Réalisateurs : Eric Rohmer, Jean Douchet, Jean Rouch, Jean-Daniel Pollet, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol
Année : 1965
Pays : France
Paris a toujours eu un aspect cinématographique et culturel prenant. Il suffit de constater le nombre d’œuvres qui font ne serait-ce qu’un détour par la Ville Lumière. La capitale française dispose d’un capital artistique non négligeable utilisé à de nombreuses reprises par toutes formes de créateurs aux domaines divers et variés. Il est donc normal qu’elle fut mise en avant par les représentants de la « Nouvelle Vague », comme nous allons en parler aujourd’hui avec « Paris vu par… ».
Barbet Schroeder confie en 1965 des caméras 16mm à six de ses amis réalisateurs à qui il demande de tourner un court-métrage dans un lieu choisi de Paris.
Ces six courts-métrages nous offrent des points de vue différents sur Paris, une image moins iconisante qu’elle a et se rapprochant plus d’un réalisme cher à la Nouvelle Vague. Chacun des réalisateurs arrive à apporter sa patte visuelle à son œuvre, que ce soit par l’utilisation de voix off ou d’une longueur de plans plus conséquente. Ils ont utilisé leurs contraintes techniques et budgétaires afin d’ancrer au mieux leurs histoires dans l’univers même de leur mouvement.
Nous allons essayer de ne pas aller trop loin dans l’écriture des histoires étant donné leur courte durée et le fait que leur description suffirait à les résumer. Néanmoins, chaque personnage dispose d’une interprétation correcte convenant à ce qu’on les suive durant les quelques minutes de leurs (més)aventures multiples. Il faut également ajouter, pour les réfractaires de la Nouvelle Vague, que la longueur des intrigues est assez peu élevée pour supporter un visionnage rapide (le film au total dure à peine une heure et demie) et que la qualité est équivalente.
En ce qui concerne le disque en lui-même, il dispose d’une qualité visuelle et sonore rendant justice aux conditions de tournage avec une belle retranscription du résultat, au budget réduit visible mais sans tomber dans le tournage amateur aux images peu appréciables. Pas de bonus mais un chapitrage permettant de naviguer dans les courts à sa guise, selon ses préférences quant aux sujets et aux réalisateurs présents.
Ainsi, « Paris vu par… » s’éloigne de la simple carte postale élégante pour nous replacer une ville dans ce qu’elle est au quotidien (du moins, il y a plus d’une cinquantaine d’années). C’est donc une œuvre intéressante à visionner dans un but plus artistique que touristique, permettant à tout cinéaste et cinéphile de voir que ne pas avoir de moyens n’est pas un frein à la création cinématographique. Il suffit d’une caméra, d’amis et de quelques idées (aussi bien visuelles que scénaristiques) afin d’offrir au septième art une œuvre modeste mais personnelle. Et s’il y a bien quelque chose que l’on peut regretter actuellement dans les grosses productions actuelles, c’est un manque de personnalité certain…