Date de sortie : 12 septembre 1964 (Italie),
16 mars 1966 (France)
Réalisateur : Sergio Leone
Acteurs principaux : Clint Eastwood, Gian Maria Volonté, José Calvo, Sieghardt Rupp
Genre : Western spaghetti
Nationalité : Italien
Compositeur : Ennio Morricone
Les Baxter d’un côté, les Rodos de l’autre,
et moi au beau milieu…

Tandis que les westerns américains s’essoufflent largement au début des années 1960 malgré quelques classiques comme Les Sept Mercenaires, un nouveau genre plus dynamique et moins manichéen naît en Europe sous l’égide de l’italien Sergio Leone, à qui l’on doit la Trilogie du Dollar ainsi que le triptyque Il était une Fois. Dénommé western-spaghetti, il troque la glorification des valeurs traditionnelles américaines par la dure loi du plus fort au far-west. L’ordre se règle au revolver, qu’il s’agisse de récupération d’argent ou de vengeance personnelle. La lutte unilatérale des cow-boys face aux indiens sauvages ou aux bandits mexicains est également mise de côté pour mieux mettre en avant des personnages durs et complexes. Leur statut d’anti-héros leur dégage un certain charisme et les rend plus crédibles dans leurs agissements.

Remake à la sauce western du Garde du Corps du japonais Akira Kurosawa, Pour une Poignée de Dollars (A Fistful of Dollars en Amérique) est aussi le film qui a révélé le prolifique Clint Eastwood en lui offrant son premier grand rôle de cavalier solitaire. Appelé Joe en VF, il cherche en effet à gagner des billets en tirant profit de deux bandes qui se disputent domination d’une petite ville à la frontière du Texas et du Mexique. L’intrigue sur l’identité d’un certain Ramon est bien soutenue jusqu’à son apparition sous les traits du charismatique Gian Maria Volonté, qui marque lui aussi son premier rôle majeur face à Clint Eastwood. Sa bande sans pitié, notamment composée de son frère Esteban joué par Sieghardt Rupp, symbolise tout le cynisme et la crasse qui pouvaient caractériser les cow-boys de l’époque. D’autres personnages comme le tavernier, le shérif, le fabricant de cercueils et la jeune femme Marisol renforcent la crédibilité de cet univers.

Quand deux hommes sont armés
l’un d’un fusil, l’autre d’un pistolet,
l’homme au pistolet est un homme mort.

L’introduction de Pour une Poignée de Dollars est marquée par la musique resplendissante d’Ennio Morricone, dont la mélodie retranscrit la vie à la campagne avec des sifflements, des bruits de fouet ou encore de cloche qui se superposent les uns aux autres. La guitare électrique et les chœurs ponctuent les moments forts du récit et offrent une intensité dramatique sans pareille au scénario. C’est notamment le cas lors des longues scènes de duel, lentes et dramatiques, caractérisées par des successions de gros plans sur les regards des personnages. Le style de Sergio Leone est également marqué par des encadrements dans des fenêtres, des cordes de potence et des cadrages serrés sur une main prête à dégainer. Les angles de caméra font en sorte d’être très ouverts sur de larges paysages, principalement issus du désert espagnol de Tabernas, doté d’espaces vierges de présence humaine et ressemblant aux paysages de l’Arizona ou du Nevada.


La maîtrise des revolvers et les winchesters offre des séquences d’anthologie en plus des scènes d’action bien plus explosives et violentes. L’usage de la ruse reste toutefois bienvenue, notamment avec Joe qui se cache une fois blessé et qui profite de l’obsession de Ramon à viser le cœur pour se fabriquer une plaque de tôle. Avec Pour une Poignée de Dollars, Clint Eastwood prouve définitivement qu’il est taillé pour le cinéma, et ce dès le premier regard qu’il jette en observant les alentours. Le doublage français de Jacques Deschamps renforce d’autant plus son personnage en lui procurant une assurance digne des plus grands héros. Et le meilleur restait encore à venir avec une suite spirituelle des plus intenses…
