Abattre la violence malfaisante des inconséquences du cinéma américain par la représentation d’une violence conséquemment malfaisante, c’est le pitch de ce Funny Games. Les rationalités s’opposent mais le matériau demeure, et le fâcheux paradoxe s’apparaît à lui-même : la démarche consiste à représenter la mauvaise représentation du mal – coupable comme telle – par la juste représentation du mal. Ce qui préoccupe alors l’auteur, ce n’est pas tant la morale d’une démarche artistique que les représentations qu’elle s’octroie, oh non ! Haneke se comporte en réprobateur de licence, sans n’être jamais celui de son sujet. Une âme qui oserait concourir à quelque hauteur ne put alors omettre de rectifier sa trajectoire : si l’on ne permet à autrui de mal représenter, c’est pour qu’il ne puisse que mieux se représenter les mauvaises choses qu’il compose. Certains, à l’aune d’un tel plébiscite que celui de ce film, semblent à tout égard privilégier la juste médiocrité d’un art à la totalité de ses justesses. Ou comment poser une théorie sans avoir correctement déterminer sa focalisation. Funny Games apparaît, à cette âme aussi prospective que spéculative, n’être ainsi plus que l’ombre d’une bonne théorie dont les détails et contours se réflexionnent à la lumière d’un halo étouffé.
Pour un prolongement…