Date de sortie : 26 mai 1995 (États-Unis),
4 octobre 1995 (France)
Réalisateur : Brad Silberling
Acteurs principaux : Christina Ricci, Bill Pullman, Cathy Moriarty, Eric Idle
Genre : Fantastique
Nationalité : Américain
Compositeur : James Horner
Inspiré du court-métrage d’animation Casper le Gentil Fantôme réalisé par Izzy Sparber cinquante ans plus tôt, Casper fait partie des films cultes des années 1990 ayant une vocation familiale tout en mêlant l’humour à une portée dramatique et sentimentale. Le scénario part d’un vieux manoir hérité par l’effroyable Carrigan Crittenden, sous les traits de Cathy Moriarty (Raging Bull, Un Flic à la Maternelle), qui rechigne à s’en occuper avant d’apprendre qu’il renferme un trésor. Accompagné par son notaire Dibs, incarné par l’excellent Eric Idle des Monty Python, elle va tenter de faire exorciser les fantômes par tous les moyens. L’occasion d’entamer toute une série de clins d’œil à la figure des esprits dans l’histoire au cinéma, d’abord à travers le prêtre qui ressort du manoir la tête retournée comme dans L’Exorciste, puis en la présence du docteur Raymond Stantz de SOS Fantômes, qui détourne la principale réplique du film (« Qui c’est qu’on appelle ? Quelqu’un d’autre ! ») pour souligner son incapacité à agir.
Carrigan fait alors appel au parapsychologue James Harvey, joué par le sympathique Bill Pullman (L’Emprise des Ténèbres, Malice, Wyatt Earp), afin de chasser les fantômes du manoir et d’enfin accéder au trésor. Il y emménage alors avec sa fille Kathleen, interprétée par une Christina Ricci toujours aussi talentueuse depuis son rôle de Mercredi dans le diptyque La Famille Addams. Casper et Kat souffrant tous deux d’une profonde solitude, leur rapprochement va provoquer des situations aussi comiques que touchantes. L’humour est en effet très présent, notamment à travers les gags des oncles de Casper : Teigneux, Bouffi et Crado, ce dernier étant doublé par Gilbert Lévy (la série animée Batman, Dingo et Max). Leurs pitreries font aussi bien référence à la sorcière du Magicien d’Oz (« Je fonnnnnds ! ») qu’à l’arrivée des hélicoptères dans Apocalypse Now, avec « La Chevauchée des Walkyries » de Richard Wagner en musique de fond.
On trouve aussi des situations rocambolesques (la brosse à dent et le rasage automatique dans la machine réveille-matin) et des cris en gros plan chers aux années 90 pour surenchérir sur la peur des fantômes. Avec un acting qui rappelle fortement Robin Williams, Bill Pullman se montre souvent très drôle, son visage laissant notamment apparaître Clint Eastwood, Mel Gibson et le squelette des Contes de la Crypte lors d’une séquence culte. Premier long métrage dont le héros principal est entièrement réalisé en images de synthèse, Casper comporte en outre des effets spéciaux impressionnants, le petit fantôme prenant tour à tour la forme d’un oreiller, d’un œuf sur le plat, d’un accordéon et même de Superman en faisant référence à Terminator avec la célèbre réplique « Viens avec moi si tu veux vivre ! ».
Au-delà de sa vocation comique et familiale, Casper excelle dans traitement du relationnel et du lien avec les morts, le docteur Harvey étant un personnage profondément bousculé par le décès de sa femme. Kat n’ayant donc plus de mère, cela fait écho à la situation de Casper, qui a continué de hanter la vie de son père au point que ce dernier invente une machine pour ramener les fantômes à la vie. Voir Casper retrouver ses jouets et recouvrer la mémoire de sa mort provoque une profonde émotion, ces instants mélancoliques étant brillamment valorisés par les compositions de James Horner, connu pour avoir œuvré dans de nombreux films tels Aliens Le Retour, Willow et Richard au Pays des Livres Magiques.
Le docteur Harvey met efficacement en avant la solitude des fantômes en les considérant comme des êtres à part entière pouvant être tourmentés comme le seraient des êtres humains. Ses retrouvailles avec sa femme sont aussi émouvantes que quand on le voit devenir fantôme à son tour, puis un instant oublier Kat avant de se souvenir d’elle grâce à un signe qu’ils avaient l’habitude d’utiliser. Le rapprochement entre Kat et Casper temporairement redevenu humain est aussi touchant que drôle alors qu’il redevient fantôme avant de faire fuir les élèves avec un simple « Bouh ! » lors du bal d’Halloween. En justifiant la présence de esprits par le principe d’œuvres inachevées qui les empêcheraient de reposer en paix, Brad Silberling laisse une empreinte indélébile pour le tout premier long métrage de sa filmographie.