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Marcel Duchamp

Marcel Duchamp
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Marcel Duchamp, du Nord de la France. Slameur et cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Enemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

Ecouter le Flow des autres pour ne plus avoir peur de l’eau !

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Flow De : Gints Zilbalodis Production : Dream Well Studio/Sacrebleu Productions/Take Five Productions Sortie salles : 30 octobre 2024

Et si en regardant l’autre, on arrivait à se mettre à sa place ?
Du genre entrer en empathie ?
Il faudrait peut-être commencer par savoir se regarder soi-même dans son petit miroir.
Pour connaitre ses besoins, apprendre à gérer ses émotions, à se connaitre.

Mais parfois, ce miroir est cassé.
Cassé de naissance, cassé par la vie, cassé par la société qui déborde de partout.
Le raz-de-marée, avec ces monstres préhistoriques de notre passé, de ceux qui agitent les eaux et noient notre présent.

A moins que ça ne soit une baleine ?

Mon passé est une baleine.

Et si on arrivait à communiquer les uns avec les autres ?
Pour atteindre les cimes de cette tour de Babel.
Si cet animé est intégralement sans dialogue, c’est peut-être pour dire que pour mieux se comprendre, il faut savoir se taire.
Pour mieux écouter l’autre,

Pour mieux comprendre entre les lignes du non verbal,
Prendre le temps d’entrer dans les nuances et les subtilités,
Pour que les paradoxes prennent sens.
Comme quand les chiens prennent le pouvoir en se retrouvant en majorité et en changeant l’équilibre du groupe, causant la volonté de départ chez le héron.
Un seul hêtre rentre dans la forêt et tout se reboise autrement…
En vrai, il y a des dialogues. Ca piaule, ça aboie, ça piopiote, ça glousse. Et dans toute cette cacophonie, on fait comment pour se comprendre ?

Orchestre cacophonique.

Parce que toutes ces petites disputes, toutes ces prises de bec deviennent parfois futiles quand une plus grande menace survient.
Quand un drame se produit, l’équilibre entre les proches autour prend soudain une autre dimension.
On se retrouve toutes et tous dans le même bateau,
Les problèmes qui étaient importants avant se transforment en « C’est pas grave ! ».
Et on se rend compte qu’en faire une Arche de Noë est tout simplement vital.

Le Moby Dick

Il y a ce passé – monstre préhistorique,
Ce Moby Dick qui fait peur sans que l’on ne sache qui il est vraiment, comment un Voldemort dont on tait le nom,
Et ce passé permet aussi parfois de remonter à la surface,
On se rend même compte que ce méchant a aussi ses blessures et qu’il peut aussi nager vers l’espoir d’un soleil qui se lève…
Parce qu’au final, peut-être que cette montée des eaux n’est qu’une chance pour s’envoler ?
Et si on la chérit, peut-être que Dame Nature sera la sauveuse, aux antipodes des spores-tueurs du Phénomènes de Shymalayan.
Revenir à notre instinct primaire, à notre connexion aux autres, à l’espace nu dans lequel on habite.
Et alors peut-être, le développement personnel mènera au développement collectif,
Et nous arriverons alors à nous regarder, ensemble, dans le miroir
Un miroir naturel
En forme de lac apaisé
Calme après le tsunami.

Anora : Call me by my name

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Cast members Mikey Madison, Yuriy Borisov and Mark Eydelshteyn pose during a photocall for the film "Anora" in competition at the 77th Cannes Film Festival in Cannes, France, May 22, 2024. REUTERS/Sarah Meyssonnier

Certains ont rebaptisé ce film « La Palme d’or ».
On ne parle plus de « Anora », on parle de son titre de noblesse.
Pour certains, c’est le gage d’un génie reconnu. Pour d’autres, c’est forcément pédant et surtout usurpé.
Et si on regardait ce film pour ce qu’il était et non pour l’image que l’on s’en fait ?

Car la vie est une histoire de choix, on le sait bien.
Il y en a même qui choisissent de se reprénommer.
Ne l’appelez pas Anora, appelez-la Ani.
Ne l’appelez pas Yvan, appelez-le Vanya.
Ani, c’est plus court, c’est plus raccourci. C’est moins riche, moins cortiqué, moins complexe.

C’est à quel moi qu’tu parles ?

Vanya, c’est Yvan qui cherche le sens, qui se met à l’envers (et contre tous). C’est dérangé, en bazar. Comme sa maison les lendemains de fête.
Il est en pleine quêquête d’identité.
Et si le but de la vie est de trouver qui on est, ce long-métrage met le focus sur une courte période où ces deux personnages vont partir vers un autre je, comme on agite ses doigts sur une manette de jeux vidéo. Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble vers l’écran de Call of duty.

Trop, c’est assez ?

C’est l’histoire d’un Russe qui vit un peu le rêve américain. Une société de tous les excès, de tous les abus. Dollars, drogues et lap dances.
C’est un jeu où tout le monde joue son rôle, une farce gigantesque.
On rit car finalement, tout ça n’est pas très sérieux.
Comme si chaque personnage savait que le Vrai monde, ce n’était pas ça.
Mais c’est plus simple de prendre des shots de pilules bleus plutôt que d’accepter un Morphéus qui nous ouvre les yeux.

Ani semble aimer Vanya sincèrement, au-delà du strass et des paillettes. Même si tout ça doit bien lui tourner la tête, comme prise à son propre piège dans ce manège des billets qui s’amoncellent.
A moins que toute cette énergie ne soit due à tout ce rejet qu’elle a de sa vie. Elle déteste tellement son quotidien de d’habitude qu’elle s’abandonne complètement à l’instant dans ce monde-échappatoire.
S’échapper ailleurs, avec un autre patronyme, comme ces artistes qui s’inventent des blazes pour s’enfuir loin d’eux-mêmes qu’ils n’aiment pas.

Fils de

Pour Vanya, on peut aussi débattre sur l’ambivalence. L’acteur joue si bien le côté tête à claque mais quand même attachant. Je croyais en sa sincérité, mais c’est sûrement mon côté fleur bleue. On peut se dire aussi qu’il aimait cette fille sur lequel il peut exercer son pouvoir.
Son pouvoir de fils de.
Car s’il change son prénom, il ne change pas son nom.
Il est un nom. Un nom que l’on peut googler.
Et même quand il avance avec son autre prénom, son nom le rappelle à la raison du plus fort.
Yvan deviendra sûrement aussi cynique que son daron.

A l’opposé du clinquant, du devant de la scène, il y a les personnages secondaires.
Les sous-fifres, les invisibles.
Par exemple, il y a Igor.
Et lui, il s’appelle toujours Igor. Même si la jeune fille si séduisante n’aime pas ce prénom.
Tout au long de cette cavalcade effrénée, il reste fidèle à sa ligne de conduite, à son je.
Même quand il se fait mordre, même quand ça ne se fait pas de dire que le p’tit con devrait s’excuser.
Il est comme ça Igor, il ne se prend pas pour un autre.
Et lui, il aime Anora, sincèrement. Pour ce qu’elle est.
Igor aime Anora.
Pas Ani.

L’Amouf ouf : Bien, c’est pas assez ?

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L’Amour ouf, c’est celui entre Jackie et Clotaire ?

Et si on se disait plutôt que l’Amour ouf, c’est celui que ressent Jeffrey pour Jackie ?

C’est plus ambigu, plus ambivalent : c’est beaucoup plus intéressant !

Il est dingue ce Vincent Lacoste dans la cabine téléphonique, ce vestige d’un autre temps.

Clairement et définitivement, il dépasse les bornes du tolérable, de la bienséance, du respect, etc etc.

Bien, c’est pas assez, c’est peut-être aussi ce que s’est dit Gilles Lellouche : tant qu’à réaliser un Amour ouf, il en faut plus, et plus encore.

Si Clotaire est le fruit d’une société qui le méprise, s’il est la conséquence violente à tant de conséquences contaminantes, peut-on avoir ce même genre de raisonnements pour Jeffrey même s’il n’est pas le héros de cette histoire ? Et si on se mettait à sa place ?

Bienvenue dans un article spin-off !

C’est quoi l’Amour ? Enième film qui apporte sa petite brique sur cette Tour qui ne s’en finira jamais de toucher les cimes du ciel.

Jeffrey rencontre Jackie, on peut se dire qu’il a le coup de foudre.

Il la voit dans le besoin sous la pluie, il lui court après, en voiture et à pied, il l’abrite sous sa veste.

C’est un golden boy, son taf doit être particulièrement important pour lui, mais ce qu’il ressent pour cette employée est au-dessus de tout ça.

Ils s’unissent, il lui offre strass et paillettes, c’est son mode de vie, son mood de pensées, son mode de fonctionnement.

Jackie semble contente, elle semble adhérer : c’est quand même super bien tout ça.

Mais bien, c’est pas assez ?

Est-ce qu’il le sent au fond de lui ce Beau Gosse de Jeffrey que le cœur de sa dulcinée n’est pas totalement là ?

Ce cœur qui bat dans ce chewing gum collé sur le mur de son adolescence, de son autre vie, de son autre elle, de son vrai elle.

Si au début de leur histoire, il a senti sa princesse tracassée, il s’est sûrement dit en bon prince charmant qu’il allait la sauver à la pointe de sa paye en la faisant grimper sur son rutilent destrier décapotable.

C’est bien ou c’est pas bien ? C’est ça l’Amour ou pas ?

Est-ce qu’il l’aime ? Sincèrement ? Purement ?

Quand il sent que l’amour de Jackie pour Clotaire était en prison et qu’il est désormais libéré, il fait semblant de ne pas comprendre.

Déni. Mais l’important c’est pas la chute…

Et ça, ça lui fout la Haine !

La faute à qui ?

Et elle dans tout ça ?

Il l’aime très fort, elle l’aime bien, tout au plus.

Pourquoi ne lui a-t-elle jamais parlé de son amour de jeunesse ? Son bandit de grand chemin qui a partagé le sien. Mensonge par omission.

Ca va aller, ça va aller, il est bien ce Jeffrey : il a tout pour lui faire oublier.

Le mec parfait… Un parfait caillou pour surfer sur l’océan de la vie : un mec qui ricoche toutes les cases !

Il l’aime de ouf, à sa façon.

Tout offrir à l’autre, tout donner, cultiver son soi parfait.

Tellement sincère par rapport à son mode de fonctionnement.

Même si on peut se demander s’il ne l’aime pas ainsi pour rattraper son manque d’amour pour lui-même.

Sur le coup de fil du rasoir

Et puis il y a ce coup de téléphone.

Ce coup, ces coups, à force d’avoir le cœur secoué…

Tout ce que Jeffrey lui offrait, c’était bien, mais ça n’était pas assez.

Ou ce n’était juste pas ça, pas ce qu’il fallait.

Ils s’étaient trompés, tous les deux,

Sur ce chemin tortueux qu’est l’Amour.

Joker 2 : le droit de réponse d’Harley Queen !

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Cher Marcel,

C’est facile de tout mettre sur mon dos, moi Harley Quinzel. Comme si j’étais une perverse narcissique et que toute cette folie du Joker était de ma faute. Je ne suis qu’une parmi tant d’autres. »

C’est par ces mots que pourraient commencer le droit de réponse d’Harley Queen à mon article de la semaine dernière.

Un film qui reste en tête, c’est sûrement l’une des définitions d’un bon film, non ?

Et une suite qui a sa propre identité et qui permet surtout d’avoir une nouvelle relecture du 1er opus, c’est sûrement l’une des définitions d’une bonne suite, non ?

« Folie à deux »

« Folie à deux », ça nous dit quoi sur ce « Joker » ?

C’est l’histoire d’Arthur qui est rejeté par la société et qui a du mal à y trouver sa place. Et qui finit par devenir quelqu’un en cédant aux injonctions de cette société. Les manifestants, le présentateur du talk show, les flics, et puis cette Harley Queen.

On peut dire que cette dernière est peu développée : c’est peut-être parce qu’elle incarne beaucoup plus qu’un simple personnage.

Le Joker est un personnage créé par celles et ceux qui s’insurgent contre cette société et qui ont enfin une tête d’affiche à suivre.

Si le Joker existe, tout devient possible.

La Grosse Pomme pourrie de Gotham

Puisque la Grosse Pomme de Gotham est gangrénée par tout ce que l’on voit de pourri dans le premier film, se dire qu’on y a introduit le ver devient salvateur. Un ver purificateur dans une pomme qui se désagrège.

Le Joker, une icône. Comme un Dieu nemesis.

Il n’y a pas de Batman, pas besoin : le héros, c’est lui.

Ca fait quand même beaucoup pour un seul homme, surtout quand ce dernier n’a pas vraiment la carrure, c’est-à-dire la solidité mentale pour devenir la rock star de la révolution sociale.

Pas étonnant qu’il finisse par se désister.

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, mais face aux grandes responsabilités, si on ne se sent pas assez solide, on finit par fuir.

C’est peut-être pour ça finalement qu’il y a tant de spectateurs qui n’aiment pas ce film : il n’est pas assez Joker. Logique : on en arrive à la conclusion qu’il n’y a pas de Joker.

Je joue mon Joker !

Ou alors, il y a une foultitude de jokers, et là, ça devient beaucoup plus intéressant. Monsieur Fleck a-t-il permis à toutes et à tous d’avoir un modèle à suivre. « Folie à deux », ça veut dire avoir le même symptôme…

Est-ce que Harley ne cherche pas à le côtoyer de près pour acquérir cette force de basculer du côté obscur de la Force ? Histoire de transformer sa batte de baseball en sabre laser !

Et si Joachin Phoenix chante plutôt mal, c’est normal : Arthur est un looser. Un mec pas drôle qui fait des blagues pas drôles, doublé d’un piètre chanteur.

Mais quand il chante, il s’invente tout un monde dans sa tête, et dans ce monde-là, la vie est bien plus colorée : la tragédie de la vie terne peut devenir une comédie musicale.

« Cher Marcel,

C’est pour toutes ces raisons qu’il est injuste de me faire porter le chapeau de la démence d’Arthur. Toute la société essaie de le manipuler, de le faire devenir quelqu’un d’autre que lui. On a tous besoin d’une idole, d’une icône au service de plus grandes causes. J’ai longtemps cru que Monsieur Fleck serait celui-là… »

Harley Quinn est-elle une perverse narcissique ?

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C’est l’histoire d’un pauvre gars, Arthur, qui a eu une enfance et une suite de vie compliquées. Humilié, chahuté, détesté : on a suivi son parcours dans le Joker, premier opus.

Descente aux enfers d’un sociopathe qui devient tueur à plusieurs victimes ?

Ou ascension d’un Héros, personnage charismatique qui s’érige contre la société à la con…currence ?

Celui qui rit à mauvais escient et qui fait des blagues pas drôles a (eu) son heure de gloire. Acclamé par tous les rejetés – et Dieu sait qu’il y en a tellement – enfin, il reçoit ce qui lui a toujours tant manqué.

Et dans cet univers tout sauf manichéen, il croise la route d’Harley.

Harley, coeur à vif

La musique adoucit les mœurs et la voix de la sirène charme notre naufragé égaré dès la première note.

Notre Arthur qui a eu si longtemps peur de son ombre se rend compte qu’en Joker, il est vraiment un mec trop cool. Sa schizophrénie s’émoustille et il peut laisser sa personnalité chantante prendre son contrôle.

Dans l’un des premiers musicals du film, on l’entend dire « je suis enfin tombé sur quelqu’un qui a besoin de moi ».

Ca le galvanise, le Joker se colorise et il s’imagine tant de choses. La belle se retrouve même dans sa cellule pour une partie de batte en l’air.

Finalement, on n’en sait peu sur cette Queen zélée. La reine avance masquée, elle ne se livre que très peu : elle montre juste à quel point elle est une groupie de ce Disaster Artist (allez voir ce film !).

The Disaster Artist

On en sait peu, et en même temps on connait cette histoire du point de vue subjectif d’Arthur…

On voit tous ces plans cinématographiques d’enfermement, là où Quinzel représente la porte vers la liberté.

Est-ce lui qui s’invente cette idylle, qui se fait une montagne (cette fameuse montagne…) des quelques petites marques d’intérêt que la Lady lui accorde ?

Est-ce elle qui se montre habile manipulatrice ? Une paumée bien plus structurée que lui et qui se donne du piment dans sa vie sans saveur en s’acoquinant de la vedette du moment ?

Le Joker ne sait plus à qui se vouer, lui qui avoue même avoir étouffé sa mère. Son avocate est-elle une alliée, ou fait-elle partie de cette terrible mascarade que la société a érigé contre lui ?

Qui est-il, entre celui qui doit répondre aux attentes de cette société qui ne lui accorde aucun rôle et celui qui a pris son destin et son flingue en main ?

Le Pantin d’Arlequin ?

Le Joker n’est-il que le pantin de son ombre ?

Harley n’est-elle que la projection de l’ombre d’Arthur ?

La marteau du maillet vient chercher la marionnette en joujou du moment. Elle le saccagera pour mieux lui dire que c’est trop tard, qu’elle est déjà passée à autre chose, dans cet escalier de la vie qui est plus ou moins pénible à gravir, en fonction des différentes chansons que l’on se met en tête ?

Et quand Arthur semble enfin prendre le contrôle sur sa vie en assumant les conséquences de ses actes, le destin reprend bien vite la main. La fête est finie.

Mais on le sait bien : le Joker, c’est lui, c’est l’autre, c’est moi, c’est toi : ça peut être n’importe qui…

Quand on s’invente un masque, le jour où on le retire, ça fait mal. A moins que ça ne soit l’inverse : c’est peut-être en Arthur que le Joker n’est plus lui-même…

Le Joker, c’est les autres, c’est eux qui l’ont créé.

Mais alors, l’Enfer, c’est qui ?

C’est elle, la belle Harley qui le pousse à l’être, pour son plaisir à elle. Il doit nourrir ses études en psychologie. Beau cas d’étude pour cette égocentrée qui cherche juste à s’amuser, plaisir narcissique dénoué d’empathie. Peu importe les conséquences chez son clown de victime : Harley Quinn est un vampire.

Ou alors, c’est lui qui s’invente tout ça, la Queen est une réalité fantasmée, comme toutes ces chansons qui tournent dans sa tête. Il est son propre bourreau, rattrapé par cette folie à deux entre son ombre et lui et qui fait de sa vie une tragédie musicale.

 

Dans le labyrinthe de Tim Burton

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On l’annonce d’emblée : cet article sera un beau bazar. Comme ce film.

Parce que ça ne doit pas être simple d’être dans la tête (et dans le cœur) de Tim Burton.

Il nous laisse entrer dans son labyrinthe, c’est sympa, mais le monsieur n’est pas du genre à ranger sa maison lorsqu’il a des invités.

Mais notre hôte a de l’humour. Et ça, c’est le principal.

Le rire, c’est universel, ça passe partout.

Rire, c’est la vie. Et même la mort peut être une comédie : sacrée philosophie.

Parce que…

La vie est un magasin de farces et attrapes.

La mort est un magasin de farces et attrapes.

La vie, la mort, c’est un peu comme si Halloween durait toute l’année : on se côtoie entre morts-vivants et fantômes revenants, entre zombies pas encore trop livides et momies pas encore bandelettées.

Comme un carnaval où tout le monde se côtoie, peu importe les mondes.

Tout le monde est déguisé, tout est un peu factice.

Burton, cinéaste de la réaimagination…

Comme il a peur de perdre des gens, il les dézingue facilement ?

Comme il a peur que les gens meurent, il fait côtoyer le monde d’ici et celui de l’au-delà ?

Résultat des courses : personne n’est assez important pour pouvoir se prendre au sérieux. Peu importe quel personnage on est, personne n’est à l’abri de tomber dans une trappe.

C’est une bonne raison pour ne pas s’attacher.

Surtout, ne pas s’attacher…

Belluci, l’égérie éternelle, qui entre dans cet univers à la Famille Adams en autokit agrafable et qui pourrait ressembler à un boss de fin dans un jeu vidéo.

Comment faire pour garder le père Deetz dans la saga, avec un acteur rattrapé par la justice ? Il suffit d’en faire un personnage sans tête, clin d’œil plein de malice.

Chez Tim Burton, tout part du visuel. Le dessin.

De la forme. Certains diront (beaucoup sur une certaine période de sa filmo) la forme au détriment du fond. Pour que les créatures prennent vie, il suffit parfois de tuer le scénario.

Après tout, la vie n’a pas de scénario.

Après tout, la mort n’a pas de scénario.

RIP the RIP

Le dessin qui se répète, qui se caricature.

Ou alors, une Œuvre qui se spirale en affinant son fil d’Ariane ?

Comme une pelote de laine qui se réinvente sans cesse sur le spectre de son passé.

Le cinéma de la ré-imagination.

La vie, c’est sûrement de toujours se réinventer, se réimaginer ?

Vivant ou mort le Tim Burton ? Il revient d’outre-tombe pour ce comeback gothique pop !

On se perd dans ce dédale aux dalles blanches et noires, entre les darks shadows et les lapins blancs. On plonge dans l’univers foutraque gothique de Beetlejuice comme Alice tombant dans le terrier.

Un sort ou la vie ? Pourquoi choisir ?

Dans ce carnaval des morts, on imagine Tim Burton dans chacun de ses personnages. On peut voir un peu de chacun de ses films dans telle ou telle image ou situation.

Il est comme Beetlejuice, il revient des enfers à la vie pour s’amuser, pour nous amuser.

La vie est une comédie.

La mort est une comédie.

Et si on se perd dans ce labyrinthe, on est bien content d’y rester… Parce qu’on y rigole bien !

Les bords du cadre du Tatami

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Le cadre c’est important. Au cinéma, comme à la vie.

Un cadre bien carré, des angles à l’équerre, des mesures à l’équitable.

C’est rassurant le cadre.

Rester dans le cadre, pour sa propre sécurité.

C’est contraignant le cadre.

En sortir, s’y faire projeter, et c’est l’élimination.

Comme sur le tatami.

Les règles sont claires, si tout le monde les respecte, on peut partager ces moments d’affrontement l’une contre l’autre ou chorégraphier nos corps ensemble en tout fair play.

Leïla est focus sur ce cadre, ce tatami où elle rêve de rejoindre son rêve.

Elle qui a tout donné dans le cadre de l’entrainement mis en place par Maryam.

Un cadre peut en cacher un autre.

Une entraineur (la langue française est beaucoup trop machiste) qui s’est heurtée à un autre cadre.

Celui du régime.

Pas ce régime par lequel s’ouvre le film et qui oblige Leïla à pédaler fissa pour perdre quelques centaines de grammes et ne pas être éliminée avant de pouvoir commencer.

Non, le régime politique. L’illustre, l’ancestral, l’intemporel.

Celui qui est et reste en noir et blanc. Celui qui a peur de perdre le contrôle s’il autorise les arcs-en-ciels.

« La frontière entre avoir des principes et être un sale con est parfois mince. »

Basique.

Sortir de ce cadre, c’est risqué, du genre au plus haut niveau du risque. Comme cette vidéo du père capturé. Comme ce qui doit arriver à la famille de Maryam quand elle ose prendre ses jambes à son courage. Un sort qui nous restera d’ailleurs hors-cadre. Ce qui est suggéré fait souvent encore plus d’effet.

Le régime ne peut plus encadrer Leïla. Dans les deux sens du terme. Et elle, elle ne peut plus se regarder dans le miroir.

On imagine ce film avec un cadre qui pourrait s’agrandir ou ce noir et blanc qui pourrait se colorer, mais non, ce n’est pas Xavier Dolan derrière la caméra.

La personnalité de Leïla se dévoile, à bout de souffle.

Elle choisit de choisir le cadre du tatami, et non celui du régime.

Show must begin.

Remontez le Fil(m) : défendre ou sauver ?

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La vie ne tient qu’à un fil.

L’avocat est censé défendre son client.

Il perd le fil et décide de le sauver.

Les frontières sont parfois ténues et surtout poreuses entre défendre et sauver.

Décide-t-il vraiment ?

C’est juste la suite de ce qui s’est passé quinze ans avant.

De fil en aiguille

L’Histoire suit son fil : il sauve l’autre pour se sauver lui-même des sutures de son jadis.

Un mélange entre altruisme et égocentrisme.

Aimer les autres pour s’aimer soi.

« On invente les gens qu’on aime », Eté 85 de François Ozon.

L’avocat invente son client pour venir se sauver.

Il a l’intime conviction que s’il sauve le futur de ce père de famille, il se sauvera de son erreur d’appréciation dans le passé.

Il sauve, il se sauve.

Il fuit en avant.

Il fuit tel un funambule et au forceps, il ne tombe pas.

Il fuit des autres, il fonce vers sa propre solitude.

Le sauveur s’esseule.

Le verdict tombera, quel qu’il soit.

Fil à beurre

Rester au stade du défendre, sans franchir le pas de passer au stade de sauver,

Ca permet de se protéger soi-même. Car même si le fil est tendu, il tient.

Il y a la vérité, et il y a la justice. (Comte de Monte Cristo ?!)

Il y a les faits, ou il n’y en pas.

Et il y a comment on les regarde. Même quand ils ne sont pas là.

Il s’agit de pouvoir se regarder dans le miroir.

Dans le fil de la vie, il y a des nœuds.

Le sauveur se doit d’être parfait, il est Zorro, mais en chevalier blanc.

Et sans masque, à visage découvert.

Ca permet au sauvé de se sentir respecté.

Mais ça crée une pression réciproque.

Pour une fois, le sauvé se sent respecté.

Le sauvé ne veut pas décevoir le sauveur : qu’en est-il de leur relation ?

Est-ce sain, est-ce simple, est-ce sainple ?

Est-ce que ça la magnifie, ou est-ce que ça la biaise ?

Ciné-fil

Tout est lié.

Tout est sur la corde raide.

Sur le fil du rasoir.

La vie ne tient qu’à un fil(m).

Après quoi il court Monsieur Aznavour ?

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Nos modèles sont des obsessionnels.

On l’envie le Charles ? Vraiment ?

On l’envie le Franck Sinatra français ? Really ?

Nous voici face à un biopic qui arrive à ne pas être une hagiographie tout en gardant toute la tendresse et l’admiration pour le biopiqué.

Piqué par quoi d’ailleurs ? Le travail, le talent, le besoin de créer, la dette familiale, le succès.

Parce que ouais, là où Freddy Mercury se shootait à tout type de shoots, le Charles, il se shoote au travail. « Personne ne peut lutter contre 17h30 de travail par jour. »

THE SHOW MUST GO ON !

Victime de son propre talent. Parce qu’il y a toujours un stylo qui traine pour écrire tous les mots qui courent dans sa tête et les mettre dans l’ordre que son cœur lui dicte.

Mais pourquoi tant besoin d’amour ? Mais pourquoi tant de haine ?

Avoir trop vu ses parents galérer entre pauvreté et racisme ?

Avoir grandi en côtoyant le show qui réchauffe les bars encore plus que l’alcool ?

Peut-on être heureux quand on est toujours insatisfait ?

« Il faut se souvenir d’où l’on vient et où l’on est. » disait son papa.

Mais surtout où on veut aller ? L’instant futur, au détriment de l’instant présent.

Quand on a eu les objectifs les plus hauts, mais qu’on les a tous atteints, on fait comment ? Fallait bien que ça arrive : à forcer de bosser, on coche toute sa to do list.

La malédiction du trop. Du trop talentueux, du trop travailleur, du trop successfull.

TOUJOURS PLUS

L’égo de l’artiste. Besoin de l’arroser, et quand il est trop touffu, comment peut-on encore l’arroser ?

L’art, ce vrai monde dans lequel on se réfugie (pas par choix ?), dans lequel on s’envole sans faire exprès (ou pas), même quand la mise en terre est tragique. Si le monde ne te convient pas, crée le tien, enfuis-toi en avant dans un autre.

Tu me fais tourner la tête… Son manège à lui, c’est de créer, créer, créer…

Course à l’armement…

Il s’arme, il s’arme, il s’arme… Mais pour faire la guerre à qui ?

Il court, il court, il court… Mais après quoi il court Monsieur Aznavour ?

Réussir ?

Dépendance à la scène,

Besoin des autres

S’égocentrer.

Pierre a su s’arrêter quand il avait tout ce qu’il lui fallait. Il en avait assez. Il a réussi à en avoir assez.

Charles ? Jamais.

« RALENTIR, C’EST MOURIR »

« Ralentir, c’est mourir » Vraiment ?

Si on veut mettre une réf de cinéphile, on peut dire que ce Charles, c’est Mickey Rourke dans The Wrestler.

Grand Corps Malade s’est-il construit à l’opposé (théorie de la roue de la réussite), lui qui arbore ces valeurs d’épanouissement familial ? Réussir à trouver l’équilibre entre ses passions, ses quêtes individuelles et sa famille, ses amis, ses repères.

L’artiste plus ou moins torturé qui trouve son équilibre.

Ou qui au contraire se déséquilibre encore plus dans le cercle vicieux, son manège à lui.

Nos modèles (les rocks stars, les sportifs, etc etc)sont des obsessionnels qui courent en rond après ils ne savent pas quoi.

A nous de ne prendre que le bon.

Ne garder que ce que l’on a envie.

Ne garder que le plaisir.

De savoir après quoi on court.

Le Roman de Jim : c’est quoi Aimer ?

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L’important c’est d’aimer. C’est quoi Aimer ?

La vie est une succession d’ellipses, le film aussi. La vie, le roman, ce qui fait que Jim (le fils) est Jim ne s’arrête jamais.

Celle d’Aymerick (son père, son « père », son parrain, son « parrain ») non plus, car on est tous le héros de notre histoire, et on a tous nos raisons, nos motivations. Même Florence (sa mère, sa « mère » ?).

L’important c’est d’être aimé.

L’amour inconditionnel, l’amour désintéressé, l’amour sans attendre en retour.

Faire un truc qui est mieux pour l’autre que pour soi.

Accepter que Christophe (son père, son « père » ?) s’installe à la maison. Parce que c’est mieux pour lui, parce que c’est mieux pour Florence. Et puis peut-être que c’est mieux pour Jim, maintenant, ou après quelques ellipses.

S’aimer sans ellipses

Accepter que la nouvelle famille parte de l’autre côté de l’Atlantique. Pour les mêmes raisons, et puis aussi parce qu’il ne peut pas faire autrement. Et puis parce que parfois on n’a pas le choix : soit on accepte/s’adapte, soit on se rebelle sûrement pour rien.

Accepter que ça ne soit pas le moment à Noël de venir offrir un chewing-gum qui décolore la langue, accepter que les ellipses s’espacent, que la fréquence du quotidien s’espace. Si c’est mieux pour Jim, ainsi soit-il.

Et l’amour propre, c’est quoi ? L’inverse ? Faire un truc qui est mieux pour soi que pour l’autre ?

Il faudrait donc trouver un juste milieu, un équilibre entre le tout pour soi et le tout pour l’autre.

Parfois, un contexte fait qu’il n’y a pas de place pour soi, ou que la place disponible marque un trop grand écart avec nos envies, nos besoins.

Florence fait des expériences, elle expérimente la vie.

La vie dérangée

La vie pas rangée, au contraire de Cécile qui vient vérifier chez son amie que quand on fait des choix pourris, on a une vie pourrie. Ca la rassure Cécile.

La double paternité, comme dans Trois hommes et un couffin (ou les Trois frères ?) mais version moins drôle.

Et si elle est revenue parler à Aymerick, c’était pour quoi ? Par pure perversité de le faire vraiment souffrir ? Pour soulager sa propre conscience ? Par honnêteté pure ? Pour qu’au moins Aymerick sache que Jim ne l’avait pas abandonné ?

Acte d’amour ou d’amour propre ?

A force de ne penser qu’à l’autre, comme on dit d’être trop gentil, Aymerick n’est qu’une pièce de monnaie qui passe de bourse en porte-feuille sans aucune prise sur un destin qui le fera tomber sur Olivia.

On se rend compte que si Aymerick avait osé s’aimer davantage, cela aurait permis à Jim de vivre avec un cœur qui bat à l’endroit. Plutôt que de devoir attendre ses 23 ans. C’est long quand même.

C’est c’qu’il y a d’plus beau…

La salle de cinéma rallume ses lumières. Le film se termine, pas la vie.

Vivement la prochaine ellipse.

Histoire de vérifier que s’aimer, c’est l’équilibre de faire des trucs qui font autant de bien à soi qu’à l’autre ?