Date de sortie : 27 mars 2019 (1h 52min)
Réalisateur : Tim Burton
Acteurs principaux : Colin Farrell, Danny DeVito, Michael Keaton, Eva Green
Genre : Fantastique
Nationalité : Américain
Compositeur : Danny Elfman
À la suite d’un Big Eyes au style particulier et d’un Miss Peregrine et les Enfants Particuliers assez peu convaincant, Tim Burton revient à ses fondamentaux avec son traitement habituel d’une créature repoussée par tous pour ses difformités. Il choisit pour cela la figure de Dumbo, popularisée par Walt Disney pas moins de soixante-dix-huit ans auparavant, dont il reprend l’intrigue tout en enrichissant le background par sa touche personnelle. Ce retour aux sources est notamment marqué par le retour de deux de ses anciens acteurs fétiches qui ne s’étaient pas retrouvés sur un même tournage depuis le chef-d’œuvre Batman Returns : Michael Keaton (Beetlejuice, Batman) dans le rôle de V.A. Vandevere, businessman opportuniste cherchant à racheter le cirque en difficulté par tous les moyens, et Danny DeVito (Mars Attacks, Big Fish) dans le rôle du propriétaire Max Medici.
Tim Burton reprend également Eva Green (Dark Shadows, Miss Peregrine et les Enfants Particuliers) pour jouer la trapéziste Colette Marchant accompagnant Vandevere afin de dompter Dumbo. Mais c’est pourtant bien Colin Farrell (Dans l’Ombre de Mary, Les Proies, Les Veuves) qui est mentionné en premier pour son interprétation d’Holt Farrier, un soldat veuf de retour de la guerre et père de deux jeunes enfants travaillant dans le cirque. Si madame Jumbo accouche cette fois-ci réellement de son petit, on trouve surtout de nombreuses similitudes avec l’histoire d’origine, à commencer par le regard et les barrissements terriblement tristes de Dumbo, qui provoque une émotion autrement plus intense que chez son modèle.
Et tandis qu’il commence à voler bien plus rapidement, le scénario ne s’arrête pas là et continue de plus belle avec l’arrivée de Vandevere, dont la moustache et la mèche semblent montrer qu’il s’agit d’une caricature de Walter Elias Disney en plus du cynisme dont le personnage fait preuve. Si Timothée est bien présent sous forme de petite souris qui ne parle pas et reconnaissable avec son accoutrement rouge, ce sont surtout les deux enfants qui sortent le petit éléphant de sa solitude. Le casting est enrichi d’un banquier joué par Alan Arkin (Edward aux Mains d’Argent) aux soldes de Vandevere et de plusieurs personnages d’une troupe bien solidaire, dont un Hindou sous les traits de Roshan Seth (Indiana Jones et le Temple Maudit, Street Fighter L’Ultime Combat).
Tim Burton renoue avec son savoir-faire d’antan : l’ambiance se veut bien plus sombre et grave que dans le film de 1941, avec un accent particulièrement mis sur le rejet de l’être différent, rappelant d’autant plus son cachet du début des années 1990. L’inversion des rôles d’adjuvant et d’antagoniste entre Michael Keaton et Danny deVito est d’autant plus surprenante que les mélodies de Danny Elfman subliment encore plus le côté fantastique de l’œuvre. Seul bémol : le film reste encore trop gentillet et il aurait été appréciable que le scénario reste tragique jusqu’au bout, pour marquer encore plus le fatalisme du personnage à la manière d’un Edward ou d’un Pingouin. Une très belle revalorisation de ce grand classique par un réalisateur de talent !