Le cadre c’est important. Au cinéma, comme à la vie.

Un cadre bien carré, des angles à l’équerre, des mesures à l’équitable.

C’est rassurant le cadre.

Rester dans le cadre, pour sa propre sécurité.

C’est contraignant le cadre.

En sortir, s’y faire projeter, et c’est l’élimination.

Comme sur le tatami.

Les règles sont claires, si tout le monde les respecte, on peut partager ces moments d’affrontement l’une contre l’autre ou chorégraphier nos corps ensemble en tout fair play.

Leïla est focus sur ce cadre, ce tatami où elle rêve de rejoindre son rêve.

Elle qui a tout donné dans le cadre de l’entrainement mis en place par Maryam.

Un cadre peut en cacher un autre.

Une entraineur (la langue française est beaucoup trop machiste) qui s’est heurtée à un autre cadre.

Celui du régime.

Pas ce régime par lequel s’ouvre le film et qui oblige Leïla à pédaler fissa pour perdre quelques centaines de grammes et ne pas être éliminée avant de pouvoir commencer.

Non, le régime politique. L’illustre, l’ancestral, l’intemporel.

Celui qui est et reste en noir et blanc. Celui qui a peur de perdre le contrôle s’il autorise les arcs-en-ciels.

« La frontière entre avoir des principes et être un sale con est parfois mince. »

Basique.

Sortir de ce cadre, c’est risqué, du genre au plus haut niveau du risque. Comme cette vidéo du père capturé. Comme ce qui doit arriver à la famille de Maryam quand elle ose prendre ses jambes à son courage. Un sort qui nous restera d’ailleurs hors-cadre. Ce qui est suggéré fait souvent encore plus d’effet.

Le régime ne peut plus encadrer Leïla. Dans les deux sens du terme. Et elle, elle ne peut plus se regarder dans le miroir.

On imagine ce film avec un cadre qui pourrait s’agrandir ou ce noir et blanc qui pourrait se colorer, mais non, ce n’est pas Xavier Dolan derrière la caméra.

La personnalité de Leïla se dévoile, à bout de souffle.

Elle choisit de choisir le cadre du tatami, et non celui du régime.

Show must begin.


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Marcel Duchamp
Marcel Duchamp, du Nord de la France. Slameur et cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Enemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

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