Résumé du film
Le prodige retrace le parcours de Bobby Fisher, un américain, le plus grand joueur d’échecs de tous les temps. En pleine guerre froide, Bobby se retrouva pris entre les Etats Unis et l’Empire Soviétique en affrontant Boris Spassky, champion du monde des échecs, dans ce que beaucoup qualifieront de « match du siècle ». Bobby développa pendant cet affrontement une véritable obsession de vaincre Boris. En plus de cette obsession, Bobby développa une très forte paranoïa qui le fit presque sombrer dans la folie. Un homme complexe, qui fascinera le monde.
Infos sur le film
Réalisé par Edward Zwick
Avec Tobey Maguire, Lieve Shreiber, Peter Sarsgaard, Michael Stuhlbarg
Genre : Biopic
Nationalité : Américain
Durée du film : 1h55 environ
Bienvenu dans le monde des échecs
Le prodige est l’histoire vraie de Bobby Fisher, véritable génie des échecs depuis sa plus tendre enfance qui défia, en pleine guerre froide, le champion du monde Boris Spassky. Le génie de Fisher laissa petit à petit, pendant ce match, place à un homme sombrant dans la paranoïa. Obsédé de vaincre à tout prix Boris, persuadé que le KGB l’espionnait, le destin de Bobby Fisher n’est pas sans rappeler celui d’un certain John Nash, dont le biopic, Un homme d’exception avec Russel Crowe dans le rôle principal, nous contais l’histoire d’un mathématicien de génie, se fit recruter par le gouvernement américain afin de décrypter les messages secrets Russes. Notre héros développa petit à petit dans une schizophrénie paranoïaque. La différence entre les deux films c’est que Le prodige se situe au moment où la guerre commence à prendre forme. Le tout sera surtout représenter sous forme d’échiquier. Un affrontement qui sera très psychologique avec en plus toute cette tension politique entre les Etats Unis et les Soviétiques.
Lorsque notre film commence, le match entre Fisher et Spassky a déjà commencé mais Fisher est aux abonnés absents. A-t-il abandonné le match ? Où est-il ? Puis nous faisons un saut dans le passé. On nous présente notre personnage principal lorsqu’il n’est âgé que d’une dizaine d’année et qu’il développa son don aux échecs. Nous suivons son parcours, cernons le caractère « associable, solitaire, hyperactif » et la personnalité du personnage qui voulait toujours gagner, nous en apprendrons sur sa famille « un père méconnu et une mère soupçonnée par le gouvernement d’être une sympathisante communiste ». C’est à l’âge de seulement six ans que Bobby, en lisant un manuel d’initiation aux échecs, développera son don. Seulement cette passion, deviendra aussi une obsession. Il ne jurera que pour les échecs. Champion des Etats Unis à à peine 14 ans, nous le verrons pas à pas franchir les étapes afin de devenir le champion du monde.
Ce qui est amusant dans le film c’est son personnage principal, Bobby qui devient ironiquement une pièce de l’échiquier des Etats Unis. La pièce maitresse sur laquelle les Etats Unis accordent une grande importance. Ni plus ni moins qu’un pion médiatique. Les conflits seront plutôt montrés lors de cet affrontement vu par les deux parties, la tension se fera sur cet échiquier où un Américain affrontera un Soviétique. Un match qui sera donc important et on comprendra mieux la raison pour laquelle il sera nommé « match du siècle ». Le problème avec cela c’est que le parallèle entre cette guerre et ce match d’échec c’est qu’il n’est pas assez souligné. Comme si cette tension entre les deux parties n’était visible qu’aux travers de ce match. De l’extérieur, c’est presque la calme plat. Le plus intéressant restera donc le coté psychologique de notre personnage principal mais aussi et surtout ce passionnant affrontement aux échecs où nous y verrons le véritable génie de nos deux protagonistes.
Tobey Maguire précis dans son jeu
On pourrait presque dire que le rôle était fait pour lui. Tobey Maguire « que l’on connait surtout pour son rôle de Spiderman dans les films de Sam Raimi » interprète le rôle de Bobby Fisher. Un homme complexe, impertinent au possible, hyperactif, détestable à souhait, arrogant, méprisant, bref, tout de l’homme envers qui on ne voudrait même pas partager son gouter. Le film reviendra donc sur toute la vie de ce jeune homme de 29 ans. Un personnage isolé, associable de par cet isolement, toujours à la recherche de la perfection dans son jeu au point de s’infliger de fortes pressions. Ces interactions avec ses proches et même des relations humaines nous montrent vraiment à quel point le fait de s’isoler est néfaste pour lui mais c’est un sacrifice et un choix qu’il a fait. Un père méconnu, une mère qui ne s’occupait pas vraiment de lui, ne restait que sa sœur avec qui il était très proche et qui était sa confidente. De par son passé, Bobby développera une vraie méfiance envers les gens, même ses proches. Mégalomaniaque, une attitude d’enfant gâté, voulant avoir toujours le dernier mot, une arrogance presque démesurée afin de nous montrer qu’il masque sa peur de perdre, Bobby était quelqu’un de beaucoup plus fragile qu’il laissait penser. Sa phobie des médias sera bien montrée et bien accentuée, tout comme ses propos antisémites qui ne cessaient de grandir. On finit par cerner la complexité de ce personnage qui, comme tout génie qui se respecte, héritera de cette malédiction, la folie.
Tobey Maguire porte le film sur ces épaules à tel point que tous les autres protagonistes feraient presque de la figuration. Ses managers « incarnés par Peter Sasgaard en prêtre assez charismatique et Michael Stuhlbarg son avocat » et son adversaire Boris Spassky, incarné par l’excellent Liev Shreiber « qui ne parle pratiquement que Russe ». Tous les projecteurs sont donc braqués sur Tobey Maguire ce qui fait que nous ne ressentirons pas l’empathie et l’incompréhension de ses proches à son encontre. Le personnage restera détestable, point. Mais cette performance presque bluffante de notre acteur principal suffira presque à apprécier ce film mais surtout nous intéresser à la personnalité à la fois sombre et fascinant de notre personnage.
Pour conclure
Fan ou non, connaisseur ou non, joueur ou non des échecs, le film n’en demeure pas moins captivant. Comme ses deux joueurs, nous sommes concentrés sur cet échiquier. »’On nous montre bien qu’en plus d’être un jeu complexe, il y a, en plus de cet affrontement ‘une vraie lutte psychologique entre les deux duellistes. Cette tension s’accentue aussi grâce au son et à l’image montrant l’hypersensibilité des deux adversaires. Les deux adversaires essaieraient presque d’entrer dans la tête de l’autre afin de savoir quel coup sera fait »’. Psychologique, une réalisation et mise en scène très fine, un jeu d’acteurs excellent, une jolie narration mais le problème c’est que, hormis ces qualités, Le prodige peut présenter des défauts qui pourraient ou non faire fuir le spectateur. Très axé sur le coté sportif, très cérébral, un coté politique « même si c’est voulu et logique » et aussi et surtout, un personnage principal détestable à souhait. Néanmoins, Le prodige est un excellent biopic qui, même s’il s’accorde quelques libertés du coté des faits réels, n’en reste pas moins un film excellent et intéressant.