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Marcel Duchamp

Marcel Duchamp
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Marcel Duchamp, du Nord de la France. Slameur et cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Enemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

Insaisissables 2, les Cavaliers toujours en grande forme !

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Sortie le 27 juillet 2016 – Durée : 2h05 – Film d’action/thriller/comédie américain

Réalisé par Jon M.Chu

Avec Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Dave Franco, Lizzy Caplan, Daniel Radcliffe, Michael Caine, Morgan Freeman

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Joli succès 2013 avec plus de trois millions de spectateurs en France, Insaisissables apportait un vent de fraîcheur dans l’horizon franchisé des blockbusters américains. Trois ans plus tard, la suite sort en salles pendant que le troisième opus est déjà signé ! Il n’est jamais facile de mettre en place un deuxième épisode : il faut à la fois garder l’esprit de l’original et apporter une vraie touche de nouveauté. Pour tenter de relever cette mission, Louis Leterrier (retenu sur le tournage de Grimsby – Agent trop spécial) laisse sa place Jon M.Chu, auteur des peu reluisants Sexy Dance 2 & 3 et de G.I. Joe Conspiration.

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Est-ce que les clefs de la réussite du premier épisode restent au rendez-vous ? Indéniablement, oui ! Le casting s’avère particulièrement étoffé (avec Eisenberg et Ruffalo qui ont encore pris de l’ampleur ces trois dernières années), le spectacle s’égrène sur un rythme effréné (qui n’est pas sans rappeler la saga des Océan’s Eleven et plus) et les coups de théâtre s’enchainent dans la pure lignée des films de magiciens (Le Prestige, si tu nous entends !).

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Mais alors, n’a-t-on pas le droit qu’à une pâle copie de 2013 ? Là où il est plutôt aisé de surfer sur une formule qui a déjà fait recette, Jon M.Chu parvient habilement à apporter son empreinte sur cette suite. Au niveau des acteurs, Lizzy Caplan (notamment remarquée dans la série Masters of sex) prend le rôle féminin laissé par Isla Fisher (enceinte au moment du tournage) avec présence et personnalité. Daniel Radcliffe, le plus célèbre de tous les magiciens du cinéma, endosse le rôle d’un méchant avec finesse. Le film se permet d’approfondir certains personnages. On apprend ainsi que Merritt (interprété par le toujours très bon Woody Harrelson) a un frère jumeau qui a sombré du côté obscur (dit comme ça, ça fait un peu série B, mais ça passe plutôt bien à l’écran !). Dylan (Mark Ruffalo) le flic qui tirait les ficelles se retrouve en première ligne et dans l’embarras, l’occasion pour nous d’en savoir plus sur son père et leur relation avec Thaddeus (campé par l’éternel Morgan Freeman). L’intrigue générale – qui se déplace avec bonheur à Macao puis à Londres – avance également avec des retours dans le passé et un Œil qui nous regarde toujours…

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Ainsi, si on nous réserve quelques vrais shows bien orchestrés, la vraie force du film est de ne pas se limiter à ça en nous offrant d’autres passages vraiment intéressants pour ceux qui ont été séduits par l’univers des Cavaliers. Il faudra toutefois bien rester attentif tout au long du film parce que les retournements de situation et les trompe-l’œil sont légions. Perdu dans une époque où les reboots et les super-héros trustent quasiment tout le marché des blockbusters, ce film s’impose comme l’un des rares vrais divertissements de l’été, voire même de l’année.

Independance Day Resurgence : USA 2 – Aliens 0

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Date de sortie : 20 juillet 2016 – Durée : 2h01 – Film d’action/SF américain

Réalisé par Roland Emmerich

Avec Lim Hemsworth, Jeff Goldblum, Bill Pullman, Maica Monroe, Jessie Usher

20 ans après, l’idée est venue de faire une suite, avant que ce concept « original » ne devienne une franchise d’au moins trois opus ! A l’époque, le film était sorti juste avant le Mars Attacks. On disait alors que là où Tim Burton misait sur la fantaisie, Roland Emmerich mettait en valeur l’aspect sérieux de cette invasion extraterrestre.

Independance Day 1

Déjà, à l’époque, les Américains étaient forts. Très forts même. On avait un peu tremblé devant ces méchants aliens, les destructions s’avéraient importantes, mais Will Smith (en Capitaine Steven Hiller, pas en Agent J) et ces copains-héros de la bannière étoilée avaient trouvé le moyen de repousser les vilains ovnis. Mais comme l’on pouvait s’y attendre, ils sont de retour. Les ovnis, pas Will Smith, visiblement trop gourmand pour Hollywood. Tant pis, on va dire qu’il est mort, et puis on nommera son fils chef de l’armée spatiale !

Independance Day 2

Quoi de neuf pour cette Resurgence ? Et bien grand-chose à vrai dire. Une troupe de jeunes pilotes emmenés par un Liam Hemsworth encore plus cool que Tom Cruise dans Top Gun. Des effets spéciaux toujours plus spectaculaires. Et une sorte d’intelligence virtuelle – sorte de Pokéball – qui nous prépare très naturellement un troisième épisode.

INDEPENDENCE DAY: RESURGENCE

A part ça ? Emmerich met une bonne heure à poser l’intrigue, entre l’introduction des nouveaux personnages et l’explication de ce que sont devenus les anciens. Le « scénario » , très fortement calqué sur celui de 1996, est très prévisible. On a de la destruction massive, des scènes d’action avec des pilotes qui attaquent l’Etoile Noire, euh le vaisseau mère, des relations pleines d’amour et de bons sentiments. Bref, pas grand-chose.

Les Américains sont toujours aussi grands et courageux. Ils osent même un discours sur le besoin pour notre monde de s’unir car ensemble, on est plus fort (avec un plan final qui nous offre une Tour Eiffel…). Un énième blockbuster pour faire du fric, inutile pour le spectateur.

 

Juillet Août : vivement septembre ?

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Date de sortie : 13 juillet 2016 (durée : 1h 36), comédie dramatique française

Réalisé par Diastème

Avec Alma Jodorowsky, Luna Lou, Patrick Chesnais, Pascale Arbillot, Thierry Godard, Jérémie Laheurte

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Les Cahiers du Cinéma titrent leur dernier numéro « Filmer l’été », un classique du 7ème art. Ici, on nous propose deux étés pour le prix d’un avec ces deux sœurs qui vont passer le mois de juillet chez maman (et leur beau-père) dans le sud de la France et le mois d’août chez papa en Bretagne. Laura – l’ado rebelle dans toute la splendeur de ses 14 ans – et Joséphine – jolie jeune femme de 18 ans – vont vivre deux mois de vacances riches en émotions et en péripéties au sein de leurs familles loin d’être parfaites, mais indéniablement aimantes.

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Ce découpage en deux parties apporte une (petite) touche d’originalité et permet de vivre le quotidien de ces deux filles dont les parents sont divorcés. Commençons par le bon point qui saute tout de suite aux yeux : la performance de Luna Lou qui interprète une ado à fleur de peau, à la fois drôle, espiègle, sensible, ingérable et touchante. La jeune comédienne booste le film et forme un joli duo avec Alma Jodorowsky (et oui, la petite fille de maître Alejandro !).

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Autre aspect sympa du film : la musique. Cinq morceaux spécialement composés (par Frédéric Lo) et interprétés (par Alex Beaupain) pour le film et qui donnent à la fois le ton et la couleur du film. Le scénario a le mérite d’exister vraiment, même si les situations sont parfois alambiquées. Diastème (réalisateur, écrivain, metteur en scène, musicien) nous propose du contenu et des dialogues qui tiennent la route. On peut y trouver un fil conducteur : tout le monde a ses problèmes, petits et grands, ce n’est pas toujours facile, mais ça n’empêche pas de s’aimer.

Au final, une comédie estivale qui ne révolutionnera pas le genre mais qui permet de passer un moment agréable.

 

Irréprochable l’est-il ?

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Sorti le 6 juillet 2016 (durée : 1h43), Thriller français

Réalisé par Sébastien Marnier

Avec Marina Foïs, Joséphine Japy, Jérémie Elkraïm et Benjamin Biolay

A quoi ressemble ce premier film de Sébastien Marnier ? On peut y voir un mélange du Couperet (Costa Gavras), Harry un ami qui vous veut du bien (Dominique Moll) et Respire (de Mélanie Laurent), avec un zeste des Combattants (Thomas Cailley) et d’un Illustre inconnu (Matthieu Delaporte). Le décor est planté !

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Vous l’avez compris, le pitch ne fait pas dans le très original. Constance est dans une situation difficile et a besoin d’un job. Elle revient sur un terrain qu’elle connait bien mais qu’elle avait laissé en plan, aussi bien au niveau professionnel que personnel. Malheureusement, c’est Audrey – une fraiche et jeune femme – qui hérite du poste. Constance – toujours prête à faire une pompe ou à assouvir les fantasmes de son amant – va alors s’arranger pour construire une étrange relation avec sa concurrente. Jusqu’où cela peut-il les mener ?

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Si l’on peut craindre le syndrome du « déjà vu à maintes reprises », force est de constater qu’Irréprochable a peu de défauts ! En premier lieu, les actrices sont parfaites. Marina Foïs porte le film sur ses épaules musclées et Joséphine Japy (qui souffrait déjà beaucoup dans Respire !) confirme son statut d’espoir du cinéma français.  Côté masculin, Jérémie Elkaïm fait le job plutôt correctement et Benjamin Biolay s’en sort bien dans ce rôle d’amant pervers. La réalisation est sérieuse, quoique scolaire. L’écriture et les dialogues rendent l’histoire réaliste et naturelle. La narration fluide et cohérente garde le spectateur en haleine, même si le rythme aurait gagné à parfois être plus haletant. Les choix musicaux m’ont laissé plus perplexe, avec une utilisation de bruitages ou de thèmes très courts qui ne m’ont pas transcendé.

Irréprochable 2

Le scénario parvient même à nous surprendre au fur et à mesure que la tension monte. Si absolument toutes les scènes tournent autour de Constance, le réalisateur parvient néanmoins à apporter une dimension universelle à cette tragédie personnelle. En résumé, un premier film plutôt prometteur !

Divines, beaucoup plus qu’une bande de filles qui a la haine

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Date de sortie : 31 août 2016
Durée : 1h45
Réalisé par Houda Benyamina
Avec Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Jisca Kalvanda, Kévin Mischel

C’est l’un des films qui a secoué la Croisette, avec sa réalisatrice Houda Benyamina qui reçoit la Caméra d’or (récompensant le meilleur premier long-métrage, toutes sélections confondues) et qui y déclame un discours engagé et désordonné en faveur des femmes, mettant en valeur ce film choc, épais, poignant, avec de jeunes actrices s’illustrant avec brio dans un cocktail détonnant de fougue et de grâce.

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Dounia, 15 ans, habite dans un camp de Roms et tente de vivre sa jeunesse avec son inséparable amie Maimouna au milieu d’un quartier populaire vivant au rythme de la Mosquée et du trafic de drogue. La jeune fille est prête à tout pour gagner sa dignité et amasser le maximum d’argent. Cette quête – peut-on la qualifier de spirituelle ? – se confronte à l’amour avec la rencontre d’un danseur écorché, à la famille, aux rencontres… bref à la vie.

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Le pitch de départ peut se voir comme un énième film de banlieue. Un clin d’œil aux émeutes de 2005 qui n’est pas sans rappeler « La Haine », LA référence de Mathieu Kassowitz. Des jeunes filles qui tentent de survivre et de se construire dans l’âpreté des tours, comme dans le très bon « Bande de filles » de Céline Sciamma. Une relation amicale au milieu de la Cité qui rappelle aussi l’Esquive d’Abdellatif Kechiche qui avait raflé 4 prix aux Césars 2005. Ou plus récemment, le trop vite oublié « Qu’Allah bénisse la France » d’Abd Al Malik, narrant sa propre histoire d’un gamin tiraillé entre son quartier et une autre vie.

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Mais « Divines », c’est à la fois tout ça, et bien plus que ça. C’est un film personnel, très riche, une œuvre cinématographique qui interpelle, qui pose des questions. Un tourbillon de problématiques et de réalités qui s’imbriquent et qui font tourner la tête du spectateur… L’arsenal est complet. Une réalisation soignée – avec une musique savamment choisie – avec de vraies nuances, un scénario dense, une narration maîtrisée, suffisamment d’éléments pour débattre autour des questions posées mais un point de vue qui ne juge jamais. Des héroïnes à vif, prêtes à dégoupiller à n’importe quel moment, mais qui se montrent aussi tellement drôles et sensibles que ça les rend terriblement attachantes. Ce trio d’actrices principales est aussi frais que talentueux. Jisca Kalvanda, qu’Houda Benyamina a repérée à 14 ans dans l’un de ses ateliers théâtre dans une MJC, incarne une chef de trafic terriblement dure (et qui lâche le déjà célèbre « T’as du clitoris ! ») mais qui va prendre sous son aile les deux autres pépites : Déborah Lukumuena, le facteur humour du film, une meilleure amie 100% fidèle et Oulaya Amamra, l’actrice principale, qui n’est autre que la petite sœur de la réalisatrice, mais dont la performance incroyable élude d’emblée la question de favoritisme au casting !

La coupe est pleine : il ne vous reste plus qu’à noter la date de sortie – le 31 août – et de vous réserver une soirée pour déguster ce film sans modération ! Vous ne le regretterez pas, foi de cinéphile !

L’Outsider : le Loup de la Société Générale ?

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Sortie le 22 juin 2016

Durée : 1h57

Réalisé par Christophe Barratier (Les Choristes, La nouvelle guerre des boutons, Faubourg 36)

Avec Arthur Dupont, François-Savier Demaison, Sabrina Ouazani

Voici un film qui ne paie pas de mine au premier abord. On craint le remake français-mou du Loup de Wall Street. On se dit qu’après « L’enquête » sorti il y a quelques fois on va avoir droit à tous les scandales financiers. On reste perplexe devant un casting pas forcément des plus prestigieux. Et pourtant… Christophe Barratier, le réalisateur à qui on doit « Les Choristes » nous propose un vrai bon biopic.

film "l'esprit d'équipe" Réalisateur Christophe Barratier , production Galatée films

L’histoire de Jérôme Kerviel est plus ou moins connue de tous. Un trader condamné pour avoir misé très gros et mis la Société Générale dans une situation inconfortable. Le film nous propose de retracer cette trajectoire en partant de l’arrivée par la petite porte de ce Breton d’apparence si normale et qui va progressivement se laisser emporter par la spirale infernale de la réussite.

Outsider 3

La scène d’ouverture est magnifique : la réalisation soignée impulse un rythme infernal du début à la fin qui nous immerge totalement dans le monde la finance. Un bon biopic implique un point de vue et c’est le cas ici : comment un jeune provincial gravit les échelons – poussé par une hiérarchie à la fois admirative et complice – pour sombrer progressivement dans les pires excès ? Arthur Dupont incarne un Kerviel nuancé et convaincant tandis que François-Xavier Demaison (qui a lui-même été trader pendant quelques années) se place dans la peau du mentor avec beaucoup d’à-propos.

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On peut émettre des doutes sur la véracité de certains moments du film, sachant que Kerviel a posé son véto sur quelques points de l’affaire. Mais au final, nous avons affaire à un biopic traité comme un thriller d’autant plus haletant que l’on s’attache à ce golden boy aussi inconscient que talentueux.

Camping 3, le pastis coule à flot… bleu !

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Date de sortie : 29 juin 2016

Durée : 1h45

Réalisé par Fabien Onteniente

Avec Franck Dubosc, Leslie Medina, Claude Brasseur, Gérard Jugnot, Michèle Laroque

Après avoir rassemblé plus de cinq millions de spectateurs en 2006 pour Camping, avoir frôlé les quatre millions en 2009 pour une suite très décriée, nous voici de retour au camping des Flots Bleus, prêts à retrouver notre ami Patrick Chirac aussi lourd que touchant.

Camping 1

Quand ces sagas comiques se prolongent, il est toujours difficile de mettre en place un scénario à la fois novateur mais fidèle à ce qui a fait le succès des précédents opus. Ici, nous avons plus affaire à un thème général (l’opposition jeunes/vieux) qu’à une vraie histoire. C’est à la fois un point fort et une limite : on s’amuse des situations proposées, mais le film tourne à vide sans véritable enjeu. Ajoutons que les dialogues sont très irréguliers : certaines vannes parviennent à faire mouche grâce à un Franck Dubosc fidèle à sa légende. Mais le rythme est lent et la plupart des répliques tombent à côté.

Camping 2

C’est dommage car l’ambiance camping est belle et bien toujours présente. La répartition entre les jeunes et les anciens fonctionne, avec des chemins plutôt bien trouvés pour rendre les habitués de la saga moins présents mais néanmoins très attachants (Jacky perd la boule, le 37 travaille pour le camping, Gattino est célib) et laisser de la place à des nouveaux qui apportent un peu de fraîcheur. L’humour reste potache et balourd (certains s’offusqueront du sort réservé aux homosexuels ou aux handicapés), même si ça fait partie de la signature de Camping !

Camping 3

En conclusion, un troisième épisode plutôt moyen, qui peut compter sur un Patrick toujours frétillant, une dose d’émotions et de bons moments basés sur les conflits de génération. Mais tout ça ne saurait faire oublier une pauvreté d’écriture qui risque d’en rebuter plus d’un !

 

La Tortue Rouge, l’amour est une île

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Réalisé par Michael Dudok de Wit, Studio Ghibli, Sortie le 29 juin 2016

tortue rouge 1

Attention, chef d’œuvre ! Trouver un film d’animation dans la sélection officielle de Cannes (catégorie « Un certain regard ») n’est déjà pas monnaie courante, mais quand en plus ce film obtient le Prix Spécial Un certain regard, ça interpelle, forcément. Et si nous ajoutons que pour réaliser ce premier long métrage (remarqué pour son court « Le moine et le poisson »), le néerlandais Michael Dudok de Wit a été approché par le Studio Ghibli (faut-il rappeler que c’est dans ce studio que Miyazaki a donné vie à des mythes comme le Voyage de Chihiro ou Princesse Mononoké ?), il est facile de percevoir l’excitation autour de ce projet.

Tortue rouge 2

Un homme se retrouve échoué sur une île sauvage. Il tente de survivre, il essaie de retrouver le continent et la civilisation. Les tentatives sont multiples, le héros acharné, mais rien n’y fait, il est contraint de rester au milieu de cette nature luxuriante et des différents animaux sauvages. Jusqu’au jour où notre Robinson se retrouve nez à nez avec une tortue rouge qui va changer son existence…

Fusion x64 TIFF File

Comment expliquer ce voyage magique d’une heure vingt ? Tous les choix du réalisateur sont dans le même registre : à la fois profonds et sans fioritures. Dès les premières images, le spectateur est happé avec douceur dans un autre monde. Le graphisme est aussi simple que riche. Les teintes et les couleurs, très travaillées, touchent souvent au sublime. Le cadrage, réfléchi, propose un subtil équilibre entre les héros et la nature qui l’entoure. L’animation, minimaliste, va à l’essentiel et permet de se concentrer sur le fond. La musique, exceptionnelle, rythme un film sans dialogue avec énormément de nuances et d’intensité. Une épopée poétique à ne pas rater !

 

L’Idéal, c’est de ne pas le voir !

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De Frédéric Beigbeder

Avec Gaspard Proust, Audrey Fleurot, Anamaria Vartolomei, Jonathan Lambert.

L'idéal 1

Après avoir vu le très bon The Neon Demon de Nicolas Winding Refn, j’étais friand de pouvoir me replonger dans l’univers de la beauté. Ayant bien aimé « L’amour dure 3 ans », j’étais en toute confiance, impatient de retrouver le héros de « 99 francs » (réalisé par Jan Kounen, dont j’avais particulièrement apprécié le sketch coupé dans les Infidèles). Mais passons toutes ces références ! Le film commence plutôt bien, il y a du rythme : Beigbeder propose une réalisation punchy avec des effets chic et choc. Rien d’original, mais ça fonctionne plutôt bien. Le spectateur est immédiatement immergé dans l’univers de la mode et fait rapidement connaissance avec le trio de personnages principaux :

_ Octave Parango, le héros de 99 francs, fait son retour. Autrefois campé par Jean Dujardin, c’est ici Gaspard Proust qui s’y colle.

_ Audrey Fleurot incarne Valentine Winfeld, une working girl dans toute sa splendeur et sans aucune nuance : froide, débordée, focus sur son travail.

_ Jonathan Lambert se travestit en Carine Wang, la grande patronne sans cœur de la célèbre marque de cosmétique « L’idéal ».

L'idéal 3

La première demi-heure s’écoule, l’élément perturbateur survient, avec une irrévérence toute modérée… Les dialogues sont très irréguliers, certains s’amuseront de quelques petites vannes, pendant que d’autres crieront au loup machiste. Peu à peu l’histoire s’enlise, les acteurs tournent à vide, en surjouant de plus en plus. Mention spéciale à Audrey Fleurot et Jonathan Lambert qui finissent par devenir vraiment agaçants.

L'idéal 2

Gêné par le manque d’épaisseur, j’ai décroché progressivement, trouvant la dernière demi-heure aussi longue que lourde. Une caricature de comédie à la française, avec une pointe de cynisme très policée. Limite on pourrait porter plainte contre l’affiche du film pour publicité mensongère (ou alors, c’est ça le vrai message de Beigbeder : spectateur, j’ai fait un film aussi faux que ce que je dénonce).  Peut-être que celles et ceux qui ont aimé le livre de Beigbeder « Au secours pardon » dont est issu ce film apprécieront. Le film attirera un public curieux grâce à son côté racoleur. Les autres passeront sans doute leur chemin.

https://www.youtube.com/watch?v=JxLMzbSR5cg

Gaz de France : dans les bas-fonds de l’Elysée !

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Réalisateur : Benoît Forgeard

Acteurs principaux : Olivier Rabourdin, Philippe Katerine, Darius

A l’heure des films formatés, où l’un ressemble à l’autre pour rassembler le plus de spectateurs possibles, nous sommes ici face à une comédie qui ose tenter un numéro d’équilibriste entre la politique et la poésie, deux notions qui n’ont pas coutume de se côtoyer.

Gaz de France, extrait

Le film ne bénéficie que d’un petit budget : quasiment toutes les scènes ont été tournées dans une grande salle avec un fond bleu. Certains « trucages » se voient même à l’écran. Certes, ce n’est pas Hollywood, mais voici un film avec un vrai contenu qui va se développer petit à petit, avec second degré et poésie. Le film se termine en apothéose, avec une originalité qui vient donner du sens à l’intégralité de cette comédie décalée.

gaz 2

On peut voir du Quentin Dupieux (Steack, Rubber, Réalité) dans le traitement du sujet. Le film regorge de petites richesses qui font que l’on est sans cesse relancé et qu’on y repense longtemps après. Philippe Katerine vient apporter la petite touche connue en incarnant ce Président désabusé. Pour la petite histoire, le réalisateur a contacté l’auteur-compositeur-interprète de « La Banane » après que celui-ci ait cité « Réussir sa vie » dans une interview !

gaz 3

Pour tout ceux qui cherchent des films qui sortent de l’ordinaire et qui ne se laissent pas rebuter par le manque de moyens !