Date de sortie : 17 novembre 1989 (Amérique du Nord), 28 novembre 1990 (France)
Réalisateurs : John Musker et Ron Clements
Comédiens de doublage : Claire Guyot, Henri Salvador, Micheline Dax, Emmanuel Jacomy, Claude Chantal
Genre : Animation
Nationalité : Américain
Compositeur : Alan Menken
Adaptation du conte éponyme de Hans Christian Andersen, La Petite Sirène marque le début du second âge d’or de Disney grâce à son animation impressionnante qui fait repartir la firme vers les sommets. Premier film d’animation Disney à connaître un succès important depuis Les Aventures de Bernard et Bianca, sorti douze ans plus tôt, il est réalisé par John Musker et Ron Clements, déjà derrière Basil Détective Privé et le futur Aladdin. Inspirée de l’actrice Alyssa Milano, Ariel se présente comme une héroïne moderne, fascinée par le monde des humains au point d’aller sauver l’un d’entre eux, le prince Éric, lors d’un naufrage malgré les mises en garde de son père.
Fils de Poséidon dans la mythologie grecque, le roi Triton est en effet l’archétype du souverain cherchant à protéger sa fille des dangers extérieurs. Accompagnée de son ami Polochon, un poisson jaune à rayures bleues, elle rassemble divers objets provenant de la surface et se renseigne régulièrement auprès d’Eurêka, un goéland qui observe les humains sans mettre sa longue vue dans le bon sens. Alors que Triton découvre la cachette d’Ariel et détruit ses précieux artéfacts, cette dernière se rend dans la repaire d’Ursula, une pieuvre bannie d’Atlantica pouvant utiliser la sorcellerie pour la rendre humaine.
Pourvu d’un magnifique univers sous-marin, La Petite Sirène immerge le spectateur dans un scénario parsemé de personnages attachants et illustrant le thème de l’évasion par le désir de s’élever, Ariel ayant une réelle fascination pour les jambes. La surface représentant le monde interdit, on y trouve aussi le thème de la peur de l’inconnu et surtout celui du danger, Triton qualifiant les humains de « mangeurs de poisson ». Thème qui atteint son paroxysme lorsqu’Ariel signe le contrat d’Ursula, véritable pacte avec le diable renvoyant au mythe de Faust, sacrifiant ainsi l’usage de la parole, spécificité humaine sans laquelle elle doit conquérir le prince Éric avant le troisième coucher du soleil.
Si La Petite Sirène sait se montrer plus léger avec l’humour dégagé par le crabe Sébastien et le cuisinier au fort accent italien ainsi que la romance entre Ariel et Éric, le film regorge aussi de moments sombres grâce à la qualité d’écriture de sa méchante, qui va jusqu’à transformer ses victimes en polypes monstrueux. Des images perturbantes allant de pair avec les nombreux faciès machiavéliques d’Ursula et sa manière d’ensorceler Éric en se faisant passer pour une autre jeune femme avec la voix d’Ariel. Tandis que le scénario casse tout espoir après avoir fait croire qu’elle allait enfin embrasser le prince, la taille immense et la voix monstrueuse d’Ursula font devenir cette dernière une des antagonistes les plus effrayantes de l’histoire de Disney. Brillamment mise en scène pas un gros plan sur son visage qui s’élève hors de l’eau, il est toutefois dommage qu’elle soit vaincue aussi vite et facilement.
Déjà remarqué pour La Petite Boutique des Horreurs, Alan Menken (La Belle et la Bête, Pocahontas et Le Bossu de Notre-Dame) livre ici une première série de compositions de grande qualité pour Disney. Une prouesse qui accompagne des chansons tout aussi qualitatives comme l’entraînante « Dans les Profondeurs de l’Océan », la présentation des six « Filles du Roi Triton », le cuisinier qui caricature « Les Poissons » ou encore la romantique « Embrasse-La ». L’intensité monte alors d’un cran avec la magnifique « Partir Là-Bas », la joyeuse « Sous l’Océan » et surtout l’excellente « Pauvres Âmes en Perdition », durant laquelle Ursula dresse un portrait intéressant de la « femme réservée » entre deux rires machiavéliques.
Pourvu de voix françaises de grande qualité, La Petite Sirène compte sur des comédiens de doublage de renom comme Claire Guyot (Winona Ryder dans Edward aux Mains d’Argent, Christina Ricci dans Les Valeurs de la Famille Addams, Batgirl dans la série animée Batman) pour Ariel, Micheline Dax (Astérix et Cléopâtre, Tintin et le Lac aux Requins, Brisby et le Secret de NIMH) pour Ursula, Boris Roatta (Macaulay Culkin dans les années 90, Cody dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous) pour Polochon tandis qu’Henri Salvador lui-même incarne le crabe Sébastien. De leur côté, Triton se voit interprété par Jacques Deschamps (Clint Eastwood dans le trilogie du dollar, Beaver dans La Belle et le Clochard, Robert DoQui dans RoboCop), Eurêka par Emmanuel Jacomy (Wilbur dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, La Bête dans La Belle et la Bête, Phoebus dans Le Bossu de Notre-Dame) et la servante Carlotta par Claude Chantal (les pensées dans Alice au Pays des Merveilles, Krilin dans Dragon Ball, Mamie Baba dans La Bande à Picsou).
Fort de son succès, le film obtient une suite direct-to-video en 2000 dans laquelle Mélodie, la fille d’Ariel et Éric, souhaite découvrir l’océan après avoir vécue comme une humaine. Outre le préquel Le Secret de la Petite Sirène paru en 2008, le film obtient à son tour un remake live en 2023 sous la direction de Rob Marshall, qui avait déjà œuvré pour Disney avec Into the Woods et Le Retour de Mary Poppins. La Petite Sirène fait aussi partie des films animés à avoir été adaptés en jeux vidéo, notamment par Capcom dans les sympathiques versions NES et Game Boy, mais aussi par BlueSky Software sur Mega Drive et Game Gear. Outre des jeux Game Boy Advance et Nintendo DS ultra minimalistes, l’univers d’Atlantica est superbement retranscrit dans le premier Kingdom Hearts avant de devenir un mini-jeu de rythme dans sa suite.