Pays : États-Unis
Année : 2012
Casting : Charlie Sheen, Eva Longoria, Hilary Duff,…
Genre : Animation dégueulasse, clichés de film noir
Durée : 1h27
Peut-on parler d’abomination numérique à propos de ce film ? Clairement…
Dans le monde secret des mascottes de marque vivants dans un supermarché, Dex Dogtective doit enquêter sur la disparition de son amoureuse, coïncidant avec l’arrivée de produits de la marque Brand X…
Si Pixar a fait des émules dans le domaine de l’animation numérique, il faut avouer que les concurrents n’ont pas nécessairement été au même niveau, dont le cas de ce Foodfight. L’histoire de sa conception joue déjà à la farce, le film ayant dû être retourné suite au vol des disques durs contenant le long-métrage entier. Une décennie de travail, 65 millions de dollars de budget, … Et au final, des animations indignes d’un travail étudiant fait sous consommation d’alcool à 2h du matin. Les personnages alternent entre rigidité robotique et mouvements abrupts aussi naturels que le jonglage de tronçonneuse à une main sur la glace. Il est impossible d’y croire sans le voir tant on est proche d’un enfer de CGI au budget proche du néant que de la production assez cossue. En comparaison, les films des studios Laika (Coraline, L’étrange pouvoir de Norman, Les Boxtrolls et Kubo et l’armure magique) ont coûté 5 millions de moins…
Le scénario semble par moments se diriger vers une critique d’une uniformisation des produits là où la multiplicité des marques permet une plus large offre aux consommateurs. Si l’idée n’est pas mauvaise et symbolisée par la reprise de certaines mascottes connues, l’histoire part trop dans tous les sens pour réellement aboutir à quoi que ce soit. Le film part dans la référence gratuite à Casablanca, que ce soit par certaines répliques ou la reprise de la lutte chantée en symbole de lutte pour la liberté, mais cela fait vain et incompréhensible pour un certain public (qui ferait mieux de revoir le chef d’œuvre de Michael Curtiz). En plus de tomber dans des gags vulgaires assez lamentables, « Foodfight » verse dans le sous-texte sexuel avec autant de subtilité que les blagues de Kev Adams, ce qui ne fait que rajouter de la gêne au visionnage…
On passera vite sur les clichés internationaux pour souligner le manque de cohérence de l’univers, instaurant d’abord une frontière entre les humains et les mascottes pour la détruire avec autant de rage que George Lucas face aux cassettes d’« Au temps de la guerre des étoiles ». Là où des films d’animation instaurent certains univers sans les sur-expliquer (coucou Kubo !), Foodfight est laborieux et semble n’avoir rien à faire de ce qu’il raconte. Si l’on reste toujours concentré sur la médiocrité de l’animation (sérieusement, c’est autant agréable que du tabasco dans les yeux), on peut imaginer que même un travail visuel plus fourni n’aurait pu aider à dissimuler le raté narratif du film. L’humour ne marche pas, les références tombent à l’eau et la cohérence des apparitions célèbres ressemble plus au clin d’œil facile (on aurait pu en profiter pour taper sur « Les mondes de Ralph », mais ce dernier avait au moins plus de cohérence dans ses « caméos ») qu’à la vraie réflexion inhérente à un univers riche à la « Ready Player One ».
Bref, que dire à propos de Foodfight ? Énorme échec dans tous les domaines qu’il tente de toucher, le film est d’une médiocrité sans nom. Néanmoins, si vous cherchez un nanar à regarder à plusieurs avec ce qu’il faut de bière et de pizza, cela amène plus de plaisir devant cet étron numérique. Sinon, un visionnage seul peut être considéré comme l’équivalent d’une séance de sadomasochisme cinématographique. On tire peut-être sur une ambulance déjà en flammes mais l’on ne rappellera jamais à quel point ce Foodfight s’inscrit au panthéon des pires films d’animation qui aient été créés. Et rien que ça, ça le rend légendaire…