Justice League de Zack Snyder

Fiche Technique:

Réalisateur: Zack Snyder

Casting: Ben Affleck, Gal Gadot, Jason Momoa, Ezra MIller, Ray Fisher, Henry Cavill, Ciarán Hinds, Jeremy Irons, J.K Simmons, Amy Adams, Diane Lane, Laurence Fishburne, Jesse Eisenberg, Amber Heard, Willem Dafoe et Robin Wright

Budget: 300 000 00$

Date de sortie cinéma: 15 novembre 2017

Genre: Action, Science-Fiction, Aventure

Nationalité: Américain

Durée: 2h01 min

Synopsis: Le monde est en deuil, après le sacrifice de Superman pour tuer la créature Doomsday. Bruce Wayne aka Batman, sent que quelque chose de sombre approche. Il décide, avec sa nouvelle alliée Diana aka Wonder Woman de monter une équipe composée de méta-humains pour éviter à la Terre de sombrer dans les ténèbres.

Quand le DCEU commençait à se concrétiser (l’univers cinématographique DC), Warner et DC avaient pour projet, de proposer une alternative au genre du super héros au cinéma, qui de nos jours est bien lisse. Le DCEU voulait proposer de vrais divertissements cinématographiques, avec une vraie direction artistique, bien loin du concurrent, qui propose des  »bidons de lessive » (à quelques exceptions près comme Gardiens de la Galaxie 2 et Thor Ragnarok dernièrement). Cette alternative avait plutôt bien commencé en 2013, avec  »Man of Steel » et en 2016  »Batman V Superman l’Aube de la Justice ». Deux oeuvres que le public et la presse rejeta en masse. De tout cela découle ce naufrage qu’est Justice League, car oui Justice League est très loin d’être un bon film. Alors qu’il avait tout pour être le point d’orgue de l’univers cinématographique DC. Le public reprochait à Man of Steel et Batman V Superman d’être trop sombre, trop sérieux, trop long et surtout pas assez drôle. Pour faire simple, Justice League n’est que l’émanation de ces reproches.

 

Entre les tournages additionnels, les séances de réécriture, le départ de Zack Snyder suite au suicide de sa fille en mars 2017. La reprise en main du film par Joss Whedon (Avengers 1 et 2, Buffy). Avec tout ce remue-ménage, le film semble ressembler à une sorte de créature de Frankenstein et malheureusement, c’est bel et bien le cas.

Le scénario du film se contente de copier les schémas de Marvel sur son  »Avengers », sans pour autant l’adapter à sa propre sauce. Car pour ce genre de  »films chorale », une invasion alien est le parfait scénario pour rassembler un groupe ou une équipe de héros. Sauf que dans Justice League, le résultat est totalement incohérent, désincarné et charcuté pour que le récit passe sous la barre des deux heures.

Le développement des nouveaux personnages à savoir, Cyborg, Aquaman et Flash est vraiment en demi-teinte. Le personnage de Barry Allen aka Flash est vraiment développé à la va-vite. On comprend les enjeux du bolide écarlate: le dilemme avec son père emprisonné et le fait que Barry n’ai aucun ami. Mais tout ceci est simplifié à l’extrême, pour que son développement tienne en seulement deux heures de film. Du côté d’Aquaman en revanche c’est une catastrophe. Si le personnage n’était pas présent dans le long-métrage, tout serait pareil. Ses enjeux avec le monde d’Atlantis, ses origines mi humaines-mi Atlantes. Mais encore une fois tout est simplifié au minimum. Lors de la venue de Steppenwolf (l’antagoniste du film) à Atlantis, toute la scène d’action et de développement est balancée en moins de cinq minutes. Le film essaye même de donner de l’importance au personnage lors d’une scène de discussion avec un personnage Atlante, qui se révèle être Mera (la femme d’Aquaman dans les comics). Mais si l’on n’est pas fan de comics ou un minimum renseigné, ce personnage rejoindra tous les autres personnages du film que le grand public ne connaît sûrement pas.

Parmi les petits nouveaux, c’est donc Cyborg qui s’en sort avec les honneurs. On comprend assez vite la condition de ce personnage. Un jeune adulte promis à une grande carrière dans le football américain, mais qui suite à un accident a dû se résigner. On voit que le personnage vit très mal le fait d’avoir toutes ces prothèses cybernétiques, il ne se sent plus humain, il se voit comme une sorte de monstre mécanique. On constate ici un joli parallèle avec la créature de Frankenstein: le personnage est ramené à la vie, mais a été tellement modifié qu’il ne se sent plus humain (même si la relation avec son père et son background est expédiée).

Autre gros défaut que se coltine le film est malheureusement ses effets spéciaux. Avec un budget de près de 300M $ (hors promo), on a de quoi être scandalisé devant la non maitrise des FX du film. Lors de la première partie du film, ils sont plutôt bien utilisés (notamment la première scène d’action où l’équipe affronte pour la première fois Steppenwolf). Mais lorsque que l’on arrive en fin de film (en Russie il me semble), on a vraiment l’impression d’assister à une cinématique de jeu vidéo: l’antagoniste est tout simplement hideux, on a vraiment l’impression de voir une bouilli de pixels plus qu’un réel personnage. L’étalonnage est lui aussi très mal géré, tout est trop coloré et lumineux (trop coloré dans le sens où cela fait presque mal aux yeux par moments), surtout lorsque l’on voit un simple plan d’une voiture sur une route de terre et que tout autour semble être artificiel.

Le long-métrage décide subitement de ne plus tenir compte des précédents films, notamment avec Batman. Le chevalier noir est devenu le plus grand fan de l’homme d’acier, alors que dans le film précédent il voulait le tuer. Alors certes à la fin de Batman V Superman, Bruce reprend espoir et se rend compte qu’il avait mal cerné Superman. Mais dans Justice League ce n’est pas subtil pour un sou, on dirait vraiment que Bruce Wayne est une groupie de l’homme d’acier. Sa fameuse résurrection (car oui ce n’est une surprise pour personne que Superman soit de retour), est vraiment faite n’importe comment, car elle invalide totalement le dernier plan de BVS (là où la terre se met à bouger sur le cercueil).

On peut aussi constater que le long-métrage a le cul entre deux chaises. D’un côté le ton sérieux des précédents films et le fait de rajouter des blagues à certains personnages comme Batman. Que le film soit moins sombre est logique, car à la fin de BVS, Bruce se rend compte qu’il s’était plongé dans une spirale de ténèbres et qui finalement retrouve espoir. Mais le fait que l’humour prenne une place trop importante au sein du récit montre que Warner s’est plié face aux critiques faites à l’encontre de BVS disant que ça manquait d’humour (bravo vous êtes content maintenant ? de l’humour maintenant vous en avez !!!!!).

Parlons cette-fois bande originale cette fois qui est composée par Danny Elfman depuis que Whedon est arrivé et que Junkie XL se soit fait licencier. Malheureusement il n’y en a pas. Aucun thème marquant, même les thèmes composés pour accompagner que les compositeurs ajoutent pour que cela fasse  »cool » (mais si vous savez ce genre de thèmes que l’on trouve cool sur le coup et que l’on oublie juste après la séance). Ce bon papy d’Elfman recycle même ses anciens thèmes marquants. Comme le thème du Batman de Burton de 1989 (oui on en est là). Mais ne jetons pas la pierre facilement à Elfman car il n’a eu que très peu de temps pour composer ses thèmes correctement et pire il n’avait même pas de story-board pour adapter ses thèmes à l’ambiance du film (Encore une fois merci Warner).

Pour finir sur une lueur d’espoir au milieu de la pénombre (car oui le film a quand même quelques qualités), on pourra noter que l’alchimie entre les membres de la Ligue fonctionne plutôt bien. Batman en chef d’équipe est plutôt convaincant même si l’amazone a son mot à dire. Tous les membres de l’équipe sont plutôt complémentaires, chacun à son moment pour briller (surtout Flash).

Le casting dans son ensemble est plutôt honorable. Ezra Miller est plutôt bon en Flash, Jason Momoa est excellent en Aquaman malgré que son personnage ne serve à rien dans le film, Gal Gadot est toujours aussi parfaite en Wonder Woman, Ben Affleck fait le service minimum (c’est clairement l’acteur le plus en retrait des 6 membres). Mais la vraie surprise de ce film, c’est Ray Fisher dans le rôle de Cyborg. Car la tâche n’a pas dû être aisée, l’acteur campe un personnage entièrement en CGI, mais arrive à faire exister son personnage.

On notera aussi quelques scènes qui mettent bien en valeur nos héros: toutes les scènes avec Flash (même si un certain Quicksilver est passé par là avant), le plan de fin avec tous l’équipe au complet, la bataille dans les égouts, le plan ou la ligue sort de la Batcave pour monter dans le Batplane, où encore le flashback de Diana qui nous raconte la première invasion de Steppenwolf sur Terre (cette scène c’est du Snyder pur jus). Mais surtout on notera la 2ème scène post-générique qui annonce véritablement du lourd (ceux qui ont vu le film comprendront).

Conclusion: Justice League avait le potentiel pour être un grand film de super héros, malheureusement les séances de réécriture, le charcutage de la Warner et l’obligation de tout faire tenir sous la barre des deux heures ont eu raison du film. On a donc droit à un mélange du montage de Snyder, des reshoots de Whedon et des cut de la Warner qui donne l’impression que Justice League est une sorte de monstre de Frankenstein. L’univers DC est malheureusement en danger après ce film.

Note attribuée:

Attendu comme le messie mais descendu en flèche aussi bien par les spectateurs que les critiques, « Justice League » fait parler de lui de manière très négative. Mais est-ce que le film mérite un tel bashing ?

Le monde est dans un triste état après la mort de Superman. Mais alors qu’un danger arrive de loin, Batman va devoir rallier diverses personnes aux capacités hors du commun afin de sauver notre monde.

Commençons par un constat assez simple : le DCEU souffre. Il souffre des critiques généralement négatives entourant ses productions, de la concurrence de Marvel (plus rentable et aux retours plus positifs), de fans souvent tatillons et d’un public qui boude les volontés artistiques derrière les blockbusters qu’on leur propose. On ne va pas non plus faire comme si tous les films sortis depuis « Man of steel » étaient la quintessence du cinéma actuel populaire, mais il faut reconnaître qu’il y a eu beaucoup de chipotages (notamment de la part de l’auteur de ces lignes à la sortie de « Batman V Superman ») qui n’ont pas aidé la Warner à être en confiance. C’est là d’ailleurs le principal défaut de « Justice League » : on sent que le studio a essayé de calibrer un projet aux ambitions apocalyptiques afin de le rendre plus viable aussi bien de manière financière que critique. Cela donne une sensation nette d’identité dans un long-métrage tiraillé entre la force visuelle lyrique de Zack Snyder et le travail de personnages reconnaissables de Joss Whedon.

Mais pourtant, c’est comme si le film théorisait lui-même sur cette situation via sa structure. L’histoire confronte deux idées opposées de communautés : celle où une société est structurée par les individus, et celle où l’individu est structuré par une société. L’opposition se fait donc entre la ligue des justiciers, parias de leurs univers pour différentes raisons (passé douloureux, liens familiaux, accidents), et une structure qui veut imposer sa conception de société où l’individu s’efface pour ne former qu’un rouage de son monde. Cette idée de personnalités cherchant à être façonnées à la manière d’une communauté est présente dans chaque film du DCEU, et voit ici une forme d’apogée où les rejetés d’une structure imposée parviennent à se former en une cellule presque familiale. En sachant que beaucoup de personnes ont voulu mettre leur grain de sel dans la production, on peut y lire une façon de montrer que c’est en acceptant l’aspect unique d’une personne que l’on peut atteindre une forme de bien commun. C’est ainsi que les meilleurs moments du long-métrage sont ceux où l’on sent la volonté d’un spectacle différent plutôt que du produit grand public (Flash et son père, certains plans proches du comics, le dialogue dans la ferme des Kent).

 

C’est une leçon assénée par chacun des films du DCEU : quand l’individu se voit imposé d’agir dans une forme de contrainte oppressante, cela ne peut mener qu’à une réaction forte de la personne en question. Cela rend encore plus visible les tentatives de réajustement du travail de Snyder dans un moule plus lisse, cassant certaines images dotées d’une force narrative visuelle et dévoilant plus les rouages d’une mécanique presque rouillés, que ce soit certaines transitions ou certaines images où le fessier de Wonder Woman est mis en avant (sachant que son interprète a refusé de jouer l’amazone tant que la société de Brett Ratner, RatPac, continue à financer les métrages DC, on peut y voir une triste coïncidence avec les révélations récentes). Cette situation est tellement dommageable pour un long-métrage ne retenant à peine son aspiration d’offrir un spectacle où l’espoir et la lumière reviennent par la volonté d’individus obligés d’agir. Se morfondre sur la situation de notre univers ne sert à rien, ce n’est que par l’action que l’on peut la changer. Il faut rallumer par soi-même l’optimisme pour qu’il renaisse dans le cœur de chacun.

Par ses aspects lumineux, par ses tentatives de s’extraire de la condition qu’on a voulu lui imposer, « Justice League » est un blockbuster intéressant à analyser et plus appréciable que ce qu’ont déclaré certains. Son imperfection et la frustration qu’il provoque ne sont au final que le fruit d’une structure sociale imposant un moule commun là où l’unicité devrait être célébrée. Si l’on arrêtait de se comparer à son concurrent et que chacun acceptait sa nature, ses rêves, ses ambitions, ses qualités et ses défauts, peut-être y aurait-il plus de place pour illuminer les héros de notre monde et moins pour la déception et la colère…

Note attribuée:

 

 

 


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Bonjour je me présente, je m'appelle Valentin, je suis co-rédacteur en chef sur ce site. Je suis un fan de cinéma de SF et de films de super héros. Ces deux genres ont bercé mon enfance. Avec des longs-métrages tels que les Spiderman de Sam Raimi, les X-Men de Bryan Singer, les Matrix des Wachowski et les Retour vers le futur de Zemeciks. Avant, je ne prenais le cinéma que pour me divertir, mais depuis quelques années, je me rend compte qu'il peut nous divertir autant qu'il peut nous faire réfléchir. C'est pour cela, peu importe le type de film que je regarde, j'essaye de voir si le rélisateur veut nous dire quelque chose à nous spectateur.

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