Date de sortie 12 juillet 2000 (1h 38min)
De James Wong
Avec Devon Sawa, Ali Larter, Kerr Smith, Kristen Cloke, Seann William Scott, Tony Todd
Genres Fantastique,...
Date de sortie 06/03/2023
Titre original Silo
Genre Science-fiction
Avec Rebecca Ferguson, Tim Robbins, Rashida Jones, David Oyelowo, Common, Harriet Walter, Avi Nash, Chinaza Uche, Rick Gomez...
Les nouveaux films en avril
Banger (2 avril)
Notre monde à refaire (9 avril)
Frozen Hot Boys (10 avril)
iHostage (18 avril)
Stranger Things The First Shadow – Broadway...
Date de sortie 06/11/2024
Durée (01:44)
Titre original Here
Genre Drame
Avec Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany, Kelly Reilly
Réalisé par Robert Zemeckis
Nationalité États-Unis
Musique Alan Silvestri
Synopsis
Une odyssée à...
Date de sortie 02/04/2025
Durée(01:41)
Titre original A Minecraft Movie
Genre Aventure
Avec Jason Momoa, Jack Black, Sebastian Eugene Hansen, Danielle Brooks, Emma Myers, Jennifer Coolidge, Rachel House,...
Date de sortie 12 juillet 2000 (1h 38min)
De James Wong
Avec Devon Sawa, Ali Larter, Kerr Smith, Kristen Cloke, Seann William Scott, Tony Todd
Genres Fantastique,...
Date de sortie 06/03/2023
Titre original Silo
Genre Science-fiction
Avec Rebecca Ferguson, Tim Robbins, Rashida Jones, David Oyelowo, Common, Harriet Walter, Avi Nash, Chinaza Uche, Rick Gomez...
Les nouveaux films en avril
Banger (2 avril)
Notre monde à refaire (9 avril)
Frozen Hot Boys (10 avril)
iHostage (18 avril)
Stranger Things The First Shadow – Broadway...
Date de sortie 06/11/2024
Durée (01:44)
Titre original Here
Genre Drame
Avec Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany, Kelly Reilly
Réalisé par Robert Zemeckis
Nationalité États-Unis
Musique Alan Silvestri
Synopsis
Une odyssée à...
Date de sortie 02/04/2025
Durée(01:41)
Titre original A Minecraft Movie
Genre Aventure
Avec Jason Momoa, Jack Black, Sebastian Eugene Hansen, Danielle Brooks, Emma Myers, Jennifer Coolidge, Rachel House,...
Marcel Duchamp, du Nord de la France. Slameur et cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Enemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...
Road movie américain sorti le 8 février 2017 (durée : 2h43) réalisé par Andrea Arnold
Avec Sasha Lane et Shia LaBeouf
Prix du Jury du dernier festival de Cannes, American Honey nous emmène explorer une Amérique aussi scintillante que crasseuse. Road trip empreint de poésie, Andrea Arnold laisse s’exprimer ses protagonistes avec grâce et liberté, loin des strass et paillettes de La La Land.
Des personnages attachants
Fort d’un casting sauvage très réussi et consacrant onze acteurs novices sur les quinze membres de cette joyeuse troupe, American Honey retrace le périple de Star (premier rôle d’une Sasha Lane qui crève l’écran) sillonnant les routes américaines pour fuir sa piètre condition en vendant des magazines peu convaincants. Mais elle peut heureusement compter sur un Shia LaBeouf très juste dans la peau de Jake, à la fois tête brûlée, sensible aux charmes de la nouvelle mais aussi sous le joug de la patronne Krystal.
La fraîcheur des moments en groupe ou plus intimes vient récompenser la part belle laissée à l’improvisation. Les vannes fusent, l’énergie ne faiblit pas malgré la longueur du film, dans une succession de scènes cohérentes et non répétitives. L’héroïne se cherche avec force et fragilité, passe par différentes routes et divers sentiments. Elle avance, recule, piétine, court, hésite…
L’Amérique entre crasse et grâce
Filmé en 4/3 et la quasi-totalité du temps en lumière naturelle, American Honey propose une magnifique photographie. On prend plaisir à s’installer dans le van au milieu de ces laissés pour compte et à arpenter un mid west à la fois sauvage et habité par une faune pas toujours recommandable.
Durant les 2 heures 43 (rassurez-vous : le temps passe très vite !), nous ferons de nombreuses rencontres dans cette Amérique où une jeune chrétienne prie Dieu alors qu’elle semble contrôlée par le Diable, où les vieux cowboys charment les midinettes à coup d’alcool, de ver et de viande grillée, où ceux qui récupèrent le pétrole achètent leurs bas fantasmes avec quelques billets. Une Amérique où l’on se prend pour Spiderman même dans une benne à ordures, où l’on se questionne sur un Dark Vador aussi squelettique que réel.
Cette dualité entre crasse et grâce prend tout son sens lors de la scène où Star fait pipi devant tout le monde en admirant les sublimes canyons, symbole d’une jeunesse engluée dans un quotidien peu reluisant mais toujours empreint de rêves et de libertés.
Une poésie sublimée par une bande-son fascinante
Les chansons s’enchainent, entre rap, country et folklore américain, donnant du rythme et du sens aux images et aux situations. La bande-son est remarquable, tant par sa qualité (« Beginning of everything ») que par sa quantité et c’est avec un vrai plaisir que l’on réécoute les différents morceaux une fois le film terminé.
Ces considérations sonores viennent renforcer cette poésie moderne constante du début à la fin, à l’image d’une conclusion magique (attention spoilers !). Au début, l’héroïne se prend pour un oiseau plein d’espoirs, avant de devoir redescendre de plusieurs crans (symboliser par les fils électriques)… Au point de se transformer en insectes, ces viles créatures qui semblent partager le même quotidien que tous ces marginaux, cherchant tous à survivre tant bien que mal. Star apprend beaucoup de ce voyage initiatique qui la fait évoluer au cœur de cette Amérique sucrée. Pense-t-elle qu’elle a enfin trouvé un milieu propice à son épanouissement, comme cette tortue plongeant dans l’eau ? A moins qu’elle ne cherche à se suicider pour fuir cette vie nauséabonde ? Ce milieu, ce système va-t-elle l’accepter ? Est-elle prête pour ça, à l’image de sa relation compliquée avec Jake ? En tout cas, elle finit par ressortir essoufflée de cette apnée improvisée… avant de voir une luciole illuminée s’envoler vers les sommets…
Vous l’aurez compris, American Honey est un vrai coup de cœur, tant sur le fond que sur la forme. En espérant vite revoir Sasha Lane dans un autre film !
Drame franco-belge réalisé par Lucas Belvaux sorti le 22 février 2017 (1h58)
Avec Emilie Dequenne, André Dussolier, Guillaume Gouix
Après « Le ciel attendra » sorti il y a quelques mois, voici une nouvelle exploration politique de notre société. Mais cette fois-ci, ce n’est pas Daech qui cherche à embrigader l’héroïne, c’est un parti d’extrême droite français.
Pauline, infirmière dans les Hauts-de-France, est très appréciée dans sa ville d’Hénart (Beaumont ?). Par le biais de Docteur André Dussolier, le Bloc National va se rapprocher d’elle pour la convaincre de devenir leur tête de liste aux prochaines élections municipales.
Pour ce genre de film, deux questions m’interrogent par avance…
LE FILM SE TIENT-IL ELOIGNE DES CARICATURES ?
Notre héroïne – interprétée par une Emilie Dequenne convaincante de simplicité – ne se contente pas de travailler et d’échanger avec un docteur branché patriotisme. Elle a la chance de retrouver Stéphane (Guillaume Gouix à son aise) son amour d’enfance, plus connu sous le nom de Stanko, membre d’une milice néo-nazie (même si on comprend qu’il est là pour montrer la volonté de polissage du parti). Ajoutons que le fils de cette mère célibataire fréquente un meilleur ami qui s’occupe secrètement d’un site fasciste (avec sa mère comme première fan). Ça fait beaucoup, on est d’accord !
Quels sont les contre-poids à ce contexte favorable à l’embrigadement ? Un père communiste et bien bourru. Une amie qui ose se faire entendre lorsque les fêtes entre potes deviennent trop portées sur les propos un tantinet raciste. Une famille de patientes musulmanes éminemment déçues du changement de leur infirmière préférée. C’est mince. Et les membres du Bloc dans tout ça ? Dussolier joue bien son rôle de manipulateur beau parleur, tout dévouée à Agnès Dorgelle (avec une Catherine Jacob pas du tout crédible), Présidente du parti d’extrême droit, elle qui a repris la succession de son père jugé trop raciste. Vous l’avez compris : toute ressemblance avec des personnes existantes ne serait que pure coïncidence.
Lucas Belvaux (réalisateur du bon et récent « Pas son genre ») semble hésiter entre fiction et réalité, entre rester neutre et montrer les dangers de ce piège politique. Son choix des personnages se révèle être trop extrême, ce qui rend au final le propos peu crédible, un comble pour ce genre de film !
ET LE CINEMA DANS TOUT CA ?
Si cette production française s’inscrit dans une visée politique et sociale, nous sommes néanmoins en droit d’attendre que les idées de l’auteur soient traitées via une grammaire cinématographique un minimum recherchée.
Le film commence plutôt bien : une succession de plans de moins en moins larges posent le décor : une commune du Nord de la France, avec ses terrils, ses anciens corons, cette ambiance populaire d’une France pas très riche qui travaille pour subsister. Différentes routes s’enchevêtrent, on peut prendre divers chemins, certains vont plus vite que d’autres, mais ne mènent pas forcément au même endroit. La fin fera le parallèle avec le début, ce qui est plutôt intéressant.
En dehors de ça, la mise en scène est très pauvre. Le récit est dramatiquement linéaire, on se croirait dans un téléfilm calibré se contentant du minimum. Le cadrage manque de diversité et d’intentions, les petits moments d’action sont affligeants, à l’image d’une bande son très pauvre. Ce manque d’ambition cinématographique impacte sur l’intrigue qui se déroule beaucoup trop vite. Le spectateur n’a pas le temps de s’attacher à des personnages peu fouillés. Pauline bascule très vite de ses idées de gauche au Bloc, c’est très vite l’amour fou entre elle et Stéphane… Encore une fois, on perd en crédibilité.
ET SI ON REFAISAIT LE FILM ?
Le film est décevant, clairement. Nous n’irons pas jusqu’à dire comme Florian Phillipot que c’est un navet. Evidemment, notre humanisme serait tenté d’encenser un film qui ose montrer les agissements perfides d’un parti capitalisant sur les peurs et le démagogisme. Mais pour cela, il aurait fallu davantage de nuances, de subtilité et de matériel cinématographique.
Pourquoi ne pas positionner Stéphane en ancien néo-nazi ayant raccroché depuis dix ans et qui tente de protéger Pauline des stratégies habituelles du Bloc ? Placer le copain du fils en position de se faire embrigader par Daesh, ce qui aurait créé un parallèle intéressant à explorer ? Prendre le temps de poser les personnages, laisser Pauline hésiter, osciller, s’interroger ? Utiliser une narration non linéaire avec des flashbacks ?
Au final, il y avait de la matière à faire un film plus approfondi, plus ambitieux. On retiendra le côté didactique : s’il peut éviter à certains de tomber dans les dérives extrémistes, ça sera déjà une belle victoire pour ce film !
Thriller américain sorti le 4 janvier 2017 (durée : 1h57) réalisé par Tom Ford
Avec Jake Gyllenhaal, Amy Adams, Michael Shannon, Aaron Taylor-Johnson
Hollywood, où as-tu caché tes thrillers névrosés ?
A l’époque des super-héros, des franchises et des reboots, les bons thrillers psychologiques américains se font de plus en plus rares. Si les écrivains Gillian Flynn (Gone Girl, Dark Places) et Dennis Lehane (Mystic River, Shutter Island, Gone baby gone) nous ont permis de vivre de grands moments avec leurs adaptations au cinéma, il faut bien avouer que c’est un genre de plus en plus oublié. Et même si les Français tentent de s’y mettre (avec succès comme « Ne le dis à personne », avec plus de difficulté dans le récent « Iris »), nous restons quand même clairement nettement en dessous des standards de l’Oncle Sam. Heureusement, Jake Gyllenhaal veille. L’acteur d’à peine 36 ans peut déjà se targuer d’une filmographie aussi dense que de qualité, avec des rôles de tourmentés qui lui vont comme un gant (Donnie Darko, Nightcall, Demolition).
Plongeon dans le passé de la mise en abîme.
Isolée dans une existence ennuyeuse, Susan reçoit le manuscrit de son ex-mari Edward dont elle n’a plus de nouvelles depuis 19 ans. La lecture de cette œuvre terriblement violente va la troubler. Quels sont les liens entre ce roman et les moments que les deux amoureux ont vécu dans le passé ? Quel impact aura-t-il sur sa vie actuelle ? Les anciens époux vont-ils se retrouver ? Tirée du roman « Tony and Suzan » écrit par Austin Wright, cette intrigue va se décliner en trois strates : la vie de Susan actuellement, l’histoire écrite par Edward et les flash-back de la vie commune à Tony et Susan. Ces trois angles se dévoilent, s’enchevêtrent, se percutent… Pour son deuxième long-métrage (après le remarqué « A single man » avec Colin Firth et Julianne Moore), Tom Ford choisit donc de s’attaquer à ce scénario alambiqué et ambitieux.
Essai transformé ?
Les acteurs sont inspirés. Comme à son habitude, Jake Gyllenhaal crève l’écran, dans le registre du bon gars tellement gentil qu’il se prend des portes sur le coin du nez. Amy Adams n’est pas en reste, tout en sobriété, incarnant une femme mélancolique errant dans une vie à la fois luxueuse et sans grand intérêt. Michael Shannon joue le rôle du shérif zélé avec beaucoup de présence et de charisme. Les rôles secondaires apportent tous leur pierre à l’édifice : Aaron Taylor-Johnson en méchant-agité du cerveau ou Laura Linney en mère impitoyable.
En tant qu’ancien styliste chez Gucci, Tom Ford a évidemment soigné sa réalisation. La scène d’ouverture sait immédiatement placer le spectateur dans cet univers un peu sordide, où l’on se contente de la médiocrité. L’ambiance mixe souvent la pénombre angoissante et la lumière classe, comme si Susan, en bonne artiste contemporaine, revisitait Le Caravage à la mode du XXIème siècle. On sent que le danger est imminent, qu’il va se passer quelque chose, qu’il va falloir réagir… N’est-ce pas la base de tout bon thriller ?
Et l’intrigue dans tout ça ? Il faut un certain temps pour faire le lien entre les différentes strates. Au début, la vie actuelle de Susan nous laisse un peu sur notre faim. Les plans où elle lit en semblant touchée s’intercalent avec les scènes beaucoup plus oppressantes illustrant le roman d’Edward, sans que l’on se sente vraiment investi dans le film. Et puis petit à petit, on fait du sens, on construit des ponts. La lisibilité n’est pas forcément accessible facilement, ce qui limitera à mon avis le succès de ce film. Et pourtant, tout se tient, l’intention du film est exprimée avec cohérence et grammaire cinématographique de bout en bout.
En conclusion, Nocturnal Animals est un thriller oppressant comme on n’en voit plus beaucoup, avec des acteurs inspirés qui évoluent dans une intrigue complexe à trois strates, le tout magnifié par un esthétisme soigné. Néanmoins, tous les spectateurs n’entreront pas dans l’intention d’un film parfois difficilement lisible.
Film d’animation américain sorti le 30 novembre 2016 (durée : 1h29)
Réalisé par Conrad Vernon et Greg Tiernan
Interdit aux -12 ans
Un dessin animé pas pour les enfants, où le méchant est campé par une douche vaginale, ce n’est pas courant… Que vaut cette fête de la saucisse que l’on doit interdire aux mineurs selon certains pontes de la morale ?
Un concept unique ?
L’adjectif subversif est à la mode en ce moment. Est-ce une réaction au « style clonage » comme dirait l’un des protagonistes du très bon « Swaggers » (actuellement sur nos écrans) ? Tous les films sont calibrés, les réalisateurs se doivent de suivre le cahier des charges afin de toucher un nombre important de spectateurs. Un «-12 » n’est déjà pas conseillé (même si Deadpool et son joli score au box office sont venus contredire cette règle), il ne faut choquer personne, ne pas s’attirer les foudres des bien-pensants aseptisant.
Ici, Seth Rogen (Nos pires voisins, L’interview qui tue) et sa bande se sont fait un petit délire de sales gosses. Se mettant dans la peau d’une saucisse, il nous raconte la vie de ses produits de supermarché qui n’aspirent qu’à découvrir « le grand Au-delà », ce lieu magique en dehors des rayons et des caisses. Jusqu’au jour où ils se rendent compte de leur tragique destin… A l’image d’un autre Seth – MacFarlane – et de son ours en peluche Ted, Sausage Party se lâche, enchainant les blagues (au mieux potaches, au pire vraiment vulgaires) et les thèmes un peu tabous (religion, homosexualité). Nous sommes un peu dans l’esprit « La grande aventure Lego », la classe en moins. Mais le tout prend un côté très jouissif dans l’enchainement des moments où l’on se dit « non, ils n’ont pas osé ? ». Et bien si…
-12… et plus si affinités ?
Les gardiens de la moralité ont déjà crié au scandale. Comment peut-on oser faire ce genre de dessin animé ? On s’attend à voir le dernier Pixar (rebaptisé Dixar pour l’occasion…) alors qu’au final, on se croit dans un film porno (carrément !). Est-ce bien raisonnable ma brav’dame ? Ne doit-on pas censurer ces scènes d’orgie, même si elles se dissimulent derrière une saucisse et une miche de pain ? Interdit aux moins de 12, vous plaisantez ? Il faut au minimum un -16, ou même un -18 ? Après, il ne faut pas s’étonner si nous sommes devenus une société de décadents…
Certes, j’acquiesce. Je n’emmènerais pas mes enfants de 13 et 14 ans voir Sausage Party, même si j’ai adoré cet OVNI. Mais je ne les emmènerais pas non plus voir Cinquante nuances de Grey (non pas que les 3 poils de Dakota Johnson me semblent choquants, mais parce que l’image donnée de la femme et de l’amour me semblent très pernicieuse pour des ados en construction) alors qu’il est interdit aux -12. On peut aller plus loin dans le raisonnement… Je n’emmènerais pas mes enfants de 13 et 14 ans voir Dark Knight (pourtant, quel chef d’œuvre) alors qu’il n’est même pas interdit aux -12… ou American Sniper, lui non plus pas du tout restreint… Alors oui, il faudrait faire quelque chose sur la classification, mais pourquoi faire du mal à cette petite saucisse et laisser tous les autres mastodontes en liberté ?
Mais alors, combien vaut cette saucisse ?
C’est subversif, c’est honteux… mais sinon, que vaut ce film ? Au niveau animation, j’ai trouvé ça très réussi. Ca fourmille d’idées au niveau des différents personnages (mention spéciale à Gum !). Il y a pléthores de « créatures » différentes, chacun dans son univers propre, avec une animation originale et réussie. Le scénar’ tient autant la route que la plupart des Disney et Pixar. Que vont devenir ces aliments voués à la mort ? (ceux qui ont vu le film savent comment tout cela va finir…) Les métaphores sont fort présentes (trop ?), avec cette critique de la société de consommation qui nous broie. Sausage Party propose certains passages dignes de vrais films gores… surtout si on se met à place de ces pauvres tomates !
Et puisqu’il s’agit d’une comédie, le plus important, c’est que nous avons bien rigolé pendant une heure et demie ! Evidemment, le rire reste un mécanisme un peu mystique. Pourquoi rit-on ? Pourquoi certains sont hilares pendant que d’autres trouvent ça nul ? Allez savoir… De notre côté, nous avons aimé le rythme, l’enchainement des vannes. Si le début commence direct sous la ceinture et que la fin marque l’apothéose de l’humour made in Bigard, limiter la Fête à la saucisse à ce côté vulgaire serait à mon sens très réducteur. C’est comme les chansons de Giédré…
En résumé, nous avons passé un très bon moment avec ce film décidément pas comme les autres !!!
Drame britannique sorti le 26 octobre 2016 (durée : 1h41) et réalisé par Ken Loach
Avec Dave Johns, Hayley Squires, Dylan McKiernan
L’unanimité, comme souvent, n’était pas de mise… Logique pour une sentence forcément très subjective (un Festival se doit-il d’ailleurs d’attribuer des prix ?). Il a fallu attendre quelques mois pour nous faire notre propre avis sur la dernière Palme d’Or cannoise !
Un scénario simple et manichéen ?
Menuisier anglais de 59 ans, Daniel Blake est sujet à des problèmes cardiaques : son médecin lui interdit de travailler. Malheureusement, le service médical de l’aide sociale en décide autrement et notre presque sexagénaire va se retrouver prisonnier d’un labyrinthe administratif éreintant. Notre « héros » a bien du mal à s’en sortir entre un internet qu’il ne maîtrise pas et un système qui cultive les complications pour mieux égarer les personnes dans le besoin.
Le scénario se montre aussi simple qu’efficace. On suit le quotidien de ce veuf sans enfant qui aime prendre soin des gens autour de lui, comme son jeune voisin qu’il appelle « fils ». Il finira par croiser la route de Katie, mère célibataire de deux enfants ayant accepté un logement à l’autre bout du pays pour ne pas voir sa progéniture placée en famille d’accueil.
Le réalisme des situations auxquelles ces anti-héros (interprétés par des acteurs professionnels ou non) sont confrontés impacte avec force sur le spectateur. On aimerait voler au secours de ces personnages en détresse, mais nous sommes comme eux : impuissants. Mais ici, tout est blanc ou noir. Il y a les gentils (la bande à Dan) et les méchants (les multiples têtes de l’hydre administration). Même si ça sert le propos social, ce manichéisme reste néanmoins une limite.
Une mise en scène épurée
Que l’on aime ou pas, force est de constater que le Festival est agité depuis quelques années par le phénomène Xavier Dolan. Le jeune prodige aime nous présenter des films où sa patte de réalisateur se voit ostensiblement. Mise en scène ultra travaillée, cadrage réfléchi, couleurs tout sauf innocentes, clips musicaux savamment choisis et distillés, le Canadien ne recule devant rien.
Ici, c’est le contraire. Comme pour le scénario, Ken Loach mise sur une réalisation simple. Il enchaine les plans fixes sans artifice, mettant en valeur ces personnages qu’on a tendance à oublier dans la vraie vie. Le réalisateur – avec toute la maturité de ses 79 ans – nous immerge parfois dans leur quotidien grâce à des plans séquences efficaces, sans la gloriole parfois reprochée à un Inarritu. Pas de musique grandiloquente, pas de travelling inutile.
Lignes d’horizon dans le ciel cannois
Fin mai, on pensait à Toni Erdmann, à Paterson ou à Baccalauréat pour remporter la Palme d’Or. On se disait qu’Elle ou le Client pouvaient créer la surprise. On parlait aussi d’Aquarius, de Julieta ou de Loving. Au final, le verdict est tombé : le jury a choisi Ken Loach pour la deuxième fois avec ce « Moi Daniel Blake ».
L’anglais est un habitué de la Croisette. Déjà palmé en 2006 pour « Le vent se lève » (non, on ne vous parle pas du dernier animé des studios Ghibli !), le réalisateur aux 50 ans de carrière a également remporté le Prix du Jury pour « Rainings Stones » (1993) puis « La Part des anges » (2012). Le cinéaste, unanimement reconnu pour ces drames sociaux, laisse rarement indifférent à l’image de « Ladybird », « Sweet Sixteen » ou « Carla’s Song ».
Après avoir célébré Dheepan l’année dernière, Cannes encense cette « Loi du marché » britannique. Pas une honte, assurément. Le film sait émouvoir sans en faire des tonnes et possède une vraie dimension politique. Mais de notre côté, on aurait préféré « Julieta » ou « Baccalauréat » pour leur vision moins manichéenne ou « Aquarius » pour sa beauté formelle.
Thriller français sorti le 16 novembre 2016 et réalisé par Jalil Lespert (durée : 1h42)
Avec Romain Duris, Charlotte Le Bon, Jalil Lespert, Camille Cottin.
Jalil Lespert, double emploi
A 40 ans, Jalil Lespert présente vraiment deux casquettes différentes. Ayant commencé très jeune avec son père dans un court-métrage, il enchaine les films et les rôles moyens en tant qu’acteur. Beaucoup sont à oublier, on peut juste retenir les « Nos vies heureuses » (1999), « Vivre me tue » (2002) et « Ne le dis à personne » (2006).
La même année, il signe son premier long « 24 mesures » qui ne reste pas dans les annales. Ses deux opus suivants seront beaucoup plus remarqués avec « De vents contraires » (2011) et surtout « Yves Saint-Laurent (2014, 6 nominations aux Césars dont le titre de « Meilleur acteur » pour Pierre Niney). Aujourd’hui, ce jeune touche-à-tout poursuit son ambition d’explorer différents genres cinématographiques avec Iris.
Un scénar’ dynamique et crédible ?
Non, je ne spoilerai pas ! Ça commence comme ça : Iris, la femme du riche banquier d’Antoine disparait en plein jour alors que le couple sort du resto. Max, mécanicien raté, semble impliqué dans cet événement, même si la réalité semble bien plus complexe que ce que l’on veut bien nous faire croire… Le point de départ – sans être hyper original – en garde sous le pied et semble prêt à exploiter tout son potentiel !
L’histoire avance avec régularité, avec des twists d’un bout à l’autre qui viennent relancer l’intérêt de l’intrigue. Jalil Lespert (qui adapte un roman existant) joue avec les codes classiques du genre. Ça fonctionne plutôt bien, même si on reste dans le domaine du déjà-vu. Sans trop en dévoiler, je préciserai quand même qu’un moment-clef du film m’a semblé plutôt douteux au niveau de la crédibilité…
Un casting inégal
Dans un rôle de Max qui ressemble à ce qu’il interprétait dans « Un petit boulot » (sorti il y a quelques semaines), Romain Duris s’en sort particulièrement bien en anti-héros vulnérable mais combattif. Autre très bonne surprise : Charlotte Le Bon dans le rôle d’Iris, la femme fatale. Pouvant s’appuyer sur un physique déconcertant, l’ancienne miss météo explore elle aussi une palette large : irrésistible, fragile, prédatrice, soumise… (soulignons au passage que lors des échanges ayant fait suite à l’avant-première, la Canadienne a irradié la salle de son naturel rafraichissant !).
Le trio principal est complété par Jalil Lespert qui se montre beaucoup plus inégal. Incarnant Antoine, personnage complexe très autoritaire pour mieux dissimuler ses fêlures, l’homme à la double casquette réalisateur/acteur tombe parfois à côté. Ajoutons un duo de flics qui se montre vraiment peu convaincant, à l’image d’une Camille Cottin (« Connassse, princesse des cœurs ») qui s’ose au contre-emploi avec beaucoup de difficultés.
Alors, un bon thriller français, c’est possible ?
Au final, que vaut ce thriller bleu-blanc-rouge à la Gone Girl ? Misant sur un voyeurisme à la 50 nuances de
Grey, la sensation en sorte du film reste mitigée. On ne s’ennuie pas grâce à une intrigue dynamique qui maintient son lot de surprises. La photographie et l’esthétique du film donnent une vraie plus-value à l’ensemble : les plans de Paris la nuit, les intérieurs en clair-obscur, le côté glam. Romain Duris et Charlotte Le Bon portent parfois l’intérêt du film sur leurs épaules.
D’un autre côté, le rythme souffre d’une lenteur qui peut se justifier par cette volonté de mise sous tension psychologique et sexuelle (même si le côté sulfureux ne va pas bien loin), mais qui aurait mérité plus de variations, comme pour illustrer à quel point on peut se retrouver pris dans un engrenage sans fin…
Au final, Jalil Lespert prend des risques en entrant dans un genre peu fréquent au cinéma français (Ne le dis à personne, 36 quais des orfèvres). Les qualités sont nombreuses, mais l’essai n’est pas totalement transformé !
Film d’animation franco-suisse réalisé par Claude Barras (durée : 1h06) sorti le 19 octobre 2016.
La récolte de la Courgette était attendue ! Multi-primé (une quinzaine de récompenses d’Angoulême à San Sebastian, présenté à Cannes), cet animé n’est autre que l’adaptation du roman « Autobiographie d’une Courgette » de Gilles Paris. Quand on sait que le travail sur le scénario a été confié à Céline Sciamma (à qui l’on doit la Naissance des Pieuvres, Tom Boy, Bande de filles), on se dit que l’on peut s’attendre à un film juste et profond. Ajoutons que les 106 minutes (il est toujours bon de préférer la qualité à la quantité !) sont tournées en stop motion : deux ans de travail, cent cinquante artisans, une soixante de décors, une cinquantaine de marionnettes, quinze plateaux… pour 3 secondes de film par jour et par animateur ! Bref, l’attente était grande !
Courgette est un garçon d’une dizaine d’années qui va se retrouver contraint de vivre dans un foyer. L’occasion de rencontrer d’autres enfants comme lui : par exemple Simon le dur de la bande ou Camille l’adorable rebelle. Des dizaines d’adjectifs viennent à l’esprit durant le film. Tout d’abord : réaliste et saisissant. Le doublage (fait par des non professionnels, on est tellement loin des voix de Franck Dubosc ou de Gad Edmaleh…) sonne tellement vrai durant tout le film que ça en devient désarmant. Le spectateur plonge en immersion dans cet univers de foyer et de maltraitance grâce à des plans-séquences ambitieux et plutôt inhabituels dans ce genre de productions (si l’on compare avec les studios Laïka par exemple). Ce quotidien de Courgette et de ses amis devient bouleversant, prenant, mais sans jamais tomber dans le pathos et le grandiloquent. Cette pudeur, couplée à une poésie si difficile à obtenir dans ce monde de brutes, rend le film marquant.
Au final, loin des super productions américaines tapageuses, qu’il est bon de tomber sur des pépites comme « Ma vie de Courgette ». A partir de six ans, foncez, adultes et enfants, pour un pur moment d’authenticité et de tendresse !
Comédie dramatique américaine sortie le 12 octobre 2016 (1h58) réalisée par Matt Ross, avec Viggo Mortensen
Captain Fantastic est-il original ?
City Zen : Si le titre fera croire aux distraits qu’un nouveau Marvel vient de sortir, peut-on trouver des références à ce petit bijou de Matt Ross (acteur de séries passé derrière la caméra pour la 2ème fois après 28 Hôtel Rooms non sorti en France) ? L’affiche – et le bus – peut faire penser à Miss Little Sunshine, dans le genre road feel good movie en format familial. On dira qu’ici, le film se veut plus « intellectuel », dans son fond (pour les fans de Chomsky, on peut vous conseiller le film de Michel Gondry « Conversation animée avec Noam Chomsky ») comme dans la forme (Prix de la mise en scène dans la catégorie « Un certain regard » à Cannes cette année). L’aspect « vivre reclus dans les bois » m’a fait penser initialement à « Le Village » de Night Shyamalan, mais pas de fantastique dans… Captain Fantastic ! Pas besoin d’attendre la fin du film pour sortir de la forêt ! A priori, Matt Ross a voulu explorer les modes d’éducation alternative par rapport à son propre vécu et nous fait cette jolie proposition sans avoir besoin d’adapter un roman.
Monsieur Popcorn/Liam: « Captain Fantastic » fait partie de cette longue lignée de films indépendants américains arrivant dans nos contrées avec une réputation exceptionnelle. Il y a alors une certaine crainte de devoir faire face à un ersatz de « Little miss sunshine » ou de « Juno ». Surtout que le résumé de base peut faire craindre le spectacle biaisé et manichéen : la gentille famille vivant dans la nature contre les méchants plongés dans la société de consommation. Et au final, la surprise : « Captain fantastic » est un film avec une personnalité propre. Nous avons droit à une comédie dramatique (point sur lequel il faut insister fortement) au chemin bien moins balisé que celui que nos héros suivent à bord de leur minibus. Si ce road movie peut faire penser par instant à « Little miss sunshine » ou bien « Into the wild » par ses arguments de départ, il arrive à ce que sa personnalité propre prenne le pas que ce soit dans une mise en scène lumineuse ou un récit touchant.
Captain Fantastic tient-il sur la durée ?
City Zen : La première scène nous plonge immédiatement dans l’ambiance avec un lent traveling arrière en forêt, comme si l’on nous invitait à prendre du recul via la nature… avant d’assister à un rituel barbare digne des Indiens du siècle dernier ! On entre dans cette famille défiant les normes sous la coupe d’un Viggo Mortensen terriblement juste, on s’hydrate de ces magnifiques photographies de paysage, on sourit… Et puis on se dit que le film dure deux heures et on se demande comment Matt Ross va réussir nous tenir en haleine jusqu’au bout. Pour le coup, j’ai trouvé que tout était dans le bon dosage, et que ça fonctionnait très bien ! On alterne les moments de vie sauvage et de civilisation, on alterne les émotions, les rires, l’action… On se détend, on s’interroge, on se laisse surprendre par un scénario qui avance tout le temps. On se laisse perdre dans des scènes particulièrement réussies. Et c’est là où Captain Fantastic entre dans la catégorie des grands films : ce subtil équilibre nous donner de quoi nous nourrir du début à la fin !
Monsieur Popcorn/Liam : Une crainte pouvait être faite dès le début du film. Ayant en effet été vendu comme une comédie (que ce soit par ses bandes annonces ou ses affiches), « Captain Fantastic » désarçonne par une scène de chasse relativement brutale, un rite de passage vers l’âge adulte (nous reviendrons sur ce thème plus tard). Le spectateur en quête d’humour risque donc de se demander où est le film lumineux qu’on lui a vendu. Néanmoins, il est dur de ne pas s’attacher à cette famille et au fur et à mesure que l’histoire avance, nous nous laissons porter avec eux dans cette quête de dernier hommage à la mère récemment décédée. Nous faisant passer par toutes les émotions, le visionnage de « Captain Fantastic » ne se fait guère sentir. Le temps passe même trop rapidement par rapport au plaisir procuré par le film.
Captain Fantastic ouvre-t-il des débats ?
City Zen : La famille en cercle, dans le noir, au coin du feu, chacun avec un instrument de musique dans les mains. Le père lance quelques accords de guitare, le concert peut commencer… Mais c’est sans côté sans le jeune fils qui décide d’instaurer un tout autre rythme avec la puissance de ses percussions. Silence. On se regarde, on s’interroge. Le père jauge puis retourne sa guitare et s’en sert comme tambourin pour aller dans le sens décidé par son cadet. Voici la scène qui m’a particulièrement marquée et qui résume selon moi le sens du film. J’ai craint à un moment donné que les idées véhiculées penchent toujours du même côté, mais la dernière partie de cette fable vient contrebalancer les certitudes et donnent au tout une vraie réflexion sur nos modes d’éducation. Peut-on vivre en dehors des normes qu’on nous impose ? Peut-on rester en marge toute sa vie ? Comment être adapté à la société sans vendre son âme au diable ?
Monsieur Popcorn/Liam : Impossible de nier cette évidence au vu des interrogations posées sur le film. Tout d’abord, l’opposition entre deux sociétés différentes : celle de cette famille et la nôtre. Néanmoins, cette confrontation idéologique ne se fait guère de manière manichéenne et ouvre à la réflexion. Difficile donc de ne pas se creuser les méninges face aux questions que nous posent le film, que ce soit donc sur ce thème ou bien d’autres sur notre mode de fonctionnement, que ce soit sur le système éducatif, notre manière de consommer ou même d’évoluer par rapport aux mœurs, tiraillés entre volonté et refus de passage vers l’âge adulte (d’où cette scène de départ de chasse).
Est-ce le meilleur rôle de Viggo Mortensen ?
Monsieur Popcorn/ Liam : Pour le grand public, Viggo Mortensen ne se résume qu’à un seul rôle : Aragorn dans la trilogie du « Seigneur des anneaux ». L’acteur a donc fait de son mieux pour se débarrasser de ce genre de prestation valant la célébrité et en même temps collant férocement à la peau. Et même s’il est devenu la muse de David Cronenberg le temps de trois films et qu’il a accumulé les prestations excellentes, on peut qualifier son rôle de père de famille perdu comme l’une de ses meilleures. Il faut le voir dégageant de charisme mais aussi d’amour pour sa progéniture, tout en étant également perdu suite à la mort de sa femme. Père cherchant à préparer ses enfants à un univers compliqué, c’est un homme meurtri et brisé mais essayant de le dissimuler pour aider au mieux sa famille. Mortensen représente donc l’un des meilleurs atouts de « Captain Fantastic » et y trouve dans ce rôle habité une prestation de grande qualité.
City Zen : A bientôt 60 ans, Monsieur Mortensen peut se targuer d’une filmographie longue comme un bras ! Trente ans de carrière pour cet acteur américain d’origine danoise durant laquelle il a su alterner les grosses productions (la trilogie de Peter Jackson), les films d’action (Les Promesses de l’Ombre, History of violence) mais aussi les films d’auteurs (le Psycho de Gus Van Saint, The Two faces of January)… il incarne même Sigmund Freud dans A dangerous method ! Avec Captain Fantastic, j’ai trouvé que ce rôle de la maturité lui permettait de montrer toutes ces facettes en un seul film. Disposant d’une présence physique impressionnante, Viggo n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour en imposer. Cela lui permet de jouer sur la retenue et d’explorer son intériorité en guide spirituel et intellectuel. Alors meilleur rôle, je ne sais pas, mais en tout cas très grande prestation !
Quelle est la place de « Captain Fantastic » dans le cinéma américain actuel ?
Monsieur Popcorn/Liam : Alors que le système hollywoodien laisse de moins en moins de liberté à ses auteurs dans le moule du blockbuster, les films indépendants arrivent à subsister comme dernier bastion de la liberté artistique et d’action. C’est ainsi que les personnages n’hésitent guère à lâcher des « Fucks », qu’importe leur âge, on explique de manière à une enfant la reproduction humaine de manière sèche, on voit une partie de chasse assez crue et le sexe de Viggo Mortensen (Un argument en plus pour ses fans ?). Bref, ce genre de choses réprimées dans les plus grosses productions américaines. Mais outre cela, « Captain Fantastic » se permet de tendre aux Etats-Unis un miroir peu reluisant dans de nombreux domaines. Il est d’ailleurs amusant de constater que si les enfants reçoivent des armes en tous genres de la part de leur père, aucune n’est un fusil (de quoi faire râler les membres de la NRA un peu plus ?). Bref, le film de Matt Ross est également une interrogation sur l’Amérique actuelle.
City Zen : angle intéressant proposé par Monsieur Popcorn ! Alors que l’on a l’habitude d’opposer les blockbusters calibrés décérébrés mode reboot remake spin off et les films d’auteur ouzbek intégralement tournés en plan séquence pour rafler des trophées à Cannes, Matt Ross propose à la fois un film attrayant et distrayant, mais également réflexif et exigeant techniquement. J’entends déjà les haters se demander « pour mieux ratisser large ? ». Et bien à mon sens, pas du tout ! La scène de la chasse dérangera Brigitte Bardot et ses associés. La scène de l’enterrement pourrait fâcher les plus cathos d’entre vous. Surtout, Captain Fantastic choque parfois, mais pas pour le plaisir de concurrence la rebelle attitude de Deadpool. Ici, les choix de mise en scène servent le propos. Quand Viggo s’exhibe dans son plus simple appareil, c’est pour mieux dénoncer les apparences. En résumé, Captain Fantastic se pose en véritable bouée d’oxygène dans le cinéma américain aseptisé actuel !
Quelle est la place de la famille dans « Captain Fantastic » ?
Monsieur Popcorn/Liam : La structure familiale est importante dans « Captain Fantastic ». C’est même d’ailleurs par cela qu’arrive l’intrigue du film avec le décès de la mère. En nous introduisant directement dans une famille désormais incomplète, Matt Ross nous plonge avec des personnages déjà désemparés. Le réalisateur confronte néanmoins cette famille à plusieurs autres modèles lors de certaines scènes, comme avec le personnage de Kathryn Hahn. Il existe donc conflit entre ces deux visions de la famille bien opposées et à laquelle notre attirance se dirige naturellement vers nos héros. Néanmoins, les choses ne sont pas aussi roses et les personnages se verront confrontés aux limites de leur système de fonctionnement. Mais alors que ceux-ci évoluent, la famille subsistera en restant soudée. Bien que proche d’une certaine manière de la mise en avant de la structure familiale américaine digne de n’importe quelle production hollywoodienne, « Captain Fantastic » n’hésite pas à la remettre en question, prônant moins le schéma que l’entraide interne entre proches.
City Zen : à l’image de la scène initiale, la famille se présente comme une tribu, au sens indien du terme. La famille est un cercle, le père se pose en chef défenseur des valeurs, mais pas en patron écrasant. Il doit permettre à chacun de trouver sa voie. Et pour cela, il doit permettre de dépasser toutes les normes de la société, prisonnière du capitalisme. La majorité – la norme – apparait comme stéréotypée et sans recul sur elle-même, à l’image de la famille idéale de la sœur du Captain. Chez elle, pas question de parler du suicide de leur mère, on préfère protéger les enfants en les abreuvant de lieux communs commodes. Viggo préfèrera toujours parler vrai à ses enfants, comme lorsqu’il explique à sa fille de 5 ans comment on fait les bébés d’une manière très pragmatique. Cette vision décalée – qui se heurte parfois violemment à l’extérieur, et même à l’intérieur de la tribu – suscite la réflexion. La fin apporte de belles réponses… aux spectateurs de trouver les siennes !
Qui est Alejandro Jodorowsky ? Un scénariste de bande-dessinées, à qui l’on doit notamment le très reconnu « L’Incal », œuvre qui a largement inspiré le Cinquième élément. Un réalisateur (la Montagne sacrée, le Voleur d’Arc en ciel) tellement génial qu’il a voulu s’attaquer à l’adaptation de Dune dans des proportions gigantesques : embaucher Mike Jagger, Salvador Dali et Orson Wells comme acteurs, les Pink Floyd pour composer la BO, Dan O’Bannon (Alien, entre autres) pour les effets spéciaux… Un projet fou à découvrir dans le très bon documentaire Jodorowsky’s Dune sorti récemment. Mais Jodo, c’est aussi un acteur, un poète, un écrivain, un mime, etc… Bref, un artiste complet, touche-à-tout, ce genre de personne qui vit à fond, dans un univers singulier qu’il aime nous faire découvrir au moyen d’un déluge de trouvailles (et qui est souvent cité en modèle par Nicolas Winding Refn, le réalisateur de Drive).
Poesia sin fin est donc un biopic de et sur (et avec !) Jodo, qui commence à ses vingt ans (pour faire suite à La Danza de la Realidad). Dans son Chili natal, notre héros quitte avec heurt le foyer pour accomplir son rêve : devenir poète. L’occasion de nous immerger dans sa vie de bohème, là où il rencontrera bon nombre de futurs grands auteurs de la culture sud amérindienne. Un Jodo jeune interprété par… son propre fils !
Evidemment, le film est l’occasion de nous plonger dans ce monde à part. Chaque nouvelle séquence nous propose son lot d’idées originales et poétiques. C’est un nazi monté sur échasses scrutant des badauds sans visage, c’est la mère de Jodo qui chante quand elle parle, ce sont des figurines de papiers pour faire les figurants, c’est une scène d’amour avec une naine en période de menstruations, etc, etc. On peut avoir l’impression de parfois tomber dans l’absurde (comme dans les pièces succulentes de Jodo dans son livre « Le théâtre sans fin »), mais la portée évocatrice agit avec force.
Dans notre quotidien balisé et aseptisé, dans cette industrie du cinéma où tous les films se ressemblent pour rassembler le plus de spectateurs possible, Poesia sin fin ne trouvera son public qu’auprès de ses fans surréalistes (et par les curieux), et c’est bien dommage ! « Le cerveau, c’est notre cœur ! » nous dit Jodo. Laissez-vous tenter, oser découvrir un autre regard !
Film sorti en 2010 et réalisé par Jaco Van Dormael (durée : 2h21)
Avec Jared Leto, Sarah Polley, Diane Kruger
Touché récemment par « Le tout nouveau testament » et plus anciennement par le « 8ème jour », je me suis penché sur la filmographie de Jaco Van Dormael. Ce titre « Mr Nobody » a retenu mon attention avec la présence du toujours très bon Jared Leto (quand il n’est pas coupé au montage des blockbusters !) et des critiques très partagées, signe généralement que le film délivre une vraie proposition.
Le pitch repose sur un concept à la « Pile ou face » en explorant toutes les vies qu’aurait pu vivre Mr Nobody, en fonction de ses différents choix et des différents hasards de la Dame Fortune. Ses parents divorcent dans son enfance, il est sur le quai de la gare pour assister au départ de sa mère. Montera-t-il avec elle ou restera-t-il avec son père ? Deux choix possibles qui peuvent entrainer une multitude de nouvelles histoires.
Toutes ces histoires qui s’imbriquent en parfait désordre chronologique permettent de parcourir des problématiques sur la vie en général, les destinées, l’amour, l’amitié, le déterminisme… L’œuvre de 2h21 est d’autant plus ambitieuse qu’elle jouit d’une jolie qualité cinématographique : plans savamment construits, cadrages intelligents et certaines séquences dégageant une poésie envoûtante. On retrouve parfois le charme de « The Eternal Sunshine of the spotless mind ».
Ce film ne plaira pas à tout le monde car il peut dérouter, s’écartant des schémas de narration classique et abordant des questions pouvant rebuter les moins métaphysiques d’entre vous. De mon côté, j’ai adoré les premières 90 minutes, avant de m’ennuyer un peu dans la partie « toutes les femmes de ma vie »… mais j’ai adoré la fin ! Pour les cinéphiles qui aiment être surpris et qui aiment découvrir des films qui sortent de l’ordinaire.