Date de sortie : 16 octobre 1992 (États-Unis), 20 janvier 1993 (France)
Réalisateur : Bernard Rose
Acteurs principaux : Virginia Madsen, Tony Todd, Kasi Lemmons, Vanessa A. Williams
Genre : Épouvante
Nationalité : Américain
Compositeur : Philip Glass
Adaptation cinématographique de la nouvelle The Forbidden de Clive Barker par Bernard Rose, Candyman est un film d’épouvante qui se joue efficacement de la construction des slashers classiques pour mieux surprendre le spectateur. Interprétée par Virginia Madsen (Dune, Highlander Le Retour), Helen Lyle est une étudiante en pleine élaboration d’une thèse sur les croyances populaires et les légendes urbaines en compagnie de son amie Bernadette, jouée par Kasi Lemmons (Le Silence des Agneaux, Chasse à l’Homme). Elle entend rapidement parler d’un croque-mitaine qui assassine des femmes et des enfants dans un quartier défavorisé habité par des immigrés d’origine africaine. Helen part alors directement enquêter dans un logement désaffecté où a eu lieu un meurtre présenté lors de l’introduction du film.
Incarné par Tony Todd (Platoon, La Nuit des Morts-Vivants, The Crow), Candyman arbore un certain charisme et entretient le mystère par ses apparitions confidentielles. Tirant son nom de son odeur de barbe-à-papa dans la nouvelle, à laquelle le film fait référence par la présence de bonbons, il est présenté comme le fils d’un esclave noir dont la main a été coupée et remplacée par un crochet qui lui sert d’arme. Devenu peintre, il s’était en effet attiré les foudres de son entourage pour s’être lié à une femme blanche, ce qui lui avait valu d’être recouvert de miel pour une mort lente et douloureuse par un essaim d’abeilles. Comme montré dans l’introduction, prononcer son nom cinq fois devant un miroir le fait apparaître. Cette mise en bouche est volontairement cliché pour illustrer le fait qu’Helen ne croit pas en l’existence de Candyman et laisser croire à un slasher des plus convenus.
Fort bien réalisé, le film profite d’une belle photographie dont a pu s’inspirer Silent Hill pour ses zones horrifiques parsemées de rouille et de sang. Composé par Philip Glass, le thème musical récurrent au piano rappelle efficacement, à la manière de John Carpenter dans Halloween, que le danger n’est jamais loin. L’éclairage centré sur les yeux de l’héroïne lors des gros plans participe à une certaine hypnose sensuelle, comme celle dont se sert Dracula pour piéger ses victimes. Déjà utilisée pour le personnage de Morticia dans La Famille Addams, elle fait également référence au romantisme noir façon Edgar Allan Poe. La volonté de Candyman est en effet qu’Helen obtienne une mort spectaculaire afin de devenir une légende à ses côtés.
L’horreur sociale se caractérise alors par l’omniprésence de l’hostilité des habitants de la cité de Cabrini-Green. Jusque dans sa forme, le rectangle de ses immeubles qui s’empilent de manière oppressante s’oppose au cercle réconfortant de l’amphithéâtre, qui renvoie de son côté au savoir et à l’aisance sociale. L’introduction insiste justement sur cette opposition par la route qui relie les deux quartiers, en la montrant en vue aérienne durant plusieurs secondes. Bêtement accusé de se servir de stéréotypes racistes à sa sortie, Candyman consiste pourtant bien au contraire en une métaphore efficace des difficultés d’intégration de la minorité afro-américaine. Un bon classique de l’épouvante qui obtiendra deux suites dans les années 1990, puis un nouvelle faisant table rase des précédentes en 2021.