Date de sortie : 27 août 1993 (Amérique du Nord), 13 juillet 1994 (France)
Date de reprise : 22 novembre 2021
Réalisateur : Fraser Clarke Heston
Scénariste : Walter Duch Richter
Acteurs principaux : Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, JT Walsh, Ray McKinnon
Genre : Épouvante
Nationalité : Américain
Compositeur : Patrick Doyle
L’avis d’Emmanuel
Adaptation du roman Bazaar de Stephen King paru deux ans plus tôt, Le Bazaar de l’Épouvante est un film horrifique dans lequel un étrange magasin d’antiquités vient réveiller les démons d’une petite ville tranquille du Maine nommée Castle Rock. Réalisé par Fraser Clarke Heston (L’Île au Trésor, Sherlock Holmes et la Croix de Sang), il met en scène Ed Harris (Creepshow, Abyss, La Firme) dans la peau du shérif Alan Pangborn face au sinistre Leland Gaunt, interprété par Max von Sydow (Jamais Plus Jamais, Dune, Robin des Bois). Ce dernier propose en effet à chaque habitant d’obtenir un objet dont il a toujours rêvé pour un prix dérisoire, mais moyennant des faveurs non sans conséquence.
Également porté par des actrices comme Bonnie Bedelia (Die Hard Piège de Cristal, 58 Minutes pour Vivre, Présumé Innocent) et Amanda Plummer (The Fisher King, Pulp Fiction), Le Bazaar de l’Épouvante présente en réalité les vices d’une microsociété capitaliste où tout le monde se connaît et où le prix à payer pour posséder ce que l’on désire va bien au-delà du simple coût financier. Car sous leurs apparences anodines, ces faveurs cherchent en réalité à dresser les habitants les uns contre les autres en exploitant leurs tensions passées et leurs paranoïas, allant jusqu’à créer un conflit entre les communautés baptiste et catholique et passant par la vente d’armes pour que les clients puissent régler leurs comptes.
Bien mieux réalisé que la plupart des adaptations de Stephen King, Le Bazaar de l’Épouvante comporte des musiques diaboliques avec de jolis pics d’intensité, mais présentant un décalage sonore ennuyeux par rapport aux dialogues des personnages sur le blu-ray. Ressemblant toutefois à la plupart des autres films tirés de ses romans, il se démarque essentiellement par sa critique du capitalisme via des personnages prêts à tout pour satisfaire leur besoin de consommation, déjà bien présente dans le roman.
L’avis de Nicolas
L’horreur permet de mettre en avant l’absurdité des communautés humaines en se servant du fantastique pour appuyer une critique. Le Bazaar de L’Épouvante met en avant cette idée en faisant d’une petite ville des États-Unis le théâtre de la destruction de la tranquillité publique après l’arrivée d’un étrange personnage.
Leland Gaunt installe donc un magasin dans Castle Rock et vend de vieux objets qui semblent apporter un trouble dans la ville. En effet, les habitants vont par la suite s’entretuer en série.
Le film est adapté d’un roman de Stephen King, Bazaar. L’auteur revisite la figure du mal à travers le personnage de Leland, qui s’avèrera être le diable en personne ou dans tous les cas un étrange dérivé.
Le film de Fraser Clarke Heston est une étonnante série B qui possède une mise en scène classique préférant minimiser ses effets pour créer une atmosphère assez géniale. Le Bazaar de l’Épouvante est alors un habile mélange entre comédie et cinéma d’horreur.
Les morts des personnages sont souvent filmées d’une manière assez absurde. Il suffit de voir cette séquence où une femme entre dans la maison d’un personnage pour coller des affiches qui l’accuse de fraude. La séquence est rythmée par « Dans l’Antre du Roi de la Montagne » d’Edvard Grieg, qui y ajoute une dimension profondément cynique et jouissive.
Il y a également tout le travail qui entoure Leland Gaunt qui est très bien géré. Sa nature est dévoilée de manière savante à travers le récit afin de brouiller les pistes. Il est magistralement incarné par Max Von Sydow, qui semble totalement s’éclater à prendre la place du diable après s’être confronté à ce dernier dans le Septième Sceau d’Ingmar Bergman.
L’ensemble du Bazaar de l’Épouvante en fait un film très sympathique, qui n’atteint jamais la grandeur du cinéma mais s’avère être une bonne petite madeleine qui renvoie au style si particulier de King (tous les ingrédients y sont : ville perdue, Lovecraft, Castle Rock). C’est franchement à découvrir sachant que le film est sorti chez Rimini dans une belle édition blu-ray/DVD.
L’édition est accompagnée d’un livret « Nos âmes au Diable » rédigé par Marc Toullec, d’un commentaire audio de Fraser C. Heston et d’un film promotionnel. Les plus courageux trouveront également satisfaction dans la version longue rajoutant une heure de film.