En cette septième journée de compétition, Naomi Kawase a dévoilé son nouveau film « Vers la lumière ». Tandis que les deux premiers épisodes de la saison 2 de « Top of the Lake », de Jane Campion, s’offraient une présentation évènement organisée dans le cadre des 70 ans du Festival de Cannes.
Alors que la sélection officielle du 70e Festival de Cannes peine toujours à saisir ou ne serait-ce qu’à captiver de temps à autre, les occasions pour la compétition de redresser la barre semblent désormais assez minces, avec encore à l’horizon néanmoins les nouveaux films de Sofia Coppola, Jacques Doillon, ou encore celui des Frères Safdie (Good Time). Deux femmes venaient heureusement redonner des couleurs à la programmation du festival ce jour : Naomi Kawase et Jane Campion.
Présenté ce mardi, Vers la lumière ne vient pas tout à fait rebattre les cartes, mais ne démérite pas. L’on y suit d’un côté une jeune audio-descriptrice qui perd peu à peu pied dans l’existence, de l’autre un photographe dont la vue se dégrade définitivement. Comme souvent chez Naomi Kawase, cette structure complémentaire joue sur le lien unissant les personnages, eux-mêmes reliés à la nature dans leur perte d’acuité – motif primordial chez la cinéaste. L’occasion pour elle de renvoyer en creux le récit vers quelques légendes séculaires du Japon, qui n’en finissent jamais chez la réalisatrice d’irriguer le destin du monde contemporain. Il importe peu finalement que l’œuvre soit balisée ou assez prévisible, sa simplicité et son honnêteté la place aisément au-dessus de nombreux films de la compétition du Festival de Cannes 2017
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L’autre évènement marquant de la journée, c’était par ailleurs la présentation des deux premiers épisodes de la saison 2 – et la totalité pour les chanceux en compagnie de la cinéaste – de la série Top of the Lake, de Jane Campion. Pour rappel, la première saison prétextait la disparition inexpliquée d’une adolescente pour déconstruire un espace sclérosé à la Twin Peaks où femmes et hommes ne peuvent plus vivre en harmonie. L’atmosphère épineuse, les paysages ténébreux – passés de la campagne à la ville – et les protagonistes bigarrés figurent toujours au centre du système de la réalisatrice. Les territoires arpentés confinent autant au septième art qu’à la dilatation inhérente au médium sériel. Avec sa mise en scène méta, son étrangeté et ses figures féminines insolites et attachantes, ce Top of the Lake saison 2 est l’une des meilleures choses projetée depuis le début du 70e Festival de Cannes.
Article de Pierre Bryant rédacteur a Cannes