « On l’appelle Jeeg Robot ». Ce film de super-héros italien avait su marquer les esprits par son traitement du genre bien ancré dans un autre format que ce que les Comics Books Actuels peuvent nous proposer. Auréolé de ces excellents retours, le réalisateur transalpin revient avec « Freaks Out », film de guerre entre plusieurs genres et régulièrement comparé à la rencontre entre le cinéma de Guillermo del Toro et celui d’Albert Dupontel. Si l’on ne peut nier des proximités visibles envers ces deux auteurs, ce serait quand même nier la personnalité particulière d’un film d’une certaine ampleur narrative.

Rien que l’introduction parvient à donner le ton du long-métrage entier. Le film s’entame ainsi sur un spectacle de cirque, jouant sur l’émerveillement de ses Freaks avec un rapport évocateur qui fonctionne rapidement par sa proximité. Soudain, l’horreur de la guerre débarque en plein spectacle, un effet de surprise qui permet de souligner la porosité entre un merveilleux détonnant ainsi qu’une forte violence historique. Tel un équilibriste, Gabriele Mainetti parviendra à rester sur ce fil de tonalités, trouvant dans l’opposition des deux un éclat cinématographique vivace comme on aimerait en voir plus.

Tout le film baignera d’un amour certain pour ses freaks, n’hésitant pas à perpétuer une affection permanente tout au long du récit. Le traitement même de son inscription historique trouvera également un même intérêt, avec certaines audaces plutôt surprenantes. On pense ainsi à cette séquence s’orientant vers le contemporain, permettant une nouvelle fois de renforcer cette sensation d’ailleurs promise par le film. Tel un très bon maître de cérémonie, Gabriele Mainetti parvient à offrir le spectacle promis et plus encore, le tout en jouant sur un humanisme aussi brillant que le talent de son auteur.

Œuvre entre différents genres qui n’oublie jamais ses personnages, « Freaks Out » est bien la pépite promise çà et là par ses différents retours positifs. Le divertissement est certain mais, contrairement à de nombreux spectacles du genre, il n’en diminue pas l’affection sincère pour ses protagonistes. C’est donc avec grandeur et humanité que Gabriele Mainetti nous propose un film hors du commun !

Contes du hasard et autres fantaisies – Ryūsuke Hamaguchi

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Date de sortie : 6 avril 2022
Réalisateur : Ryūsuke Hamaguchi
Casting : Kotone Furukawa, Ayumu Nakajima, Hyunri, …
Genre : Drame

Résumé : Un triangle amoureux inattendu, une tentative de séduction qui tourne mal et une rencontre née d’un malentendu. La trajectoire de trois femmes qui vont devoir faire un choix…

Critique : Il semble que les films de Ryūsuke Hamaguchi profitent du gain d’attention internationale obtenue avec les diverses récompenses de « Drive my car », notamment son prix du Meilleur scénario à Cannes en 2021, ou encore son Oscar du Meilleur film étranger l’an passé. C’est une excellente nouvelle étant donné la beauté de son cinéma et sa façon d’appréhender un sentimentalisme certain avec une mise en scène faussement simple et réellement salvatrice. C’est ainsi le cas avec ce « Contes du hasard et autres fantaisies », sorti plus tôt en salle cette année et indubitablement un des meilleurs films de 2022. En abordant le rapport à nos émotions par le biais de trois histoires différentes, Hamaguchi nous offre un panel de sentiments exacerbés et variés.

C’est ainsi que le metteur en scène japonais joue de son cadre souvent fixe pour y insérer un rapport empathique sensible. Que ce soit par un non-dit douloureux, un jeu d’explicitation sensuel ou bien des retrouvailles, ils se sert de son immobilité pour mieux faire bouillir ses personnages, et nous avec. C’est comme cela que le plan fixe d’une jeune femme lisant à un auteur un extrait de son ouvrage devient un sommet d’érotisme, jouant sur ce qui est narré pour mieux incarner la puissance de l’expression sentimentale. Voilà une des nombreuses trouvailles dans son rapport au sens de cet auteur, qui trouvera dans ses trois traitements dialogués une forme relationnelle bouleversée mais où se dessinent des émois différents. Le mouvement devient dès lors explosif, bouillonnement total qui met à mal l’intimité et les pensées de chacun tout en nous faisant bousculer de notre état spectatoriel.

Œuvre douce-amère au bouleversement bouillonnant, « Contes du hasard et autres fantaisies » se révèle sans souci comme un indispensable de cette année 2022. Cette sortie en édition physique devrait permettre de rattraper pour certains ce trésor de long-métrage émotionnel et pour d’autres de s’y replonger avec une émotivité assez désarçonnante, mais également rafraichissante. De quoi nous donner envie de découvrir tout le cinéma d’Hamaguchi, auteur qui sait comment traiter de relations et sentiments avec une formalité inouïe.

La dérive des continents (au sud) – Lionel Baier

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Date de sortie : 24 août 2022
Réalisateur : Lionel Baier
Casting : Isabelle Carré, Théodore Pellerin, Ursina Lardi , …
Genre : Comédie dramatique

Résumé : Nathalie Adler, la quarantaine, est en mission pour l’Union Européenne en Sicile. Elle est notamment chargée d’organiser la prochaine visite de Macron et Merkel dans un camp de migrants. Présence du couple franco-allemand à haute valeur symbolique, histoire de montrer que tout est sous contrôle. Mais qui a encore envie de croire à cette famille européenne au bord de la crise de nerfs ? Sans doute pas Albert, 17 ans, militant engagé auprès d’une ONG, qui débarque sans prévenir. Lui, en plus, il ne croit plus en Nathalie, sa mère…

Critique : Le dernier film de Lionel Baier commence de manière particulière. Rapidement, on voit posé des bases d’un humour cynique, même plutôt grinçant, par le traitement politique par rapport à un centre d’hébergement de réfugiés. Les représentants français et allemands se disputent comme des enfants pour savoir quel dirigeant aura le droit d’agir de telle façon, passer devant l’autre ou avoir le privilège de passer pour un politique actif sur la question. Pourtant, le film ne va pas maintenir cet absurde de l’image de manière permanente, préférant instaurer quelques pointes du style pour au final se confronter à la relation difficile entre une mère et le fils qu’elle a abandonné sur fond d’action humanitaire européenne.

Mené par un duo d’acteurs attachants dans leurs prestations (Isabelle Carré et Théodore Pellerin), le film trouve alors un nouvel équilibre, le propos acerbe sur une Europe déshumanisant les migrants affectant les convictions de nos deux personnages principaux. Le récit semble alors se balader, entre drame familial, instants d’absurde et propos politique acide. On a l’impression que l’intrigue ne sait quelle tonalité choisir et pourtant, cette absence de direction n’est qu’apparente, reliant au final ses protagonistes à une dérive émotionnelle forte. Cela explosera vers la fin du film, quand un réfugié prend enfin la parole pour s’exprimer, déviant de l’eurocentrisme d’un long-métrage qui semble critiquer cette position en abordant une même posture. C’est surtout un récit de convictions, où rapprochement familial résonnera finalement avec le bien-être idéologique de ses protagonistes.

Comédie dramatique qui flotte vers plusieurs aspects, « La dérive des continents (au sud) » trouve un point d’ancrage plutôt intéressant qui se révèlera in fine des plus aboutis quand les trajets émotionnels de ses héros résonneront avec leurs questionnements de place. Profitant de deux acteurs particulièrement justes, le long-métrage de Lionel Baier s’avère faussement véhément et réellement humaniste, aussi bien dans sa forme que dans son propos.

Jeune Wayne : « La chevauchée solitaire », « La rivière écarlate » et « La frontière impitoyable »

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Alors que l’on vit une chaleur caniculaire digne d’une petite ville aride perdue dans le désert, il est peut-être temps de se rafraîchir sans trop se dépayser en redécouvrant plusieurs westerns qui ont pu passer sous l’œil vigilant des amateurs de cinéma en tous genres. Ces trois sorties chez Elephant Films constituent donc une bonne occasion, surtout que ces titres ont tous en vedette la figure iconique du genre en la personne de John Wayne, ici au sommet de son art.

Commençons avec « La chevauchée solitaire », série B plutôt solide où le charisme de l’acteur participe beaucoup à la réussite de l’ensemble (un argument que l’on peut d’ailleurs utiliser pour les deux autres titres de cette sélection). En moins d’une heure, le film arrive à proposer un divertissement assez efficace reposant sur les tensions du pays après la guerre de Sécession. Cela rend encore plus dommageable le côté daté de certains aspects qui rappellent le temps passé depuis sa sortie.

Concernant « La rivière écarlate », John Wayne part dans une quête de revanche qui le poussera à prendre les armes. À l’accoutumée, la solidité d’interprétation de Wayne impose un rapport empathique intéressant à son personnage, bien accompagné par une bonne mise en scène et un casting qui fait avec ce qu’on leur propose dans des variations archétypales mais non moins inintéressantes. Ajoutez à cela un rythme plutôt maîtrisé (surtout vu la durée d’1h27, le titre le plus long de cette sélection) et le résultat s’avère assez divertissant pour fonctionner.

Enfin, avec « La frontière impitoyable », on arrive au film le plus sympathique de cette sortie. Bien que le récit s’avère assez commun avec néanmoins une base intéressante, sa durée réduite (55 minutes) et sa conclusion en font un spectacle des plus intéressants pour les personnes souhaitant découvrir les westerns d’époque. On sent encore une fois l’aspect de série B mais emballé avec quelques idées qui approfondissent un peu ce qui dépasse un peu son statut de divertissement westernien.

Si l’on ajoute à chacun de ces titres une certaine qualité d’édition régulière dans les sorties d’Elephant Films, on peut recommander ces divers films qui permettent de mieux appréhender le début de carrière de John Wayne et déceler çà et là des subtilités d’interprétation qui en feront la figure légendaire du western américain.

The Gilded Age Saison 1 de Julian Fellowes

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Date de sortie : 27 juillet 2022 en édition physique en Belgique
Casting : Cynthia Nixon, Carrie Coon, Taissa Farmiga, …
Genre : Drame, Historique
Format : 9 épisodes entre 50 et 60 minutes

Résumé : À la mort de son père, Marian, une jeune fille issue d’une famille conservatrice, part s’installer dans la maison new-yorkaise de ses tantes aristocrates et se retrouve prise dans la vie éblouissante de ses voisins incroyablement riches. En cours de route, elle fait de nouvelles rencontres, comme celle de l’écrivain en herbe Peggy Scott. Dans ce nouveau monde passionnant, à l’aube de l’ère moderne, Marian va-t-elle suivre les règles établies par la société ou tracer son propre chemin ?

Critique : Le succès retentissant de « Downtown Abbey » a su s’inscrire durablement dans l’histoire de la télévision contemporaine. Alors que la seconde itération télévisuelle a débarqué il y a quelques temps déjà dans les salles de cinéma, le créateur et scénariste Julian Fellowes revient avec une nouvelle série historique suivant les émois de membres de la haute société à New York. On a donc de nouveau droit à une série historique sur des gens financièrement pourvus et pourtant, sans aucune surprise, la formule fonctionne de nouveau pour rendre les neufs épisodes de cette première saison faciles à regarder.

Loin de la simple redite américaine, il se trouve dans la série une certaine grâce, une élégance qui va animer chaque épisode avec une certaine ferveur passionnante. À l’instar de son casting absolument impeccable, tout brille dans cette évocation d’un passage historique et d’une confrontation d’idéaux entre générations et nouveaux rapports à la société. Les dialogues sont cinglants, les visuels de bonne qualité et le tout trouve un rythme régulier où se développe chaque protagoniste avec une richesse narrative des plus prenantes. Il se dresse alors une forme de dramaturgie forte particulièrement prenante dans ce qu’elle dessine d’une époque en pleine évolution et d’un univers qui ne sait comment appréhender ces changements à venir.

Voilà donc une nouvelle réussite télévisuelle pour Julian Fellowes ! « The Gilded Age » s’avère un plaisir de série, de celles rapidement addictives où l’on retrouve tout ce qui fait notre bonheur sur petit écran. Entre affrontement d’ambitions, développements de romances et histoires qui valsent dans l’Histoire, ces neuf épisodes sont plus que prenants et appellent à découvrir ce que Julian Fellowes pourra nous proposer par la suite…

Belfast- Kenneth Branagh

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(L to R) Caitriona Balfe as "Ma", Jamie Dornan as "Pa", Judi Dench as "Granny", Jude Hill as "Buddy", and Lewis McAskie as "Will" in director Kenneth Branagh's BELFAST, a Focus Features release. Credit : Rob Youngson / Focus Features

Date de sortie : 2 mars 2022
Réalisateur : Kenneth Branagh
Casting : Caitriona Balfe, Jamie Dornan, Jude Hill , …
Genre : Drame

Résumé : Été 1969 : Buddy, 9 ans, sait parfaitement qui il est et à quel monde il appartient, celui de la classe ouvrière des quartiers nord de Belfast où il vit heureux, choyé et en sécurité.
Mais vers la fin des années 60, alors que le premier homme pose le pied sur la Lune et que la chaleur du mois d’août se fait encore sentir, les rêves d’enfant de Buddy virent au cauchemar. La grogne sociale latente se transforme soudain en violence dans les rues du quartier. Buddy découvre le chaos et l’hystérie, un nouveau paysage urbain fait de barrières et de contrôles, et peuplé de bons et de méchants.

Critique : Le cinéma de Kenneth Branagh a plus connu de bas que de hauts ces derniers temps, la faute à des productions à certains budgets qui semblent avoir laissé peu de place à son cinéma plus racé : « Artemis Fowl », « The Ryan Initiative », ses adaptations d’« Hercule Poirot », … Pour le peu que l’on sente sa touche dans le remake live de « Cendrillon », il reste une bonne part de visuels que l’on s’imaginerait loin de la touche souvent shakespearienne du réalisateur irlandais. Le voir revenir avec un sujet plus proche de ses origines provoquait ainsi une curiosité certaine, curiosité renforcée par des images au style aussi élégant que fortes par les thématiques qui semblaient être abordées. Heureusement, le résultat s’avère même supérieur à nos attentes, qu’il faut avouer avoir diminué au vu de ses dernières réalisations décevantes.

Il suffit ainsi d’un simple mouvement de caméra lors d’un jeu innocent pour que la bascule historique s’opère, la violence du quartier nord de Belfast s’illustrant dans un tournant social des plus prégnants. Cette simple idée visuelle nous embarque dans une forme d’équilibre constant entre rêveries enfantines avec une certaine légèreté et une réalité des faits bien plus dramatique. Quand Buddy se retrouve à piller un magasin, il ramène de la poudre pour la lessive sans se rendre compte de son acte ni même de ce qui le pousse à cet instant précis. Cette balance passe également dans la colorimétrie, l’usage d’une photographie somptueuse en noir et blanc conférant une élégance visuelle des plus fortes.

Il est dès lors intéressant que les rares moments où le film retrouve un usage de la couleur soit dans son introduction dans notre époque (la transition vers le passé se fera avec une stylisation aussi pertinente que splendide) et lors de rapports à la fiction, notamment dans des champs contrechamps où se confronteront échappatoire vers le cinéma ou le théâtre et l’expérience de ces lieux de culture, appuyé par la nature collective de ces moments, et un réel des plus marqués.. En ce sens, l’entièreté du casting se révèle d’une grande qualité, apportant une certaine authenticité d’ensemble qui renforce la véracité poétique qui imprègne le long-métrage.

C’est donc une très bonne nouvelle de retrouver un Kenneth Branagh à ce niveau tant « Belfast » respire l’élégance historique, la poésie d’enfance et la brutalité de sa réalité. On y sent poindre une volonté d’approche personnelle qui confère une sincérité de ses émotions. Cette sortie en édition physique chez Universal vaut donc grandement la peine, ne serait-ce que pour se rappeler de la haute qualité du cinéma de Kenneth Branagh quand il se trouve à la tête de pareils projets au cinéma aussi vivants que resplendissants.

Gloria – John Cassavetes

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Date de sortie : 31 décembre 1980 en salle, 26 juillet 2022 en édition physique chez Wild Side
Réalisateur : John Cassavetes
Casting : Gena Rowlands, John Adames, Buck Henry, …
Genre : Drame, Thriller

Résumé :Ex-call-girl, Gloria Swenson connaît bien le milieu de la pègre pour avoir été la maîtresse de quelques gros bonnets. Solitaire, revenue de tout, elle préfère désormais la compagnie de son chat. Aujourd’hui, dans son immeuble délabré du Bronx, elle frappe chez sa voisine Jerry Dawn pour lui emprunter un peu de café. Mais la mère de famille, affolée, lui demande de prendre son garçon de 6 ans sous sa protection : son mari, comptable, a trahi la mafia en renseignant le FBI. Gloria rechigne mais se doit d’accepter : flanquée d’un orphelin, elle qui déteste les enfants et les contraintes, elle prend la fuite…

 

Critique : Comme mentionné dans le livret qui accompagne cette édition fournie par Wild Side, le statut de « Gloria » dans la filmographie de John Cassavetes s’avère particulier. Récompensé par le Lion d’or à la Mostra de Venise, le long-métrage semble souvent réduit à un simple film de studio dénué de la personnalité de son réalisateur. Pourtant, ce dérivé de film noir mérite un intérêt certain, notamment par sa manière de dévier de son genre initial tout en brossant un duo touchant, notamment grâce à la prestation de Gena Rowlands dans le rôle-titre.

L’actrice constitue sans aucun doute le cœur du film par sa façon de se retrouver dans un imbroglio criminel passant par la protection imposée d’un orphelin doté d’un sacré caractère. Elle-même possédant une personnalité forte, cette confrontation va amener des remous dans un décor urbain dont la brutalité est souvent rappelée dans la mise en scène. Cet aspect visuel proche du cinéma indépendant confère une liberté de jeu à Rowlands qui offre une partition touchante sans tomber dans le sentimentalisme facile. Au contraire, sa force de traitement permet à Gloria de devenir une réelle héroïne forte de film noir et d’esquiver certaines facilités d’une narration par moments flottante mais non moins dénuée d’émotions.

Plus subtil que le résumé pourrait le laisser craindre, « Gloria » est un très bon morceau de cinéma noir, notamment par sa dramaturgie qui cherche à éviter le sentimentalisme simpliste. Le livret accompagnant l’édition Blu-ray/DVD fourni par Wild Side parvient à aborder plus en détail l’intérêt de ce long-métrage plus que recommandable, ne serait-ce que par son traitement urbain noir dont la sécheresse visuelle renforce une émotivité timide mais néanmoins présente.

Heroes : the battle for lake Changjin – Chen Kaige, Tsui Hark, Dante Lam

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Date de sortie : 26 juillet 2022 en VOD
Réalisateurs : Chen Kaige, Tsui Hark, Dante Lam
Casting : Jing Wu, Jackson Yee, Duan Yihong, …
Genre : Guerre

Résumé : Hiver 1950, l’armée populaire de Chine entre en Corée du Nord… Les troupes postées sur le front oriental vont combattre au lac Changjin, dans des conditions de froid extrême, n’ayant que peu de rations et accusant un important retard d’armement face à l’armée américaine menée par le général MacArthur.
Avec pour seuls alliés leur volonté de fer et leur courage, les soldats chinois vont lutter au-delà de l’entendement et livrer une bataille qui restera à jamais gravée dans les mémoires…

Critique : Énorme succès au box-office chinois et doté d’un des plus gros budgets alloués à une production nationale, « Heroes : the battle for lake Changjin » voit les choses en grand, comme le montre sa durée dépassant les 2h30 de long-métrage et la présence de trois réalisateurs derrière la caméra (et non des moindres quand on voit leur carrière respective). Il suffit donc de peu de temps pour que le film montre ce qu’il a dans le ventre, n’hésitant pas à balancer à l’écran l’immensité de son budget dans des séquences de guerre absolument dantesques.

C’est d’ailleurs le point fort du film : ses scènes marquées plus action, profitant d’une certaine ampleur voire même d’une grande tension. On peut donner en exemple ce moment où des soldats tentent de se faire passer pour morts alors même que deux avions américains les survolent, amenant à un plan d’ensemble qui tente de capter chaque visage humain dans le carnage à venir. La mise en scène proposera à plusieurs reprises pareils mouvements plutôt virtuoses, avec cette envie d’illustrer une forme d’héroïsme national qui fera grincer des dents certains spectateurs.

Pour revenir au long-métrage même, on ne peut que constater la grandeur qui se veut être véhiculée à l’écran avec une certaine violence belliqueuse qui ne laissera personne indemne. La brutalité de certaines morts ne saura être diminuée par l’ambition de dépeindre un certain courage dans le destin de ces soldats, tout en voulant garder un regard d’ensemble sur la totalité de sa narration. Dommage que sa nature d’œuvre de propagande se ressente dans la description de ses personnages ou même dans des cartons finaux qui laissent une certaine amertume en bouche.

Si l’on décide d’ignorer cet aspect, il nous reste un film de guerre plutôt furieux qui profite de ses moyens pour proposer des tableaux brutaux avec une ambition ample qui cherche à conserver un point de vue humain. En ce sens, le spectacle est présent (bien aidé par sa réalisation qui ne recule devant rien pour conserver ses enjeux de grandeur), tout en étant fortement marqué par la conception politique derrière cet objet filmique plutôt divertissant dans son traitement visuel.

Story of my wife – Ildiko Enyedi

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Date de sortie : 16 mars 2022 en France, 27 juillet en Belgique
Réalisatrice : Ildiko Enyedi
Casting : Léa Seydoux, Gijs Naber, Louis Garrel, …
Genre : Drame, historique

Résumé : Jakob est capitaine au long cours. Un jour, il fait un pari avec un ami dans un café : il épousera la première femme qui en franchira le seuil. C’est alors qu’entre Lizzy…

Critique : Le long-métrage d’Ildiko Enyedi peut paraître abscons aux premiers abords : sa durée proche des trois heures pourrait faire rebrousser chemin à une certaine audience qui n’aime pas accorder autant de temps quand il s’agit de drames historiques. Pourtant, il fallait bien ce temps pour pouvoir aborder ce couple dans ce qu’il a de plus romantique, tragique, beau et amer. Car, loin d’un classicisme d’apparence (malgré une élégance certaine dans sa mise en scène et sa photographie), « Story of my wife » va vers du romanesque franc tout en s’interrogeant dans son regard sur cette relation.

L’accentuation d’appartenance dans le titre amène déjà un indice dans la focalisation du récit : ici, c’est le point de vue de Jakob (superbe Gijs Nabber) que l’on adoptera. Dès l’arrivée dans son existence de Lizzy (tout aussi sublime Léa Seydoux), on pense s’attendre à quelque chose digne d’une de ces nombreuses romances que l’on connaît. Pourtant, il se débat tout au long du récit une certaine attente dans les relations de couple qui va permettre de mieux capter la nature tumultueuse de cette relation. Loin d’une certaine facilité d’ensemble, c’est la complexité de l’amour qui se dessine tout au long du film, déjouant dans son fond les attentes imposées par sa formalité mais également dans son rapport social.

C’est ainsi que ce « Story of my wife » trouve sa réussite : dans la facticité de l’accomplissement du couple pour mieux embraser la distance qui se fait et se défait entre ses deux protagonistes principaux. Cherchant à comprendre la réalité du couple, le long-métrage d’Ildiko Enyedi capte surtout les appréhensions du sentiment amoureux, la puissance de ses effets positifs et la nature dévastatrice de ses rechutes. En clair, loin d’être une belle coquille vide, ce film s’avère surtout un portrait historique aussi envoûtant qu’il est subtilement tragique, à l’instar de l’Amour en général…