Rocky
Date de sortie : 3 décembre 1976 (États-Unis),
25 mars 1977 (France)
Réalisateur : John Guilbert Avildsen
Acteurs principaux : Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Burgess Meredith, Carl Weathers
Genre : Drame, action
Nationalité : Américain
Compositeur : Bill Conti
À la suite de longs métrages comme Rebel, Capone ou encore La Course à la Mort de l’An 2000, Sylvester Stallone tente de sortir de la misère en obtenant le premier rôle et l’écriture d’un film racontant la vie du boxeur philadelphien Rocky Balboa, qui gagne péniblement sa vie en disputant quelques matches sous le pseudonyme « l’Étalon Italien », qui servira ensuite de nouveau titre au tout premier film dans lequel a joué l’acteur. Réalisé par John Guilbert Avildsen (derrière la future trilogie Karate Kid), Rocky s’intéresse à l’ascension de son personnage principal, qui part de son statut d’amateur avant d’avoir l’opportunité de défier Apollo Creed, champion du monde des poids lourds interprété par Carl Weathers (Predator). Un combat largement inspiré de celui durant lequel Chuck Wepner avait tenu quinze rounds face à Mohamed Ali en 1975.
Pourvu d’un rythme volontairement lent, le film se concentre avant tout sur le quotidien de Rocky, Stallone incarnant un personnage simplet, attachant et à l’élocution incertaine durant les nombreux passages où il se plaît à raconter toutes sortes de choses à son entourage dans un registre parfois comique. Le doublage français d’Alain Dorval (John Beck dans Rollerball, Pat Hibulaire depuis 1992, Sa’luk dans Aladdin et le Roi des Voleurs) apporte aussi un certain cachet à la sincérité du personnage. Sous les traits de Burgress Meredith (le Pingouin dans le Batman de 1966, Le Choc des Titans, La Quatrième Dimension), Mickey représente le parfait entraîneur à l’ancienne qui ne mâche pas ses mots tandis que son ami Paulie, joué par Burt Young (Chinatown, Amityville 2, Il était une fois en Amérique), lui permet de s’entraîner sur des carcasses de viande dans l’entrepôt où il travaille. Il le rapproche également de sa sœur Adrian, interprétée par Talia Shire (Connie Corleone dans la trilogie du Parrain).
Une romance se dégage alors entre les deux personnages avant que Rocky ne commence son entraînement sous la superbe musique « Gonna Fly Now » de Bill Conti, durant lequel il court jusqu’en haut des marches du Philadelphia Museum of Art. Une bande son d’anthologie dont la célèbre composition « Going the Distance » fait fortement monter l’intensité du combat jusqu’à un dénouement pas si prévisible. Rocky ayant atteint son objectif de tenir les quinze rounds, il n’est plus le « ringard de troisième zone » des bas-fonds de Philadelphie et commence dès lors à évoluer en même temps que la carrière de Stallone décolle. Tourné en seulement vingt-huit jours avec un budget de moins d’un million de dollars, Rocky devient un succès international et obtient les oscars du meilleur film, du meilleur scénario original et du meilleur montage. Un bon film emblématique de son époque !
Rocky II La Revanche
Date de sortie : 15 juin 1979 (États-Unis),
29 février 1980 (France)
Réalisateur : Sylvester Stallone
Acteurs principaux : Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Burgess Meredith, Carl Weathers
Genre : Drame, action
Nationalité : Américain
Compositeur : Bill Conti
Après le succès du premier Rocky, le scénario ne pouvait en rester là et une suite voit le jour trois ans plus tard sous la direction de Stallone lui-même, qui conserve également sa casquette de scénariste. L’action prend place directement après le match entre Rocky et Apollo Creed, rediffusé en début de film, les supporters de l’étalon italien exprimant leur colère en même temps que le champion supporte mal que son challenger ait pu résister aussi longtemps et exige une revanche contre lui. Mais tandis que Rocky se retire de la boxe pour se concentrer sur la recherche d’un emploi stable, Apollo Creed compte bien utiliser tous les moyens pour le faire remonter sur le ring.
Si la narration se rapproche de celle du premier film, elle s’avère bien mieux rythmée tout au long des nombreux événements qui s’enchaînent, comme la demande en mariage au zoo et la naissance de l’enfant de Rocky et Adrian sous les traits de Seargeoh Stallone, second fils de Sylvester Stallone. Toujours aussi talentueux, ce dernier multiplie les gags en tentant de tourner des publicités et continue de faire preuve d’une naïveté touchante lorsqu’il parle à sa femme et réagit aux provocations d’Apollo Creed (« Il est fâché. »), avec qui une certaine complicité commence à s’installer. Le ton vire aussi fortement au dramatique durant un coma d’une grande tristesse, laissant croire quelques minutes qu’Adrian pourrait être morte.
La traditionnelle séance d’entraînement dégage un fort esprit de compétition tandis que plusieurs passants accompagnent Rocky dans son footing jusqu’en haut des désormais célèbres marches. La revanche face à Apollo Creed se montre très intense grâce à la résistance légendaire de Rocky et au suspense qui est maintenu jusqu’au bout, même si le dénouement reste bien plus prévisible que dans le premier film. Pourvu d’une réalisation de qualité, Rocky II possède aussi de belles compositions musicales, dont le thème « Redemption » marie subtilement des passages de « Gonna Fly Now » et « Going the Distance ». Une suite de très bonne facture qui sacre son héros champion du monde avec une belle intensité !
Rocky III
L’Œil du Tigre
Date de sortie : 28 mai 1982 (Amérique du Nord), 12 janvier 1983 (France)
Réalisateur : Sylvester Stallone
Acteurs principaux : Sylvester Stallone, Talia Shire, Mister T, Carl Weathers, Burt Young, Burgess Meredith, Hulk Hogan
Genre : Action, drame
Nationalité : Américain
Compositeur : Bill Conti
Assez différent des deux premiers films, Rocky III laisse part à davantage d’action sans pour autant négliger le développement des personnages. Désormais champion mondial ayant défendu son titre une dizaine de fois, l’étalon italien mène enfin une vie aisée avec sa femme comme en témoignent leur maison luxueuse et son costume cravate lui donnant de faux airs de Nicolas Sarkozy. Un nouveau challenger se présente alors à lui avec la ferme attention de le terrasser : il s’agit de Clubber Lang, un provocateur hargneux interprété par Mister T (Barracuda dans la série L’Agence Tous Risques), qui a certainement inspiré le personnage Barret Wallace dans Final Fantasy VII.
Le combat reste au cœur du scénario avec un entraînement en public, des extraits de plusieurs matches et même un affrontement amical contre un catcheur interprété par le légendaire Hulk Hogan, qui marque sa toute première apparition au cinéma. Un événement tragique fait cependant pencher la balance en faveur de Clubber Lang, la mort de Mickey survenant de manière inattendue lors d’une séquence d’une grande tristesse, marquée par un plan montrant Rocky vaincu sous sa capuche aux côtés de son entraîneur rendant son dernier souffle. Ce dernier est toutefois repris en main par Apollo Creed, qui l’emmène se ressourcer à Los Angeles avant un entraînement d’envergure pour le remettre d’aplomb, Rocky s’étant en effet trop embourgeoisé et reposé sur ses lauriers face aux adversaires plus faciles que choisissait Mickey pour lui faire conserver sa ceinture.
Plus hollywoodien que ses prédécesseurs, Rocky III marque également pour son thème musical « Eye of the Tiger » du groupe de rock Survivor, la chanson « Pushin’ » étant quant à elle interprétée par Frank Stallone, le frère cadet de Sylvester. Sa structure plus convenue le rend toutefois un peu moins qualitatif que ses aînés. S’il reste pertinent pour l’évolution de son héros, son antagoniste a vite fait d’empiler les clichés et le jeu d’acteur de Mister T n’est pas des plus convaincants. Un film correct, qui a au moins le mérite de faire efficacement évoluer le scénario de la saga.
Rocky IV
Date de sortie : 27 novembre 1985 (États-Unis), 22 janvier 1986 (France)
Réalisateur : Sylvester Stallone
Acteurs principaux : Sylvester Stallone, Talia Shire, Dolph Lundgren, Carl Weathers, Burt Young, Tony Burton
Genre : Action, drame
Nationalité : Américain
Compositeurs : Bill Conti et Vince DiCola
Dans la droite lignée de son prédécesseur, Rocky IV conserve un ton porté sur l’action avec un adversaire phare combattu à deux reprises. Son scénario prend une tournure propagandiste dans le contexte des dernières années de la guerre froide avec les affrontements contre l’impitoyable Ivan Drago, qui marque le premier rôle majeur de Dolph Lundgren au cinéma. Un futur mètre-étalon du film d’action remarqué dans des classiques comme l’adaptation des Maîtres de l’Univers, Dans les Griffes du Dragon Rouge aux côtés de Brandon Lee et Universal Soldier face à Jean-Claude Van Damme. Future femme de Sylvester Stallone, Brigitte Nielsen (Kalidor, Cobra, Le Flic de Beverly Hills 2) y interprète l’épouse du soviétique.
Fortement axé sur les combats, Rocky IV n’en oublie pas son sens de la dramaturgie avec la figure d’Apollo Creed qui, répondant aux provocations de Drago, compte bien prouver qu’il en a encore dans le ventre directement sur le ring. Misant tout sur le show précédant le match sous le classique « Living in America » directement interprété par James Brown, il encaisse de puissants coups et s’étale au sol dès le deuxième round. Décédant alors de ses blessures à la stupeur générale, il provoque la soif de vengeance de Rocky, qui compte à son tour battre Drago directement sur son propre terrain. Une mort toutefois un peu trop précipitée et ainsi moins marquante que celle de Mickey. Tony devient alors le nouveau coach de Rocky, qui effectue un retour aux sources en s’entraînant, tel Rambo, dans la nature sauvage avec une barbe caractéristique.
Bercé par des musiques comme « No Easy Way Out » de Robert Tepper et « Burning Heart » du groupe Survivor, Rocky IV est d’un dynamisme appréciable malgré la surenchère des coups portés et une évocation bien trop expéditive du dopage. À la fois produit et victime du système, Drago retrouve son humanité en affirmant qu’il ne doit se battre que pour lui-même tandis que Rocky est applaudi par le public russe grâce à son discours humaniste promouvant le rassemblement des peuples. Un quatrième épisode réussi pour son rythme soutenu, son drame inattendu et son antagoniste emblématique.
Rocky V
Date de sortie : 16 novembre 1990 (États-Unis), 19 décembre 1990 (France)
Réalisateur : John Guilbert Avildsen
Acteurs principaux : Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Tommy Morrison, Sage Stallone, Richard Gant, Delia Sheppard
Genre : Drame, action
Nationalité : Américain
Compositeur : Bill Conti
Cinquième et dernier épisode de son époque, Rocky V prend place lors de la véritable retraite de l’étalon italien suite aux séquelles irréversibles causées par son combat contre Ivan Drago, Stallone laissant sa place à John G. Avildsen pour la réalisation. Le film effectue un remarquable retour aux sources tandis que Rocky est contraint de retourner à Philadelphie à cause d’un endettement provoqué par un mauvais placement de Paulie. On retrouve ainsi une ambiance et une narration proches de celles de deux premiers films, l’ex-champion renouant avec son chapeau, sa veste de cuir et son comportement bavard. Le registre musical évolue quant à lui pour laisser place à une majorité de rap, dont « That’s What I Said » de MC Hammer.
Rocky ayant retapé le vieux gymnase de Mickey pour y coacher de nouveaux boxeurs, le film respire la nostalgie lors d’une séquence particulièrement touchante où il se remémore un moment passé avec son entraîneur. Le scénario se concentre essentiellement sur sa relation avec Rocky Jr, interprété par son véritable fils aîné Sage Stallone, qu’il délaisse rapidement au profit de Tommy Gunn, jeune prodige incarné par le boxeur professionnel Tommy Morrison. Entraînant ce dernier pendant que son fils se fait persécuter au collège à son insu, Rocky est régulièrement interpellé par George Washington Duke, un promoteur joué par Richard Grant qui n’en voit que par l’argent.
Tandis que Tommy gagne de nombreux matches officiels, son détournement vers Duke témoigne de ses mauvais choix jusqu’à être remis en question par la presse au moment où il devient champion du monde. Resté dans l’ombre de Rocky après avoir battu des adversaires estimés bien trop faibles, il déclenche alors un combat final atypique en venant provoquer son maître sur son propre terrain. S’il était à la base prévu que Rocky meure sous les coups de Tommy, l’étalon italien lui assène en fait une belle correction qui le replace brillamment sur le devant de la scène. Une conclusion qui fait plaisir à voir tant elle renoue efficacement avec l’esprit de la saga !
Rocky Balboa
Date de sortie : 20 décembre 2006 (États-Unis), 24 janvier 2007 (France)
Réalisateur : Sylvester Stallone
Acteurs principaux : Sylvester Stallone, Burt Young, Antonio Tarver, Geraldine Hughes, Milo Ventimiglia
Genre : Drame, action
Nationalité : Américain
Compositeur : Bill Conti
Plus de quinze ans après la pentalogie d’origine, l’étalon italien renaît de ses cendres dans un sixième film sobrement intitulé Rocky Balboa, une nouvelle fois écrit et réalisé par Sylvester Stallone. Ce dernier revient en effet sur le devant de la scène pour interpréter le personnage qui a bercé sa carrière, à l’instar de John Rambo sorti début 2008. Pensé comme un nouveau retour aux sources, il n’en oublie pas son sens de la dramaturgie avec un scénario découlant directement du décès d’Adrian, tristement emportée par un cancer. Se rendant régulièrement sur sa tombe lors de séquences riches en émotion, Rocky monte un restaurant à qui il donne le nom de sa femme mais peine à retrouver sa vigueur d’antan.
C’est en renouant avec le surpassement de soi par l’intermédiaire de la boxe qu’il fait la connaissance de Mason Dixon, jeune champion mondial interprété par Antonio Tarver, lui aussi boxeur professionnel au même titre que Tommy Morrison dans le précédent film. Peu apprécié suite à des victoires jugées faciles et poussé par une vidéo en images de synthèse le désignant battu par Rocky, Dixon compte bien obtenir un regain de popularité lors d’un match d’exhibition face à l’ancien champion. Ce dernier est alors soutenu par son fils, devenu adulte sous les traits de Milo Ventimiglia (Stay Alive, Heroes, Gotham), mais aussi par Marie, une jeune femme jouée par Geraldine Hughes (Gran Torino) qu’il avait aidée trente ans auparavant. On remarque également le retour de Pedro Lovell, boxeur argentin que Rocky avait battu au début du premier film.
Très apprécié des fans de la saga, Rocky Balboa est un pari réussi qui mêle efficacement mélancolie et grand spectacle. Outre d’ingénieux remix musicaux, on peut saluer le retour de « Gonna Fly Now » pendant que Rocky s’entraîne sous la neige ainsi que la grandiose arrivée sur le ring de Dixon sous la chanson « It’s a Fight » du groupe de hip-hop Three 6 Mafia. Un caméo de Mike Tyson plus tard, le match se veut particulièrement intense et Rocky est acclamé par son public pour avoir tenu durant l’intégralité des dix rounds malgré son âge avancé. Une belle manière pour Stallone de conclure la saga sur l’apaisement de son personnage suite à une nouvelle prouesse sublimée par un scénario riche en émotion. Bien que neuf ans plus tard, il réendosse finalement le costume de Rocky à l’occasion de la relève mémorable d’un descendant inattendu de son ami Apollo Creed.