« Avez-vous déjà rêvé d’être une meilleure version de vous-même ? »
Le film nous interroge ainsi, mais la vraie question pourrait plutôt être :

« Seriez-vous heureux.euse de rencontrer la meilleure version de vous-même ? »
Demi Moore a rencontré son autre demi… Et je ne suis pas sûr qu’elle soit super emballée !
Imagine, tu es toi, dans toute ta médiocrité : le temps qui passe, les possibilités de perfection qui s’affaissent, les ambitions au passé, les rides en bourrelets.
Les gens qui parlent de toi à l’imparfait.
Si l’imparfait est un temps du passé, ce n’est sûrement pas un hasard.
Et dans toutes tes imperfections, tu rencontres ton autre toi, mais en version parfaite.

Tu penses que ça matcherait ?

L’imparfait, temps du passé…

Après tout, qui se ressemble s’assemble.
« A l’intérieur, vous n’êtes tous les deux qu’une seule et même personne. »
La version plus parfaite est-elle une version plus sympathique ? Au regard du film, permettez-moi d’en douter…
Ou alors, il faudrait s’interroger sur ce qu’est être « meilleur », une « meilleure version de soi-même ».
Dans The Substance, on va parler encore et encore du corps.
La meilleure version de soi-même, c’est le corps jeune, le corps normé, le corps exhibé.
Le corps de la femme. Exposé à saturation, comme pour le rendre banal voire repoussant.
Tous les culs sont permis.
Injonction sociale du mangeur de crevettes qui exige d’elles tout ce que lui ne s’exige pas à lui-même.

En parler encore et en corps…

Le vrai problème entre les deux héroïnes, c’est leur absence de sororité. Elles sont censées être une, mais elles ne sont jamais en accord. D’un autre côté, elles ne sont jamais ensemble en même temps, métaphore ?
S’entendre avec une autre version de soi-même, ça pourrait être ça une définition de la sororité ? S’entraider quoiqu’il advienne ?
Une meilleure version de soi-même, ça pourrait-être une version de soi-même plus ouverte à l’autre, plus à même d’être dans l’entraide, l’échange, le partage ?
Plutôt que de tirer toute la couverture du temps à soi, quitte à empiéter sur l’autre ? N’est-ce pas, Sue ?

La surfemme

Dans les réponses du film, la meilleure version de soi-même, c’est la version qui se libère des conventions et des dogmes sociaux, celle qui ose être elle-même, même face aux regards de la société.
Notre meilleure version de nous-mêmes, c’est Monstro Elisasue.
Avec ce Barbie gore et bien plus que ça, Coralie Fargeat invente le concept de surfemme, à la manière de Nietzche.
« Dieu est mort. » disait l’Allemand.
La réalisatrice française prend sa Revenge sur la life et ose un « La Déesse est morte ».

Laissons le monstre qui est en nous sortir.
Quittons Gattaca.
Un monstre qui ne se montre pas sous son « beau » jour, qui ne s’exhibe pas dans sa superficialité. Se montrer tel que nous sommes.

Eloge de la médiocrité

Osons nos imperfections, idolâtrons notre médiocrité.
C’est cette version de nous-même qui sera la plus belle pour véritablement rencontrer l’autre.
Nettoyons notre shining ambition de finir sur Sunset Boulevard.

The Substance est un film où ça parle peu mais qui a beaucoup de … substance !
Un film pas bavard qui dit tellement de choses avec ses images, ne serait-ce pas la définition du cinéma ?


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