MARY

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Réalisation : Marc Webb
Scénario : Tom Flynn
Image : Stuart Dryburgh
Décors : Laura Fox
Costumes : Abby O’Sullivan
Montage : Bill Pankow
Musique : Rob Simonsen
Producteur(s) : Karen Lunder, Andy Cohen, Glen Basner, Ben Browning, Molly Allen
Production : Fox Searchlight, Filmnation Entertainment, Grade A Entertainment
Interprétation : Chris Evans (Frank Adler), Mckenna Grace (Mary Adler), Lindsay Duncan (Evelyn Adler), Jenny Slate (Bonnie), Octavia Spencer (Roberta)
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Date de sortie : 13 septembre 2017
Durée : 1h41

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Un homme se bat pour obtenir la garde de sa nièce, qui témoigne d’un don hors du commun pour les mathématiques.
Chris Evans laisse au placard son costume de super-héros de Captain America pour endosser les habits ordinaires de Frank, un homme à qui sa sœur a confié la garde de sa fille Mary avant de mourir. En compagnie de l’inénarrable chat borgne et roux dénommé Fred, ils vivent chichement dans un mobile-home au confort sommaire dans cet état ensoleillé de Floride où tout n’est que gaieté et couleurs chatoyantes.

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Leur voisine, une femme joviale et dévouée (la toujours parfaite Octavia Spencer) considère Mary comme sa fille et n’a de cesse de lui rendre la vie plus belle par mille attentions. Sont ainsi posées les bases d’une comédie qui, si elle n’a rien de révolutionnaire tant en ce qui concerne le sujet que la réalisation, a le bel avantage de mettre en avant la charmante complicité du duo Frank (Chris Evans)/Mary (Mckenna Grace).

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La fillette, vive et à la réplique facile, est bouleversante de naturel. Si Mary est surdouée en mathématiques, Mckenna l’est tout autant dans son jeu d’actrice. La gamine est follement attachante, Chris Evans n’est pas mal non plus dans son rôle d’oncle bienveillant et maladroit à la recherche du meilleur pour cette enfant hors-norme dont il est fou. Tous les éléments semblent donc réunis pour nous offrir un spectacle de qualité. On attend maintenant tout naturellement de pouvoir bénéficier d’un éclairage intéressant sur les difficultés du système éducatif pour les enfants surdoués.

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Mais patatras, l’arrivée de la grand-mère élégante et riche (l’impeccable Lindsay Duncan taillée pour le rôle) qui a d’autres ambitions pour sa petite-fille et se moque pas mal de lui voler son enfance anéantit tous nos espoirs et dévie la trajectoire amorcée. L’intérêt pour ce récit au manichéisme soudainement envahissant (les gentils pauvres qui ne peuvent que s’offrir un avocat noir sympathique mais dépourvu de tout pouvoir face aux méchants riches « armés » d’un défenseur puissant et hargneux).

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L’ANALYSE
Mary, avec son rôle-titre, se présentait comme le simple portrait d’une jeune orpheline surdouée. Marc Webb prend pourtant pour acquis le fait que les capacités intellectuelles sont héréditaires (Diane, sa défunte mère, également un génie mathématiques), et préfère s’intéresser à l’entourage de son personnage principal.

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Le film s’attarde notamment sur le combat de Frank, son oncle, pour préserver sa garde et maintenir (un semblant) de structure familiale, et sur Diane, pourtant quasiment absente du film. Bien que simple silhouette photographique, la figure de la défunte influence pleinement les choix de tous les personnages : Frank insiste pour que Mary ait une enfance normale afin de lui éviter le mal-être de sa mère, et Mary, au contraire, souhaite poursuivre les traces intellectuelles de Diane, encouragée par sa grand-mère maternelle, Evelyn.

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Ma famille d’abord
Mary multiplie les pistes scénaristiques et thématiques, au risque de s’éparpiller, puisque le réalisateur opte pour un point de vue omniscient, passant nonchalamment d’un personnage à l’autre. Malgré son manque de responsabilité et son immaturité, Frank doit assumer son rôle paternel et enseigner un certain nombre de règles à Mary, qui rencontre des problèmes de sociabilité.

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Consciente dès son jeune âge de son potentiel, la jeune fille n’aspire, au début du film, qu’à échapper à tout obstacle social (notamment la lenteur du programme scolaire) et familial pour accélérer son apprentissage des mathématiques. Soient deux récits parallèles, l’un sur un processus d’adaptabilité aux autres et de respect des règles, l’autre sur la volonté d’émancipation d’un destin singulier (Mary et ses dons, d’où le titre original Gifted).

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Pourtant, le film se saborde lui-même en finissant par faire accepter à Mary l’ordre établi. La mise en scène de Marc Webb est plate et sans surprise, en adéquation avec la trajectoire prévisible de son personnage principal, et au seul service du scénario (et aucunement le reflet de l’esprit brillant de Mary).

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Non seulement le récit s’englue dans les conventions du divertissement hollywoodien (un conflit pour amplifier les caractères de chacun), mais la narration ne fait l’économie d’aucun détail sur la mise en place de ses enjeux et la transparence de ses intentions – d’où l’impression de longueur du film. Le spectacle semble plutôt calibré pour accroître la teneur dramatisante, notamment dans son utilisation un peu simpliste de l’hérédité psychologique et intellectuelle (Mary qui suivrait une lignée similaire à sa mère au risque de connaître la même issue funeste).

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(D)Écrire le génie
Il y a pourtant bien une scène digne d’intérêt, où le film caresse enfin l’espoir de cerner au mieux son sujet – les itinéraires intellectuels d’êtres extraordinaires. C’est-à-dire s’appliquer à ne pas décrire ce qu’ils sont au quotidien, mais observer le chemin parcouru et le passage adulte. Evelyn découvre un carton laissé par Diane, et fond alors en larmes. Durant cette séquence, la mère tient deux dimensions de sa défunte fille : son enfance résumée en plusieurs feuilles de brouillon, et sa maturation, la consécration de son travail et de ses tâtonnements.

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Si Evelyn ne parvient pas à retenir ses larmes, c’est par la pleine conscience de tenir dans ses mains les traces du prodige de sa fille, les témoignages de son parcours. Derrière les formules mathématiques compliquées et l’étalage un peu creux des talents de ses personnages (comprendre : voir Mary lire un imposant volume scientifique), Marc Webb parvient, en un simple gros plan sur des feuilles de brouillon, à débusquer – relativement – le génie caché derrière la façade (dans le cas de Diane, les photographies figées).

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La peinture d’êtres extraordinaires est souvent, au cinéma, une tâche peu aisée (voir l’échec d’Une merveilleuse histoire du temps ou d’Imitation Game), mais Mary, de toute façon, s’évertue trop à sacrifier son énergie et son temps à ramener ces êtres singuliers dans un bien conventionnel schéma normalisé, le fameux happy-end de la famille apaisée.

Attachante, bouleversante, poignante … Mary ne pourra vous laisser insensible quand bien même vous auriez un cœur de pierre!

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Pierre Bryant
Cinéphile depuis mon plus jeune âge, c'est à 8 ans que je suis allé voir mon 1er film en salle : Titanic de James Cameron. Pas étonnant que je sois fan de Léo et Kate Winslet... Je concède ne pas avoir le temps de regarder les séries TV bonne jouer aux jeux vidéos ... Je vois en moyenne 3 films/jour et je dois avouer un penchant pour le cinéma d'auteur et celui que l'on nomme "d'art et essai"... Le Festival de Cannes est mon oxygène. Il m'alimente, me cultive, me passionne, m'émerveille, me fait voyager, pleurer, rire, sourire, frissonner, aimer, détester, adorer, me passionner pour la vie, les gens et les cultures qui y sont représentées que ce soit par le biais de la sélection officielle en compétition, hors compétition, la semaine de la critique, La Quinzaine des réalisateurs, la section Un certain regard, les séances spéciales et de minuit ... environ 200 chef-d'œuvres venant des 4 coins du monde pour combler tous nos sens durant 2 semaines... Pour ma part je suis un fan absolu de Woody Allen, Xavier Dolan ou Nicolas Winding Refn. J'avoue ne vouer aucun culte si ce n'est à Scorsese, Tarantino, Nolan, Kubrick, Spielberg, Fincher, Lynch, les Coen, les Dardennes, Jarmush, Von Trier, Van Sant, Farhadi, Chan-wook, Ritchie, Terrence Malick, Ridley Scott, Loach, Moretti, Sarentino, Villeneuve, Inaritu, Cameron, Coppola... et j'en passe et des meilleurs. Si vous me demandez quels sont les acteurs ou actrices que j'admire je vous répondrais simplement des "mecs" bien comme DiCaprio, Bale, Cooper, Cumberbacth, Fassbender, Hardy, Edgerton, Bridges, Gosling, Damon, Pitt, Clooney, Penn, Hanks, Dujardin, Cluzet, Schoenaerts, Kateb, Arestrup, Douglas, Firth, Day-Lewis, Denzel, Viggo, Goldman, Alan Arkins, Affleck, Withaker, Leto, Redford... .... Quant aux femmes j'admire la nouvelle génération comme Alicia Vikander, Brie Larson, Emma Stone, Jennifer Lawrence, Saoirse Ronan, Rooney Mara, Sara Forestier, Vimala Pons, Adèle Heanel... et la plus ancienne avec des Kate Winslet, Cate Blanchett, Marion' Cotillard, Juliette Binoche, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Meryl Streep, Amy Adams, Viola Davis, Octavia Spencer, Nathalie Portman, Julianne Moore, Naomi Watts... .... Voilà pour mes choix, mes envies, mes désirs, mes choix dans ce qui constitue plus d'un tiers de ma vie : le cinéma ❤️

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