Pays : États-Unis
Année : 1999
Casting : Jim Carrey, Paul Giamatti, Danny DeVito, Courtney Love, …

À l’occasion de la rétrospective Milos Forman à la Cinémathèque Française, Carlotta ressort en version restaurée « Man on the moon » dans les salles.

Le film suit une partie de l’existence du comédien Andy Kaufman, aussi bien les hauts que les bas d’un homme qui aura marqué le domaine de l’humour américain par sa personnalité hors du commun.

On a déjà abordé à de nombreuses reprises sur ce site le genre du biopic. En effet, c’est un style de films qui semble avoir été vu et revu, la faute à certains titres qui jouent la même orientation narrative avec souvent le même but : obtenir des récompenses distinguées. Et alors que cela aurait pu arriver encore une fois avec ce « Man on the moon », Milos Forman arrive à ne pas tomber dans la facilité. En effet, il aurait été insultant pour un personnage aussi particulier qu’Andy Kaufman que de lui offrir un film à l’impression de déjà-vu. Le metteur en scène décide donc de se rapprocher de l’être humain derrière l’humoriste avec un ton assez acerbe. On sent sa fascination pour la personnalité de Kaufman, mais jamais il ne tombe dans la représentation parfaite d’un être presque surhumain. En gardant un aspect terre à terre, Forman nous attache à cet homme qui cherchait juste à faire rire.

Jim Carrey livre dans le rôle titre une interprétation assez unique, comme Kaufman lui-même. Il prouve une nouvelle fois qu’il est plus qu’un simple comédien doué dans les imitations. Carrey se dévoile à nouveau comme un véritable acteur, sachant quand jouer de manière plus extravagante et quand freiner un peu pour donner quelque chose de plus sobre. Le reste du casting est du même acabit, bien que moins en avant de par la prestation d’un Carrey qui mériterait bien plus de reconnaissance en tant qu’artiste à part.

On sent également que Forman adresse par son film une critique assez acerbe d’un système médiatique toujours aussi formaté. Il est difficile en effet de pouvoir basculer tout ce qui relève de l’entertainment et d’offrir quelque chose de différent. Or, c’est par la diversité de choix que le public se crée et peut évoluer mentalement. Malheureusement, il est devenu plus dangereux économiquement d’offrir des productions distinctes de la masse (voir les recettes de certains films en dehors du système grand public, qu’il soit américain ou français). Les producteurs aiment régulièrement investir dans des « valeurs sûres », et l’originalité n’est pas quelque chose qui a su se prouver une base solide d’un point de vue financier.

Cette volonté de changer les bases du divertissement, cette quête d’alternative artistique, c’est ce qui asseoit définitivement « Man on the moon » comme une oeuvre toujours aussi forte actuellement qu’elle l’est émotionnellement. Qu’un biopic pareil arrive toujours à garder une place d’honneur dans un genre aussi codifié le rend tout autant indispensable que les artistes qui proposent des choses nouvelles. Car, qu’on l’apprécie ou non, c’est l’innovation qui nous permet d’avancer en tant qu’êtres humains…


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