Pays : Espagne
Année : 2007
Casting : Belén Rueda, Géraldine Chaplin, Roger Príncep, Fernando Cayo,…

Le cinéma de genre espagnol a fait preuve au cours de ces dernières années de grande qualité, tout en révélant de nombreux metteurs en scène talentueux. C’est exactement le cas du film du jour, « L’orphelinat », première oeuvre de Juan Antonio Bayona.

Laura emménage dans l’ancien orphelinat où elle a grandi avec son mari et son fils dans le but d’accueillir des enfants handicapés. Mais il semble qu’un fantôme du passé cherche à la hanter…

La structure du film, au premier abord, semble fortement calquée sur celle de nombreuses histoires de maisons hantées. Néanmoins, « L’orphelinat » est bien plus qu’une somme d’inspirations et transcende les a priori que l’on pouvait avoir à son égard. C’est dans ses détails, dans ses points les plus discrets qu’il gagne sa force mais surtout sa sensibilité. Voilà d’ailleurs un mot qui colle parfaitement au cinéma de Bayona : sans tomber dans le chantage lacrymal, il arrive à maîtriser sa charge émotionnelle avec une finesse et une efficacité exemplaires. Ici, cela passe par la crédibilité des personnages et sa mise en scène. Loin de faire du jump scare putassier, Bayona utilise à bon escient le hors champ et l’imagination du spectateur pour aborder son aspect fantastique ouvert à l’interprétation. Une caméra faisant des allers et retours lors d’une partie d’ « Un, Deux, Trois, Soleil » et une apparition subtile du fantôme suffisent à fonctionner sur le mental du public plus que le vulgaire sursaut de manège.


Une partie passionnante du film (et de la carrière du réalisateur) est la gestion du personnage de la mère et des enfants. Il y aurait d’ailleurs de quoi écrire des pages d’analyse sur la manière dont Bayona les traite. Ici, Belén Rueda interprète avec passion et sincérité cette figure maternelle touchante. Sa relation avec les enfants, due à un regret du passé que l’on comprend au fur et à mesure que sa culpabilité se dévoile, est marquante et dégage une force émotionnelle bouleversante. On peut y déceler une forme de syndrome de Wendy (d’où les références à l’histoire de James Matthew Barrie), dans ce besoin de se dévouer corps et âme pour des enfants, comme pour se racheter du drame qu’elle a évité par chance. Le désespoir qu’elle vivra durant le film permet une empathie totale, que l’on soit parent ou non. L’auteur de ces lignes le considère d’ailleurs comme l’une des oeuvres filmiques récentes les plus intéressantes sur la figure maternelle avec d’autres titres comme « The secret », « Incendies », « Looper » et « Préservation ».

Tout cela confère à « L’orphelinat » une force aussi bien visuelle que narrative qui explique son impact sur le spectateur. Que celui-ci cherche de l’horreur ou du drame, il finira le coeur saigné et la rétine humide par le film de Bayona. Est-ce la marque d’une grande oeuvre quand celle-ci nous hante après son visionnage ? Définitivement oui…

 


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Liam Debruel
Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

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