Pays : États-Unis
Année : 2017
Casting : Emma Stone, Steve Carell, Andrea Riseborough,…

Timing judicieux ou hasard ironique ? Alors que le combat pour l’égalité hommes-femmes se voit remis en avant suite aux diverses révélations de harcèlement envers la gente féminine, le duo de réalisateurs Valerie Faris et Jonathan Dayton sort son troisième film en salles avec pour thème un match de tennis assez particulier…

1973. La joueuse de tennis Billie Jean King est au sommet de sa gloire. Alors qu’elle décide d’en profiter pour se battre pour un traitement équitable entre les sportifs masculins et féminins, l’ancien champion Bobby Riggs la met au défi de l’affronter dans une bataille entre sexes.

S’il y a une chose que l’on aime dans le travail de Faris et Dayton, c’est cette manière de croquer des personnages avec un attachement sincère pour eux. C’est également le cas ici où King et Riggs se voient traités avec leurs faiblesses humaines (l’une un amour secret, l’autre son addiction pour le jeu ainsi que son excentrisme). C’est cette écriture humaniste qui permet aux spectateurs de ressentir une forme d’empathie pour chacun, personnages secondaires compris, tout en évitant une forme de manichéisme simplet. Riggs est ainsi dépeint plus comme un homme mis en face de ses limites qui profite d’une situation pour essayer de s’enrichir et se remettre en avant dans le domaine sportif. En cela, la direction d’acteurs est de grande qualité, ainsi évidemment que les interprétations. Emma Stone et Steve Carell incarnent réellement leurs protagonistes, là où ils auraient pu tomber dans la caricature. C’est bien là la plus grande qualité du film : capturer les failles de ses protagonistes sans les juger mais plutôt en tentant de les comprendre pour mieux les appréhender.

On sent également que Faris et Dayton ont disposé d’un budget plus conséquent que sur leurs films précédents. En cela, les quelques expérimentations visuelles ainsi que les quelques idées de mise en scène qui surgissent offrent une sensation de beauté sans sortir de l’immersion ressentie dans l’intrigue. On pourrait notamment parler de ce dialogue en voiture sur fond de « Rocket Man » : là où certains ne se seraient appuyés que sur la force de la chanson, Faris et Dayton en font une part de la séquence sans qu’elle ne surnage des répliques déclarées à ce moment-là. La musique n’est pas un cache-misère prétentieux : elle est homogène aux sentiments que nous font passer la mise en scène et les deux actrices. En cela, « Battle of the sexes » dispose d’un éventail de propositions dans ses mouvements caméras sans que cela ne semble forcé pour attirer l’attention.

Thématiquement, il est intéressant de comparer le film à l’actualité. Il sonne comme un aveu d’espoir par rapport au traitement passé des femmes mais sans ignorer que le combat reste encore long au vu des inégalités toujours en cours (vis-à-vis des salaires notamment). On peut même percevoir que King et Riggs ne sont au final que deux sportifs qui vivent leur passion de manière immodérée. Qu’importe le genre dans cette situation car la passion est, comme n’importe quel sentiment, universelle. Certaines déclarations faites par certains protagonistes masculins pourraient faire grincer des dents, ce qui en est exactement le but : mettre en avant des propos clichés mais pourtant encore utilisés afin que le spectateur soit confronté à cette situation. On pourrait en cela relier « Battle of the sexes » à « Get Out » pour les rires nerveux que les deux provoquent lors de certaines séquences.

Il y a un sentiment de « Feel good movie » qui se ressent dans ce long-métrage, comme dans les autres œuvres d’ailleurs de Faris et Dalton, mais également une situation de détresse par rapport à plusieurs formes d’inégalité. Si la situation a évolué par rapport à 1973, certains moments dépeints par le film résonnent toujours. Faire son coming-out est encore compliqué, surtout dans certaines familles. De nombreux préjugés restent affublés à tout type d’individus et nombres continuent de penser que la femme est inférieure à l’homme. La plupart d’ailleurs ne sont que le fruit d’une société qui aime persister dans la catégorisation des êtres humains par leurs origines, orientations sexuelles ou leurs genres. L’amertume est palpable car, comme le rappellera le personnage incarné par Alan Cumming, il reste encore des évolutions à faire de manière sociétale.

Voici donc l’importance d’un film comme « Battle of the sexes » : toucher à quelque chose d’humain, artistique, populaire, touchant mais surtout rappeler que le combat n’est jamais terminé pour atteindre une situation égale pour tous. En effet, chaque personne peut disposer des mêmes capacités qu’une autre ; la juger inférieure ne peut donc que porter préjudice à notre société et à son avancée. Parfois, il suffit d’un film (ou d’un match de tennis) pour s’en rappeler…


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