Sortie : 6 octobre 1976, 20 juin 2023 en blu-ray
Durée : 1h45
Genre : drame, thriller 
De Lewis John Carlino 
Avec Sarah Miles, Kris Kristofferson, Jonathan Kahn, Margo Cunningham, Earl Rhodes
Musique : Johnny Mandel

 

 

Les gamins, ces êtres innocents qui ne feraient pas de mal à une mouche. L’enfant est l’incarnation de la pureté, c’est impossible qu’il puisse être rongé par la violence aux yeux du monde.

Entacher la peinture de l’enfant roi et sage c’est prendre un risque. Le cinéma espagnol a tenté de construire une image violente de l’enfance avec Les Révoltés de l’An 2000, mais la jeunesse y conserve toutefois une forme de pureté bafouée par le monde des adultes qui s’en prend à elle et déclenche une révolution sanglante.

Dans Le Marin qui abandonna la mer de Lewis John Carlino, étonnante adaptation d’un roman de  Yukio Mishima, l’enfant devient le diable persécuteur. C’est une créature monstrueuse qui surgit des plaines ensoleillées afin d’assimiler l’adversaire. L’ennemi est une nouvelle fois l’adulte, la figure paternelle qui se manifeste à travers cet archétype du marin convoitant la mère.

Jonathan Osborne, 13 ans, vit seul avec sa mère, le père est absent. La mère semble souffrir de cette solitude au point de se jeter dans les bras de ce marin qui arrive dans leur petit village côtier.

C’est en cela que la première apparition du marin est très réussie avec cet immense bateau qui apparaît d’une manière bruyante et ébouriffante provoquant une stupeur et des émois chez la jeune veuve.

 

La fascination que provoque le viril marin gagne également l’enfant, il y perçoit une figure paternelle et fantaisiste qui semble apporter une forme de stabilité. Cette stabilité déplaît pourtant au groupe auquel participe l’enfant en secret. Un groupe d’enfant c’est pourtant innocent ?

Dans le cas du film s’en est tout le contraire. Celui qui dirige le groupe, une petite tête blonde arrogante et instruite, semble maîtriser les codes du pouvoir et de la domination. Il entraîne alors ses camarades dociles dans une spirale de violence qui conclura le film d’une manière assez cruelle.

Jonathan devient finalement jaloux lorsque le marin découvre ses désirs enfouis pendant une séquence qui provoque la gêne. Il choisit de se venger sous l’impulsion du chef, le véritable capitaine à bord, qui le pousse à reproduire une dissection faite auparavant sur un animal qui sera cette fois opérée sur le marin. C’est ainsi que le film se conclu sur cette image profondément terrifiante qui rappelle le style de Mishima, cruel et bouffé par les désirs les plus étranges.

 

 

Le Marin qui abandonna la mer est donc une agréable surprise tant ce film réussit avec brio à transposer le style de l’auteur qu’il adapte afin de le mélanger au contexte britannique de l’Angleterre thatchérienne. Les enfants représentent une forme de main divine qui condamne l’Idylle de la mère avec ce pauvre marin.

Le film est disponible en blu-ray depuis le 20 juin 2023 chez Carlotta, accompagné d’un bonus présenté par le critique et auteur Stéphane du Mesnildot « BAIN DE CRUAUTÉ (25 mn« 

 


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