Le Cinéma des Surréalistes est un ouvrage publié par Alain Joubert le 18 Mai 2018. Publié aux éditions Nadeau et long de 300 pages environ, ce livre tente de définir ce qui fait qu’un film peut être assimilé au mouvement des surréalistes. Bilan.
Qui est l’auteur ?
Alain Joubert est un auteur français né en 1936. Il rejoint le groupe des surréalistes en 1955, et y reste jusqu’à sa dissolution en 1969. Passionné de cinéma, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, publiés aux éditions Nadeau, comme Le Mouvement des surréalistes ou le fin mot de l’histoire en 2001, Une goutte d’éternité en 2007 ou encore La Clé est sur la porte, pour le Grand Surréalisme en 2016.
De quoi parle le livre ?
Alain Joubert tente dans cet ouvrage de définir ce qu’est, ou n’est pas, un film surréaliste. Il ouvre son étude en écrivant d’ailleurs qu’on ne peut pas parler de cinéma surréaliste, sauf pour quelques films (notamment ceux de Buñuel). Finalement, selon l’auteur, il n’y a pas de cinéma surréaliste, mais il faut plutôt parler de thèmes chers au surréalisme qui sont exploités dans des films. Ainsi, l’ouvrage se décompose en plusieurs chapitres, chacun développant un thème. Révolte, Merveilleux, Inconscient, sont ainsi développés au travers d’exemples cinématographiques précis.
Ca donne quoi?
Je ressors de cette lecture assez mitigé. D’un côté, l’on ne peut pas nier que cet ouvrage est très documenté. Alain Joubert, ayant directement pris part au mouvement surréaliste, sait de quoi il parle. Ainsi, les thèmes qu’il exploite ne sont pas choisis aux hasard, mais on une réelle cohérence avec le mouvement créé par André Breton. En plus d’aborder de nombreux thèmes, l’auteur illustre son propos avec de nombreux films. Cela a comme avantage de donner plus de crédit à la pensée de Joubert. Enfin, il propose à la fin de son ouvrage des « zooms » sur divers films, extraits ou réalisateurs.
Néanmoins, bien que très documenté, l’ouvrage n’a pas que des avantages. D’abord, il faut reconnaître une chose : oui, Joubert illustre son propos avec beaucoup de films. Mais n’est-ce pas trop ? Peut-on vraiment voir dans des films comme Gun Crazy de Joseph H. Lewitt ou Docteur Folamour de Stanley Kubrick une tendance surréaliste ? Un film traitant de révolte, de merveilleux ou d’humour noir est-il nécessairement inscrit dans la veine de ce mouvement ? Je ne pense pas, et cela m’a beaucoup dérangé lors de la lecture : il est en somme difficile d’adhérer complètement au propos de Joubert. De plus, autre point noir, l’auteur multiplie les exemples. Aborder des films pour illustrer son propos est une bonne chose. Mais ici, il utilise beaucoup trop de films, et ne développe pas vraiment ces exemples. Il laisse l’étude en surface pour se concentrer sur d’autres oeuvres : il aurait peut-être mieux valu utiliser moins d’exemples, mais les développer plus précisément, ce qui aurait donné autant, voire plus de crédit à son propos.
En somme, l’on ressort de ce livre avec un avis relativement mitigé. Si l’ouvrage offre un étude riche et documentée à propos des thèmes exploités par le mouvement surréaliste, tant dans les oeuvres cinématographiques qu’artistiques en général, il reste néanmoins trop vague. A utiliser beaucoup d’exemples pour donner plus de crédit à son propos, l’auteur n’aborde finalement qu’en surface l’intérêt que représentent certaines oeuvres, et fait d’un thème précis l’essence même de tout un film afin de rapprocher ce dernier de son propos.