Spider-Man voltige

Date de sortie: 2002, 2004 et 2007
Réalisateur: Sam Raimi
Acteurs principaux: Tobey McGuire, Kirsten Dunst, Willem Dafoe, Alfred Molina, J.K Simmons et James Franco
Genre: Super-Héros 
Nationalité: Américain
Compositeurs: Danny Elfman et Christopher Young

À moins de vivre dans une grotte profonde et totalement dénuée de connexion internet, vous n’avez certainement pas manqué la mise en ligne de la bande-annonce du prochain film Spider-Man: No Way Home du Marvel Cinematic Universe. Comme à chaque nouvelle itération des aventures de l’homme araignée au cinéma, l’ombre de la trilogie signée par Sam Raimi plane sur le nouveau film annoncé. Les films The Amazing Spider-Man portés par Andrew Garfield n’avaient pas échappé à cet état de fait, pas plus que les deux films suivant mettant en avant le jeune Tom Holland dans le rôle du tisseur. Certains diront que c’est un réflexe logique de toujours tout ramener à cette trilogie, les trois films du réalisateur ayant défini la « charte » du film de super-héros. Toutefois il y a quelque chose de différent qui émane de partout depuis la sortie de cette dernière bande annonce. L’ombre des films de Sam Raimi se fait beaucoup plus forte que par le passé et va jusqu’à absorber toute l’attention autour des nouvelles aventures Marvelienne du disciple d’Iron Man. On ne reviendra pas en détail sur les images qui nous ont été présentées, le film paraissant aussi plat et moche visuellement que les deux opus précédents. Ce qui marque c’est l’aveu d’échec qui se dégage de cette bande annonce quant au fait que le Spider-Man du MCU n’aura jamais réussi à captiver le public et à être plus qu’un simple Iron-Boy. Que faire lorsque votre nouvelle tentative d’adaptation d’un personnage ne bouscule pas les passions et laisse la critique indifférente ? La réponse est simple, on rappelle les méchants des anciennes saga. Le trailer a en effet révélé que Willem Dafoe et Alfred Molina reprendront leur rôle respectif du Bouffon Vert et du Docteur Octopus. De plus, des fuites de tournages semblent indiquer que Tobey Maguire et Andrew Garfield seraient également de la partie pour incarner de nouveau le rôle de l’araignée sympa du quartier. Bien que nous savions déjà que les films de Jon Watts ne pouvaient se mesurer un instant aux trois œuvres de Raimi qui ont immortalisé le Tisseur sur grand écran, il est navrant de constater que Marvel et Disney n’aient rien trouvé d’autre que de déterrer des vestiges. Ceci étant dit, nous devons avoir l’honnêteté de dire que nous ne bouderons certainement pas le plaisir potentiel de retrouver un Maguire vieillissant dans ce rôle iconique, même le temps de quelques minutes. Si on peut en vouloir aux équipes créatives des studios Marvel de ne pas avoir su proposer une nouvelle version convaincante de l’homme araignée, il n’est pas étonnant de les voir céder à la facilité du fan service en ramenant des éléments majeurs de la première trilogie. Au fond, la trilogie de Sam Raimi qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qu’elle représente ? Bien qu’il ne s’agisse pas des premiers films de super héros, ni même des premiers films de qualité de ce type, cette trilogie reste la pierre angulaire du genre. Sortis à une époque où les films de super héros étaient souvent vus comme des oeuvres un peu ringardes, ces trois films ont mis dans la tête du grand public qu’il était possible de faire du grand cinéma en se basant sur des personnages issus de comic-books. Pour preuve de son impact considérable, Il suffit de voir le nombre conséquent de films ayant tenté de dupliquer la structure du premier Spider-Man dans le but de montrer les origines d’un super-héros. Même Batman Begins, malgré un ton beaucoup plus sombre, empreinte fortement à la structure du premier opus. Sam Raimi a su établir en trois films un mètre étalon intemporel, souvent copié mais jamais égalé. C’est sur ce monument cinématographique qu’il convient de revenir le plus en détail possible.

Spider-Man logo

La genèse d’une légende

Si aujourd’hui les films de super-héros inondent presque tous les trois mois les écrans des salles de cinéma, ce n’était pas le cas il y a vingt ans. Au début des années 2000 le registre du film de super-héros n’avait pas vraiment le vent en poupe et était très souvent raillé. Quand on parlait de film de super-héros à l’époque on pensait évidemment au premier Superman sorti en 1978 et réalisé par Richard Donner. On pensait aux deux films de Tim Burton sur Batman, plus spécifiquement à Batman Returns, mais on parlait surtout de l’incroyable premier film X-Men de Bryan Singer qui avait marqué le public avec sa réalisation incroyable et ses thématiques sociales puissantes. D’autres n’oublieront pas de mentionner le fascinant Incassable de M. Night Shyamalan et sa façon ultra réaliste de traiter du mythe du super-héros, cela bien avant la claque que fut le The Dark Knight de Christopher Nolan en 2008. Cependant, ces films représentaient un peu l’exception car, durant ces années là, quand on parlait de films de super héros on pensait surtout à des films d’une nullité abyssale tels que tous les films Superman qui ont succédé au premier, on pensait aussi à Batman Forever ou à Batman et Robin ou à d’autres horreurs telles que le film Captain America sorti en 1990. Mettre en scène un personnage en collants colorés n’était pas encore la garantie pour les studios de ramasser une somme colossale d’argent. Ce n’est pas un hasard si le peu de films réussis de ce style au début des années 2000 furent le fruit de réalisateurs talentueux, passionnés et qui avaient une véritable vision de l’oeuvre. Adapter Spider-Man sur grand écran a été une tâche quasi herculéenne et le projet a mis des années à aboutir sur quelque chose permettant de lancer proprement un tournage, la faute à une situation particulièrement nébuleuse sur les ayants droits d’une adaptation cinématographique des aventures de l’homme araignée. Cela peut paraitre difficile à croire quand on voit le mastodonte qu’est devenu Marvel en 2021, notamment avec l’avènement du MCU en 2008, mais Marvel n’a pas toujours été en bonne posture financière, loin de là. Au début des années 1990 les ventes s’effondrent de façon catastrophique, malgré des succès importants durant les années 80 grâce à un tournant un peu plus mature au niveau du contenu des oeuvres publiées. Marvel vit ensuite des années très difficiles suite à une succession de mauvais choix éditoriaux, une baisse de la vente des produits dérivés et la fuite de nombreux talents ayant décidé de créer leurs propres maisons d’édition. La société est rapidement mise en faillite et fait l’objet de tentatives de rachat par des entrepreneurs luttant pour mettre la main sur la maison d’édition.

Spider-Man Marvel

En 1998, Marvel est finalement sauvé et connaît un renouveau inespéré sous la direction éditoriale de Joe Quesada. C’est sous son impulsion que Marvel commence également à s’impliquer dans les adaptations cinématographiques de ses licences. Suite aux succès des adaptations tirées de séries mineures comme Men in Black en 1997 et Blade en 1998, elle négocie les droits d’adaptation d’autres licences avec différents studios, permettant ainsi la production de grands succès comme X-Men en 2000 et Spider-Man en 2002. En ce qui concerne les aventures de l’homme araignée cela a été un grand bordel. Il faut savoir que l’adaptation cinématographique de Spider-Man a été un serpent de mer pendant de longues années. Les droits d’adaptations avaient été cédés dès 1985 au studio Cannon Group pour 225 000 dollars américain, une somme dérisoire comparée à la valeur de la licence aujourd’hui, avec pour seule condition de lancer la production du film avant avril 1990. Le petit soucis c’est que Cannon Group était déjà en difficulté financière après l’échec cataclysmique de l’infâme Superman IVRapidement le groupe est absorbé par Pathé Communication qui décide rapidement de transférer les droits vers la 21st Century Film Corp, repoussant ainsi la production à janvier 1992. Ce n’est là que le début des problèmes car la MGM, ayant fraichement acquis la 21st Century Film Corp, conteste le transfert des droits. Les droits se retrouvent donc piégés dans un noeud juridique difficilement démêlable, faisant s’affronter Colombia Picture, la société Carolco avec qui Marvel avait précédemment passé un accord pour l’adaptation et la MGM ayant acheté Carolco au bord de la faillite et qui finit par réclamer aussi sa part du gâteau. Le 2 mars 1999, au bout de huit années de procès, Columbia Pictures et sa maison-mère Sony Pictures Entertainment obtiennent les droits de produire des films sur Spider-Man. Sony Pictures, ayant maintenant la main sur le projet, a d’abord dans l’idée de reprendre le développement imaginé par James Cameron pour Carolco, mais ce dernier n’est plus intéressé et a tourné la page depuis plusieurs années. C’est alors que commence la folle recherche du parfait réalisateur pour un projet de cette ampleur. Tim Burton et David Fincher sont un temps envisagés mais c’est Sam Raimi qui remporte la mise en janvier 2000 après avoir su démontrer sa grande connaissance des aventures de l’homme araignée. Le scénario de James Cameron est d’abord conservé avant d’être éjecté, Sam Raimi voulant livrer une version personnelle de Spider-Man. Le script est donc totalement réécrit par lui et le scénariste David Koepp. Du script de Cameron ils ne conservent que l’idée des toiles organiques. Ayant maintenant un réalisateur et script entièrement travaillé il ne restait plus que à construire l’équipe du film et à trouver le parfait acteur pour incarner Peter Parker.

Trouver la tête d’affiche d’un film de super-héros est souvent un exercice compliqué. Alors que Sam Raimi a rapidement choisi Willem Dafoe pour jouer le Bouffon Vert, Kristen Dunst pour interpréter Mary-Jane Watson ou encore James Franco pour le rôle de Harry Osborn, il a mis beaucoup plus de temps pour se décider quant à l’interprète de Peter Parker. Si le réalisateur a été très méticuleux pour le choix de l’insecte qui allait piquer Peter Parker, la faisant importer directement de Nouvelle-Zélande pour avoir le spécimen parfait, il se montra aussi pointilleux pour choisir la pierre angulaire de son casting. De nombreux acteurs sont envisagés et passent les casting, certains étant maintenant particulièrement renommés comme Jude Law ou Elijaah Wood. C’est finalement Tobey Maguire qui a décroché le droit d’enfiler le costume de l’homme-araignée. Ce sont notamment ses essais dans le costume de Spider-man qui auraient définitivement fait pencher la balance en sa faveur, éclipsant ainsi tous ses concurrents. Pour Sam Raimi il ne faisait aucun doute que Maguire allait représenter le coeur et l’équilibre du film. Ironiquement, Tobey Maguire connaissait très peu le comic-book Spider-Man. Loin d’être un fan de la bande-dessinée originale, il a du lire de nombreux numéros pour préparer son rôle et saisir le personnage qu’il allait incarner. Il a également subi un entraînement intense. Pendant plusieurs mois, il a développé à la fois sa force et son agilité. Toutefois ce n’est ni pour ses connaissances ou sa forme physique que Maguire a été choisi car ces deux éléments peuvent se travailler. Ce qui a notamment fait la différence c’est son apparence et surtout ce qu’il dégageait.  Peter Parker ce n’est pas Bruce Wayne ou Tony Stark, il n’est pas spécialement cool ou charismatique. Ce n’est pas non plus un flambeur populaire. Peter Parker c’est un petit gars normal du Queens. C’est un jeune adulte comme on en trouve beaucoup. Il est introverti, un peu ringard et surtout terriblement maladroit avec les filles. Maguire est un acteur qui avait à l’époque un physique bien particulier, presque ingrat selon certains, lui permettant de livrer une prestation crédible du ringard qu’est Peter Parker avant de devenir Spider-manMaguire dégageait tout ce qu’il fallait pour jouer à la perfection un monsieur tout le monde un peu gauche, terriblement attachant et qui se retrouvait à devoir faire face à la complexité des responsabilités qu’un héros doit endosser, tout en subissant le terrible passage de la fin de l’adolescence au début de la vie d’adulte. Peter Parker ce n’est pas quelqu’un que l’on fantasme ou que l’on envie, c’est quelqu’un que l’on voit endurer et s’accomplir, nous mettant ainsi face à notre propre condition humaine.

Super-héros mais surtout super humain.

Etymologiquement, les super-héros sont des herôs, autrement dit, des hommes et des femmes dotés de capacités extraordinaires. Lorsque les premiers super-héros font leur apparition, la société américaine est en crise et a besoin de nouveaux repères. Les auteurs de comics émergent et imaginent alors des exemples de vertus prà porter le poids du monde sur leurs épaules pour aider les opprimés. Ils incarnent l’espoir en un monde plus sûr et plus juste. Malheureusement ce rapport aux autres et à la vie humaine s’est beaucoup perdu dans les films de super-héros actuels, complètement vidés de toute dramaturgie et ne représentant plus que ces surhommes comme des super-fonctionnaires complètement déconnectés du monde. Cet aspect primordial dans l’établissement d’une mythologie convaincante était bien compris par Sam Raimi qui ne livra pas simplement une trilogie de surhomme se balançant de toits en toits mais un véritable récit humain via un beau et puissant parcours initiatique. C’est un long parcours sur la quête d’identité que Raimi développe dans ses trois films, provoquant toujours davantage d’empathie pour son personnage principal et ceux qui l’entourent. Le plus intéressant chez ces surhommes reste leur part humaine. Sam Raimi a toujours clamé que le moteur principal des trois films a toujours été la profondeur, la richesse des personnages et la façon dont leurs vies sont liées. L’amour qu’éprouve Peter pour Mary-Jane Watson et son amitié avec Harry Osborn constituent depuis le début l’aspect le plus riche de l’histoire qui nous est racontée, ainsi que l’artère principale de toute la dramaturgie de la vie de notre héros. Au début Peter n’est qu’un jeune adulte épris d’un amour absolu pour sa voisine qu’il connait depuis l’enfance. Il est d’ailleurs intéressant de constater que toute la construction du premier opus fait de Mary-Jane Watson le personnage majeur du film. L’histoire s’ouvre sur elle, c’est elle qu’il faut regarder car elle est tout pour ce jeune garçon naif. C’est en la regardant pensif qu’il se fait mordre par cette fameuse araignée. C’est en voulant l’impressionner avec une voiture qu’il se retrouve à imaginer un costume pour participer à des combats de catch clandestins pour se faire de l’argent, entrainant ainsi indirectement la mort de son oncle. Tout au long du film il lui court après, la désire avec passion, la sauve encore et encore, offrant au spectateurs l’un des baisers les plus cultes de l’histoire du cinéma, pour finalement lui tourner le dos car l’enfant qu’il était au début du film finit par prendre pleinement conscience de sa condition de surhomme. Porteur à la fois d’un don et d’une malédiction, Peter se retrouve face à un triste constat : peu importe ses actes ou sa détermination, ses proches finiront toujours par en payer le prix. Les morts successives de son oncle et du père de Harry, alors que Peter cherchait simplement à stopper la folie meurtrière de Norman Osborn, sont autant d’éléments qui lui incombent de ne plus exister en temps que Peter Parker et d’accepter les responsabilité de son grand pouvoir : Il est Spider-Man.

Tout au long de sa saga, Sam Raimi met énormément en avant la question de la paternité via les liens père/enfant. Peter Parker ne devient pas Spider-Man parce qu’il est un super-héros dans l’âme. Il le devient car la conséquence de ses choix égoïstes provoquent indirectement la mort de son référent paternel et ont failli l’amener à se perdre sur le chemin de la vengeance. C’est grâce au pouvoir du temps, qui lui permet de faire son deuil, qu’il finit par comprendre pleinement cette phrase de son oncle « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, n’oublie jamais cela ». La perte du père représente ainsi les premiers pas de Peter vers l’âge adulte et vers l’homme qu’il est censé devenir. C’est avant tout ce puissant amour filiale entaché par le regret qui entraine la naissance de ce super-héros et non pas une vertu indéfectible qui habitait le personnage depuis toujours. Une grande partie des personnages principaux de la trilogie est impactée par cette thématique du lien paternel C’est notamment le cas de Harry Osborn qui marche tout du long de la trilogie dans l’ombre de son père, cherchant constamment dans le premier film à recevoir l’approbation de cette figure paternelle intransigeante qui semble parfois plus admirative de Peter que de son propre fils. Là où la mort de la figure paternelle a amené Peter sur le chemin de la vertu, Harry emprunte le chemin de la rancoeur et de la haine. Ne pouvant plus recevoir l’approbation de son père, il est alors motivé uniquement par la volonté de dépasser son père dans tout ce qu’il entreprend et par un désir de vengeance extrême à l’encontre de Spider-Man qu’il tient pour responsable de la mort de ce dernier, l’amenant peu à peu à mépriser son meilleur ami à qui il en veut particulièrement de ne pas lui révéler l’identité de l’homme araignée. Le monde de Harry s’effondrant lorsqu’il découvre que la personne qu’il hait le plus et celle qu’il aime le plus au monde ne sont en fait que une seule et même personne, le poussant alors encore plus loin sur le chemin de la rancoeur pour contenter une image paternelle qui l’obsède, avant de finalement se ranger du coté de Peter en laissant derrière lui l’emprise néfaste de ce père qui n’aura jamais été là pour lui. Cette thématique peut même se retrouver chez le personnage de Mary-Jane, fuyant un père ordurier qui passe son temps à la rabaisser, donnant ainsi une explication à son besoin de briller sous les projecteurs de Broadway et à sa faculté à s’ébranler facilement à la moindre critique presse qui se matérialise comme un écho aux mots de son père. Comment ne pas non plus citer Sandman, ce petit gangster malchanceux des bas quartiers transformé malgré lui en monstre, ne vivant que pour subvenir aux besoins de sa fille, nous proposant ainsi un méchant ambivalent, plus victime qu’autre chose. Un sentiment provoqué dès la naissance du personnage qui reste encore aujourd’hui un véritable moment de poésie cinématographique. Si nous prenons un peu de recul sur la trilogie, il apparait que ce thème de la parentalité sert surtout à Sam Raimi pour nous abreuver en filigrane de façon permanente sur la question des responsabilités, véritable moteur philosophique de son récit héroïque.

« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » est surement l’une des phrases les plus cultes de l’histoire du cinéma. À l’instar du « Je suis ton père » de L’empire contre-attaque, tout le monde a déjà entendu ces mots même sans avoir forcément vu les films de Sam Raimi.  Au fil du temps, ces quelques mots sont presque devenus une référence faisant sourire, à tel point que l’on en oublierait presque le sens profond de cette morale qui porte l’entièreté des trois films.  Quand on est un être exceptionnel avec des capacités hors normes, on se doit de mettre ces dons au service de l’humanité. C’est le principe du premier de cordée, celui qui donne l’élan et doit donner l’exemple aux autres. Tel est le devoir d’un super-héros dont la vie n’est pas faite que de paillettes et d’actes sans conséquences. Le premier opus nous laissait sur un Peter Parker prenant conscience de tout cela, décidant de se consacrer pleinement à ses responsabilités de super-héros sans se douter de la complexité de la tache qui l’attendait pour faire cohabiter ses deux identités. En entrant dans la vie d’adulte, il n’arrive pas à gérer sa double vie, à trouver un équilibre et c’est pour cette raison que le deuxième opus de cette trilogie est le plus grand film de super-héros de tous les temps. En se consacrant entièrement aux autres il devient paradoxalement un fauteuil vide pour ses proches, comme le lui explique Mary-Jane. Paradoxalement, si Spider-Man est bénéfique pour la ville de New-York, il est néfaste pour Peter qui se noie dans ses études, ne parvient pas à garder le moindre job et abandonne sans le vouloir ses proches, se retrouvant parfois dans des situations ambivalentes comme dans sa relation avec Harry qui ne vit plus que pour tuer l’Homme araignée sans savoir qu’il se trouve sous son nez. Peter prend conscience que, tout Spider-Man qu’il est, il ne peut s’accomplir en oubliant de vivre. Il fait ainsi le choix de se consacrer uniquement à sa vie de Peter Parker mais, là aussi, la réalité le rattrape et il se rend rapidement compte qu’il ne peut pas vivre en tournant le dos à l’injustice. Une énième fois il décide de faire une croix sur ses rêves personnels pour porter sur ses épaules le poids de la ville de New-York et de ses habitants. La petite différence étant que cette fois il n’assume plus son statut de héros par pénitence pour honorer son oncle mais bien par choix. C’est cette absence de pénitence qui permet enfin à Mary-Jane de se glisser dans la vie de Peter, consciente de son identité. C’est ainsi que s’ouvre le troisième film, nous montrant un Peter qui a certes appris à lier sa vie personnelle et son activité de protecteur mais qui doit parachever son parcours vers l’âge adulte en étant capable de faire passer sa femme avant lui alors que cet ancien petit ringard du lycée tombe peu à peu sous l’emprise de l’admiration qu’il suscite dans toute la ville. L’utilisation de Venom permet d’ailleurs de faire une allégorie de la dépendance à la drogue chez Peter qui perd totalement pied et ne se focalise plus que sur ce qui flatte ses bas instincts avant de revenir vers la lumière. Leur parcours de vie se finit à l’écran sur une note un peu douce amère, symbolisant deux adultes liés à vie et ayant réussis à embrasser l’entièreté de leurs responsabilités, portant les cicatrices qu’une telle mue ne peut qu’amener. C’est en mêlant le récit de Peter face à ses responsabilités et en l’opposant philosophiquement à ses ennemis que Raimi arrive à faire de cette trilogie une maestria d’écriture. Comment ne pas citer le Docteur Octopus, cet homme qui n’est qu’un scientifique normal, profondément passionné et voulant réaliser son rêve avant de se perdre dans les méandres de la folie pour y arriver. Il finit par obtenir sa rédemption en se rappelant que l’intelligence est un don à mettre au service des autres et non un privilège alors que il fait face à un Peter en posture de martyr, refusant le combat, afin de lui faire entendre qu’il comprend la difficulté d’abandonner ses rêves les plus chers pour se mettre au service du bien commun. Cette séquence, montrant le héros dans un rôle de guide qui ne cherche pas à terrasser son ennemi mais à le ramener sur le chemin de la raison, permet de faire écho au propos de Tante May quant au fait qu’un héros sommeille en chacun de nous et qu’il ne suffit parfois que de la bonne inspiration pour faire vibrer cette corde dans le coeur de tous. Au final nous sommes tous responsable de nos actes et nous pouvons tous choisir le chemin du héros.

Une maestria visuelle.

Il est temps d’aborder ce point car la trilogie de Sam Raimi n’est pas seulement bien écrite, elle est surtout incroyablement mise en scène, portée par un véritable esthète de la caméra qui nous régale à chaque instant. On a tendance à dire que Raimi fait de la caméra le personnage principal de chacun de ses films, lui permettant de construire des films avec des identités visuelles forte que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Cette capacité à faire de la caméra une véritable projection mentale de ce qu’il fantasme et de ce que font les personnages lui permet de délivrer des plans iconiques et terriblement spectaculaires, oú l’objectif plonge au sein de l’action, voltige dans un ballet apparemment chaotique mais qui est au final incroyablement ordonné et pensé. Sous bien des aspects toutes les scènes d’action de la trilogie représentent une esthétique de la démesure. Les batailles de notre super-héros sont impressionnantes, filmées avec beaucoup de volume et toujours en mouvement alors que paradoxalement elles sont terriblement simples puisque le réalisateur s’évertue constamment à rester à échelle humaine. Il ne filme jamais d’explosion massive en mettant en scène des méchants tout puissant qui menacent d’anéantir toute vie dans le cosmos. Les enjeux sont beaucoup plus terre à terre et palpables. Certes, cela se déroule sur un train lancé à pleine vitesse, un building ou un pont gigantesque mais entre Spider-Man et ses opposants, tout se passe au corps-à-corps, Raimi parvenant à nous scotcher avec une incroyable simplicité. La force de ces films est notamment que l’action est toujours incroyablement lisible. Raimi n’abuse pas des coupures abusives ou des plans de caméra faussement audacieux pour nous donner l’illusion d’une scène dynamique. Raimi use de plans étudiés dans les moindres détails et laisse constamment respirer l’action en utilisant un maximum de plan long pour nous délivrer des chorégraphies à nous en faire perdre la mâchoire. La scène du train de Spider-Man 2 est un parfait exemple de cette maestria. Le combat entre Spider-Man et Docteur Octopus étant une référence absolue de l’affrontement dans un film de super héros. Ce qui est parfaitement remarquable chez Sam Raimi, c’est qu’il est tout aussi à l’aise pour les séquences d’actions que pour les moments un peu plus intimistes, comme en témoigne la scène du baiser du premier opus, l’abandon du costume dans une poubelle dans le deuxième épisode et cette danse romantico-mélancolique à la toute fin du troisième film. Il réussit à nous transmettre les émotions de ses personnages pour donner au film de l’impact sur le spectateur. Le réalisateur propose une mise en scène avec des poses et un découpage qui donne au film un aspect bande dessinée, le plus belle exemple de cela étant cette transition à partir des yeux de Octopus qui observe Spider-Man en pleine voltige. Le tout est en plus magnifié par une bande son signée Danny Elfman qui est au sommet de sa forme. Quiconque entend le thème musicale principal de cette trilogie aura fortement envie de se prendre pour l’araignée et de se balancer de toits en toits. Cette symbiose entre l’image et la musique est enivrante et nous absorbe complètement dans ce récit héroïque et humain. Cette trilogie incarne en quelque sorte les vestiges d’une période où l’on avait pas peur de confier un film de super-héros à un réalisateur ayant sa propre patte et qui ne signait pas uniquement pour remplir un cahier des charges.

Sam Raimi s’est fait connaitre avec la saga d’horreur Evil Dead et un gout prononcé pour le kitch. Il maitrise tellement bien ce registre qu’il arrive à construire une trilogie aux thématiques sérieuses et à la dramaturgie intense sans jamais renier ce pan de son cinéma. Cela se traduit par son talent particulier pour les gags visuels. Il est capable de vous arracher un sourire rien qu’en filmant le personnage de Peter Parker qui enchaine des maladresses dignes d’un Pierre Richard. On pense notamment à cette scène du gala dans Spider-Man 2 durant laquelle Peter se fait toujours devancer pour le dernier petit four restant sur une assiette ou lorsqu’il tombe sur un verre vide alors qu’il arrive enfin à prendre quelque chose sur les plateaux des nombreux serveurs qui s’affairent dans tous les sens. L’un des grands atouts rire de cet univers kitch dessiné par Raimi est sans aucun doute le personnage de J. Jonah Jameson. Incarné par un J.K. Simons au sommet de sa forme. Il est hilarant à chacune de ses apparitions, apportant une touche de rire grand guignolesque en interprétant ce magnat de la presse radin et colérique. Cet amour du kitch se traduit également dans le grand soin que met Raimi à exagérer les cris strident des jolies demoiselles faisant face à une situation de danger imminent. Le bonhomme se lâche, n’hésitant jamais à cadrer de manière fixe ces femmes qui hurlent à gorge déployée, nous ramenant parfois dans les clichés de certains vieux films d’horreur des années 80.  Raimi assume pleinement un visuel coloré et dynamique et s’en donne à coeur joie pour exploiter les folies que peuvent apporter son parti-pris. Ainsi, le film porte l’identité cartoonesque et irréelle propre à son cinéma, tout en délivrant des morceaux de bravoure époustouflants et dignes de la puissance que laissent transparaître Spider-Man. Voir la folie du cinéma de Raimi sur une production à si gros budget qu’une adaptation des aventures de Spider-Man est le symbole d’une époque un peu révolue pour les blockbuster tant le réalisateur se permet des digressions de styles difficilement concevables sur un film Marvel en 2021.

Raimi ne se prive de rien et n’hésite pas à glisser des séquences que l’on aurait pourtant bien du mal à imaginer dans un film de super-héros. On pensera tout d’abord à cet improbable scène du deuxième opus durant laquelle nous voyons Peter gouter de nouveau aux plaisirs de ne plus être Spider-Man en déambulant dans les rues de New-York sous la musique Raindrops Keep Falling On My Head de BJ Thomas. C’est l’occasion pour Tobey Maguire de nous faire apprécier, pendant près de deux incroyables minutes, la facilité avec laquelle il arrive à incarner ce geek complètement ringard. Cette séquence qui semble totalement hors du temps apporte un cachet fou à l’oeuvre et permet une humanisation du personnage de Peter d’une justesse folle en ayant pratiquement pas besoin de recourir au moindre mot. Il serait juste de dire que la scène sur laquelle Raimi est le plus en roue libre se trouve au sein du troisième opus de la trilogie. Il s’agit évidemment de la scène où Peter est en train de tourner du coté obscur de la force à cause des effets de Venom sur sa psyché. Bien que la scène fut décriée à l’époque car Peter y était jugé ridicule, elle est grandement réévaluée depuis quelques années. Cette scène à pourtant toujours été brillante et audacieuse. Beaucoup associent souvent le fait d’être méchant au fait d’être cool et charismatique et ne comprenaient pas que notre araignée sympa du quartier ne devienne pas un parangon de badassitude. Peter étant un ringard timide, il paraissait évident qu’en perdant tout compas morale il ne pourrait être que un ringard désinhibé. Un ringard reste un ringard, fut-il méchant ou gentil cela ne change absolument rien. Avec Spider-Man le cinéaste n’hésite pas à revenir à ses premiers amours. A savoir le genre de cinéma d’horreur fantastico-comique. Le deuxième opus de la trilogie est d’ailleurs l’occasion pour Raimi de rappeler que c’est le registre horrifique qui lui a permis de se révéler aux yeux du grand public. La scène de réveil du Docteur Octopus est un pur concentré de cinéma d’horreur, nous offrant une naissance iconique pour ce méchant dans un véritable massacre avec des gros plans sur la monstruosité naissante et les cris de ses victimes.


Un  héritage palpable

La trilogie de Sam Raimi revient dans toutes les discussions autour du registre des films de super-héros, peu importe que l’on parle de mise en scène, d’écriture des personnages ou de musiques. Elle est le mètre étalon du genre et a posé les bases que la grande majorité des films de super-héros suivant ont essayé de singer à l’extrême sans jamais l’égaler. Le fait de constamment ramener la trilogie d’origine dans les débats a même le don d’énerver certains de ses rares réfractaires qui n’arrivent pas à percevoir ce qui a fait la grandeur de ces trois films, alors que il suffit simplement de prendre un tout petit peu de recul sur l’ensemble de la production super-héroique pour s’en rendre compte. Bien que les origins story se font de plus en plus rare de nos jours car la quasi totalité des héros Marvel sont maintenant bien implantés, la recette du premier Spider-Man de Raimi est encore utilisée quand il est temps d’introduire un nouveau héros. Même en ne se focalisant pas uniquement sur le fait de raconter les origines d’un héros on constate que l’influence des films de Raimi est partout et que tout le monde tente encore de les copier. Nous pouvons toujours discuter du sens ou de l’influence d’un succès ou de la capacité d’une œuvre à en inspirer d’autres, tant en termes d’esthétique que de logique industrielle mais ce genre de discussion est bien souvent un indicateur du poids d’une licence. Ce n’est pas un hasard  si la photographie du film, lumineuse et positive, a été maintes fois copiée et que l’apparente légèreté de l’oeuvre, qui n’oublie jamais de glisser quelques moments drôles, est devenue un standard aujourd’hui. Le problème étant que la recette est bien souvent mal comprise ou terriblement mal transposée. Le problème d’un film de super-héros n’est pas de contenir de l’humour mais d’en mettre constamment, à chaque scène, détruisant ainsi le moindre enjeux dramatique. Il est compliqué de se sentir émotionnellement impliqué dans une histoire ou dans le destin d’un personnage si le film se tourne lui même en dérision. En un sens, malgré tout le génie de cette trilogie, on pourrait presque considérer Sam Raimi comme le père indirect de tous ces films du Marvel Cinematic Universe qui n’ont jamais su se montrer à la hauteur de leur genèse, transformant le registre en une gigantesque bouffonnerie explosive. Une brève recherche sur les réseaux sociaux permet de voir que les films Spider-Man de Sam Raimi sont devenus peut-être les films cultes, les plus réussis et les plus appréciés du genre. Il convient également de ne pas oublier de mentionner que la trilogie originale a connu un regain énorme de popularité depuis quelques années. L’incroyable succès du jeu Spider-Man sur Playstation 4 et la grande réussite qu’a été le film d’animation Into The Spiderverse n’y sont pas pour rien tant la saga de Raimi y est référencée à différents niveaux. Le film n’oublie jamais une occasion de nous renvoyer certains des gimmicks des films avec Maguire et le jeu video s’inscrit totalement dans l’esprit d’écriture des trois premiers films. Tout ceci a su ranimer les souvenir de cette trilogie dans le coeur des gens au point de voir de nombreuses personnes réclamer le retour de Maguire et de Raimi pour tourner ce Spider-Man 4 qui n’a jamais vu le jour à cause de différends artistiques.

Si l’héritage est facile à assumer pour la grande majorité des films Marvel, à qui il est constamment pardonné le fait de ne jamais s’approcher des ambitions cinématographiques de Raimi, cette bienveillance n’est jamais adressée aux autres films Spider-Man qui subissent parfois avec violence le poids de cet héritage. Andrew Garfield et les deux films The Amazing Spider-Man ont le plus souffert de cette comparaison avec la trilogie portée par Maguire, alors que avec le recul les films sont loin d’être aussi mauvais que ce que certains souhaiteraient nous le faire croire. Cependant il faut reconnaitre que la tâche s’annonçait ardue dès le début pour le réalisateur Marc Webb et son équipe. À la base tout le monde attendait le quatrième opus des aventures de Maguire sauf que ce film ne se fera jamais. Raimi et sa bande ayant décidé de quitter le projet à cause de trop nombreuses divergences d’opinion avec les producteur de chez Sony Pictures. La marque japonaise se retrouvait donc dans l’obligation de sortir un nouveau film sur l’homme araignée dans les 5 ans sous peine de perdre les droits d’adaptation de la licence au cinéma. C’est dans ces conditions d’urgences que naît le projet et que Andrew Garfield va devoir incarner le rôle de Peter Parker face à un public frustré de ne plus revoir le visage de benêt sympathique  de Tobey Maguire. Le premier film de cette nouvelle saga souffrira notamment d’une volonté à peine dissimulée de reproduire le schéma du premier film de Raimi, la magie et la maitrise en moins. Ce manque de talent se ressent notamment dans la mort de l’oncle Ben qui ne parvient jamais à faire vibrer autant que la première adaptation cinématographique. Le film souffre aussi d’un Andrew Garfield qui n’était pas fait pour le rôle. C’est un brillant acteur mais, bien que convainquant lorsqu’il porte le costume de l’homme araignée, il passe totalement à coté quand il s’agit d’être Peter Parker. Le Peter de Garfield est trop beau, trop branché, trop populaire pour que l’on croit un seul instant à son statut de geek persécuté. Bien que la romance entre Maguire et Dunst pouvait parfois être niaise, elle savait comment ne jamais manquer de ce souffle dramatique et épique permettant de se rendre compte de la complexité de la vie d’un super héros. Pour la romance entre Garfield et Stone c’est plus compliqué. L’alchimie entre les deux acteurs est là mais l’écriture donnait parfois l’impression d’assister à un Twilight avec des collants. The Amazing Spider-man souffrait d’une forme de schizophrénie, voulant à la fois marcher dans les traces des films de Raimi tout en voulant répondre à la nouvelle mode du film de super héros mature et sombre initiée par Nolan. Toutefois, malgré de nombreux défauts, les deux films comportaient de nombreuses qualités et une aura sympathique qui nous fera toujours regretter de ne pas avoir eu un troisième opus pour voir ce Peter Parker surmonter son deuil, afin de devenir un héros plein et entier.  La saga The Amazing Spider-Man n’ayant pas répondu aux attentes du studio, Sony décida de laisser Marvel Studio gérer la suite des aventures de l’homme araignée tout en conservant les droits. C’est ainsi que le très jeune Tom Holland apparait pour porter le costume du tisseur.

Spider-Man au pluriel

La nouvelle itération de l’homme araignée interprétée par Tom Holland était l’occasion rêvée pour enfin intégrer le tisseur dans l’univers cinématographique Marvel et le faire côtoyer d’autres super-héros comme Iron-Man, Captain America et Thor. Dès le départ Marvel a tout fait pour éloigner cette nouvelle adaptation du carcan des films de Sam Raimi. Ici on oublie l’oncle Ben qui est à peine mentionné, le référent paternel sera campé par Tony Stark. Pas non plus de Harry Osborn et de dualité s’installant entre les deux amis, ici il est remplacé par Ned, un geek à la limite du caricatural mais qui est toujours partant pour une bonne blague. Pas non plus de scène de voltige, pas de discours sur les responsabilités du héros, tout est traité à la dérision pour insérer le personnage dans le moule des productions du MCU. Toutefois, malgré cette volonté de s’éloigner de ce que la première trilogie a su instaurer, on ne peut s’empêcher de voir que le réalisateur de cette nouvelle version glisse quelques références aux premiers films, notamment visuelles, comme en témoigne la scène du ferry qui tente maladroitement de reproduire le sommet d’héroïsme qu’était la scène du train dans Spider-Man 2.  Malgré une pseudo volonté de s’en éloigner, l’aura des premiers films reste planante sur la moindre nouvelle production des aventures de l’homme araignée. Le coup de grâce pour les films de Tom Holland vient peu après la sortie du deuxième opus lui étant consacré. Nous ne débattrons pas de la qualité discutable du titre qui loupe a peu près tout ce qu’il entreprend et qui parvient à se prendre les pieds dans le tapis en ramenant maladroitement J.K. Simmons dans le role de J. Jonah Jameson. Il n’en fallait pas plus pour que l’ombre de la première trilogie éclipse totalement le Spider-Man du MCU. Depuis lors les gens n’ont cessé de fantasmer sur un potentiel film live action réunissant tous les interprètes de l’homme araignée dans le même film. Face à l’échec de Tom Holland pour conquérir le coeur des fans, Marvel n’a pas hésité longtemps pour placer son troisième film sous le joug du fan service à outrance en ramenant tous les méchants des précédents films, Molina et Dafoe en tête de liste, ainsi que Tobey Maguire et Andrew Garfield si on en croit des fuites en provenance de gens liés à la production du film. En faisant ce choix Tom Holland se retrouve ainsi désavoué alors qu’il était le seul point positif de cette nouvelle saga. Maintenant le public n’attend plus que le retour en trombe de Tobey Maguire, le temps de quelques minutes, et va jusqu’à espérer qu’une seconde chance sera laissée à Garfield alors que l’occasion lui est donnée de potentiellement briller face au Bouffon Vert et au Docteur Octopus des films de Sam Raimi et de finir ce parcours initiatique interrompu trop tôt, là où Maguire avait pu aller jusqu’au bout des thématiques de son personnage.

Spider-Man symbole

Ainsi se conclut ce tour d’honneur consacré à la trilogie de Sam Raimi qui représente tant de choses. Nous avons devant nous une véritable leçon de cinéma à la fois dans le fond et dans la forme, un mètre étalon d’un genre trop peu correctement exploité ces dernière années et, surtout, un symbole d’une époque à laquelle la mise en production d’un blockbuster super-héroique ne rimait pas nécessairement avec la volonté de franchir la barre du milliard de dollars au Box-Office. Ces trois films sont un condensé de tout ce qui fait la grandeur potentiel d’un film de super-héros. Raimi nous abreuve durant trois opus d’une mise en scène de maître nous faisant virevolter dans tous les sens au gré des voltiges de l’araignée sympa du quartier. Il n’oublie jamais de nous peindre des personnages d’une profondeur et d’une humanité incroyable afin de donner du coeur à un récit qui comprend qu’il ne peut pas uniquement exister par ses scènes d’action. Les Spider-Man de Tobey Maguire sont la définition même de l’héroïsme, nous faisant suivre le parcours initiatique d’un jeune paumé du Queens qui devient le symbole d’espoir de toute une ville et qui passe de l’enfant tourmenté à l’adulte accomplis, marqué par la vie, qui aura su devenir aussi grand en tant qu’homme qu’il peut l’être en costume. Ceci nous rappelle que ce n’est pas le masque, ni la capacité de voltiger dans tous les sens ou de soulever des voitures qui fait le héros. Le héros c’est l’individu qui continue d’avancer et de toujours se relever même quand la vie le cogne au point de le mettre à genoux. Le héros c’est celui qui montre l’exemple alors que tout semble perdu. Le héros c’est celui qui nous rappelle par son abnégation profonde que nous pouvons toujours faire le bon choix en donnant le meilleur de ce que nous avons à offrir. Au final, qu’est-ce qu’un héros si ce n’est quelqu’un qui se bat constamment pour la dignité des faibles ? Dans ce monde, trop peu de personne passent leur temps à se consacrer tout entier à leurs prochains. Pourtant nous avons tous cruellement besoin d’un héros courageux, prêt à se sacrifier à tout moment, à être un exemple pour nous tous. Sous la houlette de Sam Raimi, Spider-Man nous aura appris qu’il y a un héros en chacun de nous, qui nous rend plus honnête, nous donne de la force et ,à la fin, nous permet de mourir avec fierté. « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » disait l’oncle BenSam Raimi aura prouvé le temps de trois films qu’il avait su pleinement comprendre et accepter les siennes face à un projet d’une telle ampleur.

 


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