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Manon Lefevre

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L’exposition Hyper Sensible du musée d’arts de Nantes

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Ecoutez elle respire !
« Kneeling », de Marc Sijan

Hyper exposée -Hyper visitée

Un bilan de l’expo plus que positif ! Bien qu’il fallait plus d’une heure de queue pour accéder au spectacle qu’offre la trentaine de sculptures. Avec 255 628 visiteurs le musée d’arts de Nantes bat son record de fréquentation. Et pour cause, Hyper sensible renvoie à nos sens et à ce qui nous rend profondément humain. Comme pour n’importe quel art, la sculpture, si elle subjugue, n’attend pas les mêmes émotions ni les mêmes interprétations ; ainsi l’art parle à chacun selon ses représentations et ses expériences. Or, si cette expo peut, comme tout art, susciter différentes réactions, elle ne laisse aucun sur le banc de touche. Non, elle touche ! A des degrés différents et des compréhensions variées, mais faut-il ici chercher à comprendre ? En aucun cas ! Il suffit juste de se balader et se laisser emporter. Et la magie, posée là, opère !

Les artistes hyperréalistes de l’exposition

Les pionniers :

Duane Hanson (1925, Alexandria, MN – 1996, Boca Raton, FL, États-Unis)

John DeAndrea (1941, né à Denver, vit à Loveland, CL, États-Unis)

Ont suivi :

Marc Sijan (1946, né en Serbie, vit à Milwaukee, WI, États-Unis)
Tip Toland (1950, née à Pottstown, PA, vit à Vaughn, WA, États-Unis)

Evan Penny (1953, né en Afrique du Sud, vit à Toronto, Canada)

Berlinde De Bruyckere (1964, née à Gand, Belgique)

Gilles Barbier (1965, né à Vanuatu, vit à Marseille)
Tony Matelli (1971, né à Chicago, vit à New York, États-Unis)
Sam Jinks (1973, né à Bendigo, vit à Melbourne, Australie)
Saana Murtti (1974, née et vit à Helsinki, Finlande)

La sculpture hyperréaliste

Née dans un mouvement artistique où l’abstraction battait son plein, dans les années 60, l’hyperréalisme fait son apparition aux États-Unis avec les pionniers : Duane Hanson et John DeAndrea, qui reviennent à un art figuratif en reprenant la technique du moulage par empreinte directement sur le modèle afin de proposer une sculpture proche de notre quotidien, les postures, les mouvements, les détails, les expressions, la précision, et donner un résultat hyperréaliste.

Pour parfaire cet effet réaliste, les matériaux traditionnels (les terres cuites, le plâtre et les bronzes) s’allient aux nouveaux matériaux plus synthétiques et font leur effet. Les moulures de résine, des fibres de verre, des silicones, des peintures, des vêtements et accessoires et même de véritables cheveux et poils qui troublent les spectateurs en proie à l’interrogation et la fascination. Qu’est-ce que le beau ? Ce que notre vue perçoit ? Ou la sublimation du réel ? Ici, la volonté est de mettre en exergue l’effet miroir : voilà ce que nous sommes et ce qui existe est beauté. Et effectivement, ces artistes nous invitent à observer une beauté sans filtre qui fait tant défaut dans nos sociétés actuelles. Il ne s’agit pas de magnifier mais de rendre hommage à notre authenticité et notre vulnérabilité qui nous rendent tellement humains et émouvants. La naissance comme la vieillesse sont représentées avec justesse et délicatesse, des étapes de la vie s’affichent et nous rappellent notre fragilité. C’est notre condition humaine qui s’exprime à travers la singularité de chacune de ces sculptures plus vraies que nature.

Hypersensible à l’hyperréalisme, non ?

 

Babies de Sam Jinks

Tous les sens sont en éveil, la représentation si fidèle du réel nous ramène au toucher, à l’odorat, aux sensations et l’envie irrépressible de protection. Créatures fragiles et palpables, l’illusion est troublante et notre empathie exacerbée.

Regardez ! Et vos souvenirs sont ravivés, vos émotions vous envahissent, vous vous sentez tellement proche que par égarement vous pourriez prendre ces nouveaux-nés ou cette femme dans vos bras. Le réalisme va jusque dans la posture, le grain de peau, les taches, les rides, les grains de beauté, la montre même qui nous rappelle tic-tac, le temps qui passe…

Le grain de peau réaliste est une invitation au toucher. Il est si efficace et présent, qu’à un mètre on le sent défiler sous la pulpe de nos doigts.

Une promenade sensible et poétique

Dès l’entrée dans le patio du musée d’arts, nous sommes accueillis par le HELLO (en langage des signes) du sculpteur français Gilles Barbier.

Approchez…plus près, encore plus près… tendez l’oreille…Vous entendez ? La foule en délire, les claquements de doigts, la révolte qui vient… les mains sont nervées, les ongles usés, les positions assurées et tellement sonores.

Continuons la visite, les personnages, tels des acteurs nous font face, nous tournent le dos, se cachent, se mettent à distance, leur émotion est palpable toujours, ils nous rappellent les nôtres. Toi aussi, hein, tu t’es senti ainsi, exténué, méditant, plongé dans tes pensées, plein de tristesse ou d’incompréhension ? On est dans l’intimité de ces êtres presque humains, presque…nous, lorsque nous nous retrouvons isolés et déconcertés par le monde extérieur.

On s’interroge : que lui arrive-t-il à cette femme ? Et cette jeune-fille, appuyée tête et bras contre le mur, est-elle en proie à la désolation ou joue-t-elle à cache-cache ? N’avez-vous pas envie d’aller vers elle ? De lui apporter le soutien dont elle semble avoir tant besoin. On est sur une multitude de séances de tournage, on y assiste et on construit notre propre scénario, nos propres dialogues.

De mauvaises herbes viennent se dresser sur le sol et ajoutent une touche véridique au spectacle quasi vivant qui se déroule sous nos yeux. On peut aisément faire le rapprochement de la prouesse technique de cet art sculptural figuratif avec les effets spéciaux, les maquillages empruntés et développés au cinéma ces dernières décennies qui rendent les décors et les personnages criants de réalisme.

Le regard nous défie ?

Attitude de Daniel Firman

 Es-tu différent de moi sans masque et sans atours ? Qui es-tu à nu ? Les sculptures se posent et nous questionnent. Sans apparat, je suis comme toi, sensible… Alors, le titre de l’exposition prend tout son sens.

La simplicité des corps s’affiche nue. Une nudité sans florilège à l’état brut avec un vague à l’âme dans le regard et l’expression du visage. Ces personnages sont touchés par la mélancolie et sont dans un état d’introspection. Face aux visiteurs, ils sont face à eux mêmes.

Camille d’Evan Penny

À travers le patio, nous poursuivons, et là, ce sont les visages époustouflants de vérité et leur intensité qui nous bousculent et nous bouleversent profondément. On ressent les pensées, la surprise, la lassitude, l’agacement, le désespoir jusque dans notre chair, jusque dans notre souffle. Le frisson est garanti et authentique. Le détail et la précision sont remarquables jusque dans les teintes des lèvres et l’effet d’humidité. On s’interroge sur l’art, sur la beauté et le monde réel.

Amber de John DeAndrea

Évocation, contemplation, communication

Plus nous observons ces sculptures, plus les suggestions et les parallèles sont vivaces. On se laisse porter voire transporter par les émotions évoquées. Plus on se laisse guider par elles, plus on s’introduit dans un tourbillon à la fois réel et onirique. C’est pure poésie ! Et c’est alors, par ce détour que l’on peut s’apercevoir qu’en retour, les sculptures immobiles s’animent quasi et on est saisi, elles nous observent aussi. Elles scrutent nos moindres détails et nous disent, si on les écoutent : tu es toi et tu es tout ça à la fois. L’insaisissable instant capturé par le regard et la technique de l’artiste. Alors, si on tend l’oreille, mais vraiment, on les entend ! Oui, elles nous parlent dans un murmure indéfinissable mais dévorant. On est subrepticement happé et envahi par une sensation unique : la matière a pris vie. Et si l’on s’interroge encore, perturbé peut-être par notre vision et notre appréhension du réel, il suffit de se fier à nos aux sens en émoi, ils vous diront que la réalité palpitante suggérée dépasse l’entendement humain et que notre perception de la vérité va souvent bien au delà de notre compréhension.

Mon coup de cœur

Je suis elle et tellement moi

Je suis ces plis, ce grain et ce repli

Je suis avec elle dans l’abîme

Recroquevillée et sublime

Elle est une autre moi

Je l’observe comme je suis

Petite et fragile dans la nudité

Vulnérable et mal assurée,

Ma peau est mon écrin

L’enveloppe qui me tient

Loin du tumulte de la vie

Proche de mon être qui

Se réfugie mais s’oublie

Se sauve sans un bruit

Se recentre dans la solitude

D’un instant de grâce fugace,

Sa douceur au bout des ongles

Me traverse comme une onde

Ses détails me bouleversent

Éveillent une infinie tendresse

Je suis elle et tellement moi

Elle est une autre moi.

 

Seated woman de Sam Jinks

 

Pour conclure

Je vous inviterais bien à vous y rendre sans plus attendre, or elle vient de s’achever. Si malheureusement, pour les non chanceux qui n’ont pu si rendre, l’exposition a pris fin le 3 septembre, nous espérons que l’engouement créé aura inspiré d’autres musées pour nous accueillir, vivre l’hyperréalisme et nous envoûter. Une expérience du sensible qui ne laisse personne de marbre.

Les Misérables de Ladj Ly, où la confrontation des caïds : Une trame de drame policier sur fond de satire sociale.

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Le film aux 4 Césars, dont le César du meilleur film 2020 a aussi été nominé pour l’Oscar du meilleur film étranger !

Au Panthéon des déviances au cœur du 93 de Clichy-Montfermeil, c’est dans un désordre où mafia, sectarisme, règlements de comptes, passé carcéral se côtoient que chacun essaie en vain de trouver sa place.

L’analyse Historico-philosophique

Les Misérables a fait couler beaucoup d’encre, dont la plume virtuose et avisée du célèbre poète, écrivain et dessinateur romantique Victor Hugo et de nombre de réalisateurs et scénaristes. Une référence littéraire et culturelle française ! Les Misérables de Ladj Ly, qui a grandit dans la cité des Bosquets à Montfermeil et a été condamné pour violences, relance en filigrane le bon vieux débat de la nature contre la culture. Faut-il que la nature soit réprésentée par l’inné et le biologique et la culture représentée par l’acquis (tout ce qui est relatif à l’apprentissage et l’environnement) et plus largement conditionnée par la société dans laquelle on évolue ?
Les Misérables fait référence, donc, à l’œuvre magistrale de Victor Hugo, dans laquelle il faut souligner le chant de Gavroche : « …Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau… » Gavroche, archétype du gamin de Paris, rejeté par sa famille Les Thénardier, vit dans la rue et est livré à lui-même. Il meurt à douze ans touché à plusieurs reprises par les balles qui finissent à le mettent à terre et le faire définitivement taire lors de l’insurrection républicaine à Paris en 1832.
Fort est de constater l’analogie entre Gavroche et Issa, petit délinquant, révolté car rejeté par sa propre famille ! Le garçon en colère se rebelle et tente d’exister en opérant quelques larcins.
Revenons alors à l’opposition ancestrale de la nature contre la culture débattue notamment par les philosophes du siècle des lumières (soit XVIIIème siècle), on en revient à Rousseau et Voltaire.
Pour Rousseau c’est incontestable « L’Homme est bon par nature, c’est la société qui le corrompt » et voit dans la naissance du droit de propriété la source de tous les maux et notamment l’exclusion sociale. Il préconise alors la démocratie et l’égalité devant la loi grâce à la mise en place d’un Contrat Social.
Nous pouvons nous interroger aujourd’hui, sur la valeur de la démocratie et ses possibilités d’effacer les différences sociales, qui au XXIème siècle engendre toujours des Misérables, mis aussi en lumières dans le film de Ladj Ly. Voltaire caustique et aristocrate défendait d’autres thèses. Anticlérical, il combat le catholicisme aveugle et le fanatisme en général qui sont des obstacles à la raison. Tous deux ennemis du despotisme et amis des libertés semblent mener le même combat. Mais contrairement à Rousseau, Voltaire qui travaille avec acharnement veut briller en société et fait l’éloge de la propriété. Pour Voltaire, la nature de l ‘Homme n’est pas si pure et l’éducation doit contribuer à le rendre meilleur.
Ces philosophes ont permis une réflexion sur la monarchie absolue de droit divin et l’éveil des esprits a notamment conduit à la Révolution Française.
Au XIXème siècle, Victor Hugo, à travers son œuvre Les Misérables, met en évidence les oubliés de la Révolution Française. Finalement, les idéaux des Lumières de gommer les différences sociales n’ont pas réellement aboutis. Le peuple et les petites gens n’ont pas bénéficié des changements politico-économiques. Victor Hugo ne cessera de dénoncer la misère, le travail des enfants et les conditions sociales désastreuses.
C’est l’intention de Ladj Ly qui en reprenant ce titre oh combien symbolique, dénonce à son tour une société qui crée de la misère en rejetant une partie de ses concitoyens ! Le message est puissant Les misérables sont autres mais toujours présents dans nos sociétés démocratiques. Au XXIème siècle, les problématiques soulevées par les philosophes des Lumières et par Victor Hugo sont toujours d’actualité, avec les particularités de chaque siècle et ses évolutions techniques, les misérables ont changé mais ils sont là.

Alors Nature ou Culture ?

Auquel cas nous ne l’aurions pas compris, Ladj Ly ne se contente pas de reprendre le titre célébrissime Les Misérables, mais site Hugo à la fin du film « Il n’y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs ! ». Nous retrouvons la dichotomie de la Nature contre la Culture et donnerait raison à Rousseau « l’Homme est bon par nature, c’est la société qui le corrompt » ou bien il nuance et évoque l’Homme ni bon, ni mauvais, mais sans environnement favorable et sans éducation bienveillante, il sombre dans les travers existants de l’âme humaine. Alors tout viendrait de la situation dans laquelle on se développe et l’éducation a ici un impact déterminant et essentiel ! Ces idées sont mises en lumière par les personnages qui se démènent et tentent désespérément de se trouver une place dans une société qui les lâche et les renvoie à leurs propres faiblesses. Les hommes luttent pour s’en sortir et pour s’en sortir, développent des stratagèmes qui exacerbent leurs côtés sombres.

Peinture sociale avec quelques bémols

Ce film est une photographie actuelle des rapports de force qui se jouent dans les quartiers. On peut souligner et c’est regrettable, les rôles féminins très secondaires. Tout se joue entre hommes. Ils font la loi, à coups de chantage, d’intimidation et de violence. Pour autant, nul est exemplaire, dans cette lutte de pouvoir, chacun se bat pour survire et chaque personnage est à la fois sombre et lumineux. Pour cela, ce film s’inscrit dans une tradition profondément française (en opposition à la culture américaine où le bien et la mal sont souvent incarnés et personnifiés) la « nature » (on y revient) de l’homme est ambiguë et les personnages nuancés nous émeuvent et semblent assez légitimes dans leur rôle réciproque. Malgré cette qualité, chaque rôle est bien définit, on distingue bien les trois rôles des policiers : le meneur borderline, l’effacé qui subit et finit par exploser et le justicier qui se veut moraliste. Ils semblent coincés dedans, mais le jeu des acteurs est exceptionnel et rondement mené. On croit en leur personnage ! Bravo !

Le scénario, brut de coffrage, mériterait cependant quelques améliorations. Cette fiction se veut peut être réaliste alors elle finit comme elle a commencé sans réelle couleur. Si elle pose des questions, elle n’apporte pas de solution et laisse entrevoir une similarité dans la continuité. Tel un documentaire, il y a une volonté de montrer à l’instant T, le quartier comme il est où chacun se débat avec le peu de moyens qu’il a pour se réaliser. Chaque personnage est campé dans son rôle et l’étiquette imposée par une société qui n’a d’autres propositions que de maintenir ce qui existe déjà sans que cela ne déborde trop. L’idée directrice, les références sont fortes mais un travail plus en profondeur, des subtilités et des personnages féminins forts manquent tout de même.

 

Le film et son intrigue

Après la coupe du monde de 2018, trois brigadiers de la BAC (dont un nouvel arrivé, effaré, est mis dans le bain sans ménagement) tentent de faire régner l’ordre dans cette banlieue quasi abandonnée du 93, en employant des méthodes d’intimidation, scabreuses et pas vraiment bienveillantes. Une scène en particulier donne le ton : la scène devant l’arrêt de bus. Chris, le chef d’équipe « la loi, c’est moi ! », aborde trois adolescentes avec brutalité, véhémence, vulgarité et une dose de harcèlement. Il finit par conclure qu’elles ne doivent pas toucher à la drogue. Il se justifie et se déculpabilise d’utiliser ces méthodes barbares en invoquant le bien des jeunes-filles.
Le personnage de Pento (nom attribué volontairement par Chris du fait de sa coiffure) qui est le nouvel arrivé dans cette équipe aux mœurs douteuses, met en exergue les méthodes très contestables de cette équipe de choc de la BAC. Son regard effaré en dit long sur son étonnement et tente à plusieurs reprises de dénoncer les manquements au respect et à la dignité de cette population déjà bien ébrouée par leur condition sociale. Tandis que Gwada, blasé, ne cesse de sourire et conduire ses coéquipiers.
Malgré le comportement déviant de Chris, le film a pour mérite de mettre en avant les difficultés de la police pour exercer son métier dans un contexte défavorable. Ils sont trois à patrouiller, doivent comprendre les codes, connaître les personnes influentes et respectées dans le quartier afin de s’infiltrer et recueillir informations et considérations. Ils créent un équilibre fragile, d’où leur attitude bien souvent ambivalente. Mais cet équilibre instable bascule lorsqu’un jeune de la cité vole un lionceau du cirque. Le risque est grand d’aller vers une confrontation guerrière voire meurtrière entre les habitants du quartier et les gitans. Afin d’éviter les pires affrontements, les trois policiers ont pour objectif de résoudre l’énigme et rendre le lionceau à son propriétaire. Ils remontent les pistes, traquent les réseaux sociaux et retrouvent rapidement le responsable qui n’est autre qu’Issa. Dans la rébellion, c’est le drame ! La bavure ! Le spectateur est tenu en haleine et reste figé ! La police, menée par Chris, pense davantage à sa réputation qu’à la vie du gamin. Pento, comme les spectateurs, est sous le choc !

Les jeunes du quartier sont quasi pris au piège dans ce microcosme qu’ils n’ont pas choisi et où ils se sentent condamnés sans réel espoir de sortie.
Issa, qui incarne le Gavroche des temps modernes, fait les quatre cents coups et se rebelle pour montrer qu’il existe et peut-être appeler à l’aide. Or ce n’est pas de l’aide qu’il va trouver mais de la violence et une extrême correction pour le remettre dans le droit chemin ? Sa lutte pour son identité serait-elle veine ? C’est ce que suggère Pento à Sassa, le tenant du Kebab, en soulignant que les émeutes de 2005 n‘ont ni donné lieu à de véritables remises en questions ni à des réformes. Tous les enfants du quartier se joignent à la rébellion d’Issa, à sa vengeance contre la police et les adultes influents de la cité, mais pour quelle issue ?

Une fin en queue de poisson ?

Dans une embuscade préméditée par les jeunes, le film atteint son paroxysme de violence et de haine pour finalement se terminer sur une éventuelle prise de conscience. En quoi cette escalade informe le spectateur d’une possibilité, d’un changement, d’une amélioration ? Cette fin laisse perplexe et suggère qu’aucune mesure ne sera prise, le seul remède est de continuer de vivre ainsi dans un équilibre fragile où chaque protagoniste doit agir avec assez de sagesse pour ne pas dépasser les limites et apaiser les tensions. La question sous-jacente qui reste alors se tourne vers l’éducation et ce qu’elle a offrir et à proposer. Car nulle situation n’a de solution. Et l’on voit à quel point en 2020 beaucoup reste à faire !

Miyazaki, Où le divertissement absolu

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40 ans de Hayao Miyazaki, un univers fantastique, fantaisiste, onirique sous une trame philosophique et profondément poétique.

Qui est Hayao Miyazaki ?

Né le 5 janvier 1941 à Tokyo, Hayao Miyazaki a connu l’évolution extraordinaire de la société et de l’économie du Japon et la transformation du monde du XXème siècle et du début du XXIème siècle, avec ses conflits, sa société de consommation et le développement du divertissement. Enfant sage, il est marqué par sa relation fusionnelle avec sa mère malade, à la fois femme forte, maternelle et affaiblie par la tuberculose. Cette relation est certainement à l’origine de nombre de ses personnages féminins à travers les âges, des personnages passionnés, animés par une volonté de justice et déterminés à insuffler un message d’envergure et de sagesse. Ses personnages cheminent d’étape en étape vers un monde plus juste et plus beau. A travers leurs aventures, parcours initiatiques, ils se découvrent, découvrent le monde et tentent d’évoluer pour donner la meilleure version d’eux-mêmes et pourquoi pas éveiller les esprits vers un monde meilleur. Ces péripéties s’accompagnent souvent de découvertes humaines sur fond romantique. L’environnement et l’écologie sont aussi des thèmes récurrents et parfois centraux.
Hayao est dans la première moitié de sa vie dessinateur et animateur inspiré par les mangas japonais, les films d’animation et séries télévisées pour lesquels il travaille. Sa rencontre avec Isao Takahata qui travaille sur le projet du film Horus, prince du Soleil, va être déterminante. Il lui voue une admiration sans borne. Il travaille aussi sur plusieurs projets d’animation avec sa femme Akemi Ota. Pour trouver l’inspiration de ses divers projets d’animation Hayao voyage beaucoup en Europe et en Amérique Latine. Puis c’est la rencontre avec le reporter Toshio Suzuki qui va marquer sa vie. En 1979, après la sortie de son premier film Le château de Cagliostro, Miyazaki et Suzuki se rencontrent. Suzuki lui demande de travailler sur la conception d’un manga, c’est la naissance de Nausicaä qui sera publié dans Animage. En 1984, l’adaptation cinématographique de Nausicaä est couronnée d’un franc succès ! C’est le démarrage d’une nouvelle aventure pour Miyazaki qui ne souhaite se consacrer désormais qu’aux longs métrages ! La mort de sa mère va l’atteindre profondément, à travers les différents personnages de ses films, il ne cessera de lui rendre hommage.

Le studio Ghibli

L’avatar (ou logo) du Studio Ghibli n’est autre que le personnage de Totoro, la célèbre créature de l’excellent film « doudou » Mon voisin Totoro sorti en 1988.
En 1985, Hayao Miyazaki et Isao Takahata s’associent pour fonder le studio Ghibli afin de produire des courts et des longs-métrages d’animation.
Miyazaki devient alors à la fois dessinateur, réalisateur, producteur et participe à la création et au lancement de nombreux films d’animation en collaboration avec d’autres auteurs plus jeunes dont son fils Goro, il favorise leur insertion. Le studio Ghibli va être à l’origine de nombre de films d’animation à succès et va jouer un rôle prépondérant et déterminant dans le monde de l’animation avec une touche très « personnelle » et poétique l’incontournable Si tu tends l’oreille, ne peut être que sité par son sens remarquable de la rhétorique.
Plusieurs rumeurs autour de sa retraite ont circulé, mais Miyazaki est toujours en place, toujours des idées et des projets en fusion, même s’il se plaint souvent de son grand âge et de la fatigue qui se fait de plus en plus ressentir.

Son Punchline :

« La vie n’a de sens que si on se sent utile ! Divertir. Si je divertis les gens, je me sens utile. »

Messages de Miyazaki

Passionné, il est ardemment à sa tâche, à sa mission de divertir encore et encore sans relâche ! Hayao Miyazaki se considère comme un esclave du cinéma.
La réalisation d’un film d’animation prend plusieurs mois souvent plusieurs années parfois cinq. L’idée de base est l’essence du film, elle peut être dans une première ébauche, un dessin qui sera le fil conducteur de l’œuvre. Et oui, on parle à ce niveau d’exécution d’ « Œuvre » car les films animés réalisés par Miyazaki ont tout du « grand » art. L’expression des personnages donne le ton. Ils incarnent un temps, un moment et particulièrement une idée directrice. Le sens du beau n’est jamais négligé, les détails sont élaborés avec soin, revus et corrigés pour qu’ils transmettent l’exactitude de l’œuvre. Et ainsi chaque scène peut prendre vie. Le mouvement est travaillé et retravaillé pour atteindre une perfection et donner une ampleur, une impression, une émotion…
Les couleurs sont choisies avec rigueur comme le vert avec toutes ses nuances et dégradés. Les paysages magnifiés sont très présents et témoignent de l’attachement de Miyazaki pour l’environnement. Chaque film est une ode et colporte un message dédié aux spectateurs, chaque scène est une combinaison de messages et d’interrogations sur notre société. Il s’inspire autant du folklore traditionnel japonais (Dieux, légendes, culture orale…) que de l’histoire (les guerres, les conflits, les mouvements de population, l’évolution économique du Japon, les séismes, les maisons closes…) et de la société actuelle notamment les dérives de la société de consommation souvent critiquée pour son impact néfaste sur l’environnement.

Miyazaki et le travail

Le travail de Miyazaki est un travail profond, intense et dans un premier temps plutôt solitaire. Il souffre longuement de son idée qui se façonne, se peaufine. Un premier dessin lance le processus. L’inspiration jaillit de ce dessin. Elle est là et booste l’imagination. L’idée générale du film est née et doit encore murir. Le murissement est long et pénible. Il met Miyazaki dans un état de réflexion et le tourmente, le fatigue. Des pauses, des intervalles sont nécessaires et plus ou moins longs. Ces pauses sont des moments singuliers mais obligatoires. Il croque puis jette des croquis, non satisfait… « ça ne va pas ! ». Il passe la main dans ses cheveux et se prend littéralement la tête. Et recommence. La naissance d’un film d’animation émerge dans ses tentatives et ces moments de latence réflexive. C’est intense et éprouvant. L’acte de création est éreintant. Il exécute des mouvements de gymnastique pour se détendre, se fait parfois masser et fume cigarettes sur cigarettes.
Miyazaki regarde son environnement, le filme parfois pour en apercevoir les moindres détails et contours. Il s’inspire des couleurs du ciel et des musiques de création pour ses films ou encore écoute Wagner qui lui donne du souffle. Mais au fond tout est là ! Tout est déjà présent dans ce premier jet et dans son cerveau d’artiste. Il lui suffit juste du temps pour ordonner ses idées et laisser cours à ce qui doit être, afin que les messages prennent enfin vie au bout de sa mine. C’est l’étape fastidieuse mais oh combien cruciale ! Puis il laisse courir son crayon sur la feuille, dessine des lignes simples, des courbes, travaille avec acharnement sur des planches. Il s’essaye aussi aux pastels, à différentes techniques. Les passages de l’idée au dessin sont souvent un supplice, « une corvée » qui lui est assignée mais il n’a pas le choix, c’est ici que réside le sens de sa vie ! Il sent ses limites qui lui donnent un sentiment diffus de frustration. « ça prend du temps de créer ! » Dans son perfectionnisme, dans son souci du détail, pour ne pas dire son obsession, il désire rendre hommage à la beauté car pour lui le monde est beau comme toujours.
Cette créativité le met dans un grand état de stress, le film est là tout bouillonnant, toujours enfermé et enfin le déroulement… il se dénoue. Alors les scènes se libèrent sous sa main avisée. Le travail s’accélère. Les planches se succèdent et voici les story-boards apparaître. Il peut enfin partager à son ami le producteur Toshio Suzuki le scénario du film ainsi qu’à toute l’équipe du studio Ghibli.
Une équipe de plus de trois cents animateurs compose le studio. Elle planche sur le film, parfois une scène de cinq secondes peut prendre des mois de travail. Miyazaki est toujours à l’œuvre, il suit la progression et prodigue ses conseils à chaque instant.
Autre moment de stress intense, une étape décisive : la sortie en salle. Verdict ? Pas trop difficile à imaginer. Chaque sortie de film d’Hayao Miyazaki est célébrée par un franc succès. Les heures de travail acharné sont toujours récompensées. Mais l’anxiété qui précède est toujours palpable et Miyazaki ressent un grand besoin de s’isoler pour se ressourcer avant le grand jour !

A qui s’adresse Miyazaki ?

Son envie de divertir est vraisemblablement destinée en premier lieu à un jeune public. Son objectif est principalement de divertir les enfants et peut être de leur ouvrir le champ des possibles vers un monde meilleur. Pour autant, Miyazaki s’adresse également à travers les divers messages véhiculés dans ses films à un public d’adultes qui peuvent intercepter la subtilité de certaines scènes moins accessibles aux plus jeunes. On notera Mon voisin Totoro et Ponyo comme destinés plus particulièrement à un jeune public tandis que Princesse Mononoké et Le vent se lève s’adressent à un public plus averti. Encore que, chaque film comporte des subtilités qui peuvent être interprétées et renvoyer à différents niveaux de pensée. La palette du public est comme une palette de couleurs très large et accessible où chacun à chaque âge sortira émerveillé et aura passé un excellent moment !

Liste des films à voir et à revoir entre amis ou en famille :

Important de noter qu’Hayao Miyazaki a participé à la conception de nombreux films d’animation tour à tour dessinateur, réalisateur, scénariste, producteur pour ses films les plus connus il a endossé tous les rôles. Souvent, même lorsqu’il n’est pas le réalisateur officiel d’un film du Studio Ghibli, il prodigue ses conseils plus ou moins directement afin que celui-ci soit de bonne envergure et qu’il puisse aller jusqu’au bout du processus. Il a acquis avec son expérience un œil affuté sur la touche qui touche le public. Il sait d’emblée ce qui donne une âme aux personnages, ce qui commercialement fera un succès ou un flop. Ainsi avec l’appui de son ami et producteur Suzuki, il a guidé son fils dans la réalisation de La Colline aux Coquelicots pour que ce projet puisse voir le jour.

Films notoires dans lesquels Miyazaki est à la fois : dessinateur, réalisateur, producteur :

1979 : Le Château de Cagliostro
1984 : Nausicaä de la vallée du vent
1986 : Le Château dans le ciel

1988 : Mon voisin Totoro

1989 : Kiki la petite sorcière
1992 : Porco Rosso
1997 : Princesse Mononoké
2001 : Le Voyage de Chihiro

2004 : Le Château ambulant
2008 : Ponyo sur la falaise
2013 : Le vent se lève
2020 : Comment vivez-vous ?

Quels films voir en priorité ?

Que dire sinon que chaque film est une œuvre d’art dans lequel Miyazaki montre une facette unique et toujours différente de son talent. Chaque œuvre révèle un peu plus son génie et n’est aucunement répétitive ni dans les thèmes abordés, ni dans les scénarios proposés qui font toujours preuve d’originalité. Pour donner une cohérence à son œuvre, Miyazaki fait des clins d’œil aux films précédents en intégrant de petits personnages déjà présents comme par exemple les noireaudes présentes dans Mon voisin Totoro et que l’on peut retrouver dans Le voyage de Chihiro .
Pourtant quelques œuvres semblent incontournables si l’on souhaite s’imprégner de l’univers de Miyazaki. Trois films sont absolument à voir : Mon voisin Totoro, Le Château dans le ciel, Le voyage de Chihiro.

La relève

Hayao Miyazaki a permis à de nombreux artistes de pouvoir s’exprimer et se lancer avec l’appui du Studio Ghibli. Ainsi Son fils Goro qui avait fait des études d’aménagement paysagé et urbain a été sollicité par Toshio Suzuki pour la conception du Musée Ghibli en 1998. Goro ne voulant pas marcher dans les traces de son père et ayant avec Hayao une relation assez conflictuelle refuse plusieurs projets d’animation jusqu’en 2005 où Suzuki le persuade de réaliser quelques planches et des storyboards pour le film Les contes Terremer. Goro Miyazaki accepte et Suzuki lui confie même la réalisation et la direction du film. Les tensions père /fils sont palpables. Hayao conscient d’avoir délaissé l’éducation de son fils pour mener à bien ses projets ressent certainement une grande culpabilité. Par ailleurs, le père sait combien ce travail est chronophage et demande une implication extrême, l’attente du père et ses exigences font peser sur Goro une pression énorme. Hayao est présent dans le Studio tout en restant en retrait, Goro veut faire à son idée et se détacher du modèle paternel. Pourtant celui-ci lui soumet le conseil de ne pas faire un film basé sur ses émotions. Etre enfant de génie, c’est grandir dans un environnement inspirant et moteur mais c’est à double tranchant et peut certainement couper les ailes et la motivation. L’exigence d’un parent hors-norme est souvent tellement forte qu’elle ne permet pas à l’enfant de s’épanouir. Il faut un caractère bien trempé pour ne pas rester dans l’ombre. De plus le parent est parfois encore plus exigeant envers son enfant qu’envers lui-même et a surement peur que l’élève dépasse le maître et qu’il se fasse évincer par sa progéniture. A la Sortie de Contes Terremer en 2006, Hayao Miyazaki reste très critique vis à vis de son fils et ne croit pas encore en son succès dans le domaine du film d’animation. Pour Hayao, Goro doit prendre de la maturité. Pourtant face au succès indéniable de La colline aux Coquelicots en 2011, Hayao ne peut que féliciter la réussite de son fils et se dire que la relève est belle et bien assurée. On leur souhaite à tous deux de continuer main dans la main et de nous divertir encore longtemps !

Conclusion : Les gens doivent vivre pleinement leur vie. Il faut vivre avec et de toutes ses forces, selon tout ce qu’on est capable de supporter, selon l’époque à laquelle on vit !