Sortie : 5 avril 1989 en salle, le  22 août 2023 en blu-ray.
Durée : 2h05
Genre : Drame
De Ermanno Olmi
Avec Rutger Hauer, Anthony Quayle, Sandrine Dumas, Dominique Pinon, Sophie Segalen

 

 

Comment définir la spirale dramatique ? Je pense qu’il suffit de prendre pour exemple La Légende du Saint Buveur d’Ermanno Olmi. Un sans abris croise un vieux monsieur qui lui donne de l’argent pour qu’il puisse vivre dignement. C’est ainsi qu’il doit une dette en ayant pour obligation de rapporter l’argent à l’église Sainte Marie des Batignolles. Mais, malheureusement, Andreas Kartak va dépenser cet argent sans jamais réussir à le rembourser et en réellement profiter.

C’est ainsi qu’une boucle tragique se met en place, l’argent sert à aller au bar et boire un verre, et à chaque fois, comme une malédiction, il se retrouve en possession d’argent comme s’il avait une nouvelle chance qu’il ne pourra jamais honorer.

 

La force tragique du film se situe donc dans cette répétition qui relève quasiment du fantastique dans son expression. L’argent devient une véritable boite de pandore qui met à l’épreuve un être déjà en détresse. Rutger Hauer incarne une figure en détresse et prisonnière de la solitude. C’est donc là que se situe la grande force du métrage, il capture sans problème la difficulté pour le sans abris de sortir de sa propre solitude. Son incapacité de saisir sa chance qui lui est pourtant offerte dès le début, ce qui est assez inhabituel dans les schémas narratifs communs, témoigne d’une souffrance intérieure qui provient de la nature même du sans-abris. Il s’agit d’une mort sociale qui colle à la peau dont il est impossible de se défaire seul et malheureusement Andreas est face à son propre malheur.

Dans ce Paris de carte postale Andreas fait tâche, il est à côté et semble être possédé par cette malédiction du retour en arrière. A chaque fois qu’il récupère de l’argent il se dirige vers un bar afin de consommer de l’alcool et oublier sa promesse. Tel Sisyphe qui roule sa pierre, Andreas stagne et recommence constamment la même erreur. Le film ne le blâme pas et constate simplement que lorsque l’on est au ban de la société la possibilité de revenir vers elle est quasiment impossible.

La Légende du Saint Buveur est donc une œuvre magnifique qui maîtrise son sujet à merveille en plus de faire le choix de la sobriété pour exprimer une dramaturgie fine qui prend au cœur et touche l’âme.

Le film est édité par Carlotta en blu-ray


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