Pays : Japon, Grande-Bretagne
Année : 1983
Casting : David Bowie,Tom Conti, Ryuichi Sakamoto, Takeshi Kitano, …

De tout temps, l’être humain aura connu les guerres, guerres qu’il a lui-même engendrées. Le cinéma a tenté à plusieurs reprises de partager avec son public les tourments qu’elle cause. Récemment, Mel Gibson nous avait plongés dans une oeuvre hyper violente tandis que Christopher Nolan utilisait ses bases pour raconter une histoire de survie humaniste. Ici, nous allons également parler d’un film traitant des dommages de la guerre à regard d’homme avec « Furyo », aussi appelé « Merry Christmas Mr. Lawrence » en version originale.

En 1942, dans un camp de prisonniers japonais situé à Java, divers soldats voient leur existence bouleversée par l’arrivée de Jack Celliers, un major qui va se rebeller contre les dirigeants de la prison…

Il est difficile de vraiment ranger « Furyo » dans une seule catégorie. En effet, le film de Nagisa Oshima touche aussi bien au dramatique qu’à l’humoristique et n’hésite pas à montrer autant des scènes à la dureté réaliste que des flashsbacks quasi oniriques. C’est cette diversité qui lui permet de subsister durablement au fil des années dans la mémoire des spectateurs. Oshima use de sa base narrative « belliqueuse » pour traiter de l’humain et des conflits qui régissent en lui, aussi bien à un niveau intimiste par l’émotionnel qu’à plus grande échelle d’un point de vue culturel. Cela se retrouve également dans une mise en scène à la composition travaillée et au rythme assez lent pour donner un côté presque hypnotisant au visionnage.

Le casting est du même acabit, faisant autant preuve d’une certaine fureur au vu de l’opposition entre les prisonniers et leurs gardiens que d’une certaine retenue par instants. Bien que chaque acteur livre une prestation inoubliable, il est difficile de ne pas s’attarder sur un David Bowie au magnétisme direct une fois son apparition dans le récit. Le chanteur dégage une telle force qu’il vole presque à lui seul l’écran et le bouffe même de par son autorité naturelle à l’image. Oshima sait parfaitement comment l’icôniser, tout comme le rendre plus vulnérable avec ces séquences de souvenir à la photographie presque surréelle de par la place qu’y occupe la lumière.

Bien que leurs statuts soient divisés en deux (prisonniers-gardes), chacun des protagonistes dégage une ambivalence entre sa perfection, souvent apparente, et ses failles, bien plus intimes. On retrouve cela dans la relation entre Jack Celliers et le capitaine Yonoi (dont l’interprète, Ryuichi Sakamoto, est également le compositeur du film). Là où le premier dégage un magnétisme presque fort, l’autre lui répond par une teneur froide qui finira par fondre lors d’une scène inoubliable que nous ne dévoilerons pas ici pour ceux et celles ne l’ayant pas encore vue. Ici, on ne trouve guère de manichéisme simplet, nous faisons juste face à des êtres perfectibles croyant tellement en leurs causes et en leurs cultures qu’elle va en mener certains à leur perte. Cette symétrie des structures se verra retournée lors d’un final touchant, appuyant la force du titre original du film.

Si l’on ajoute à cela une bande originale exceptionnelle (en particulier le thème principal), difficile de ne pas considérer « Furyo » comme une oeuvre unique en son genre. Elle dégage une humanité aussi bouleversante que douloureuse et dotée d’une telle imperfection que l’on ne peut que s’y attacher. C’est ainsi souvent en croyant à sa perfection idéologique que l’être humain rentre en conflit, alors qu’il lui suffirait juste de jeter un oeil sur lui-même pour voir que ce sont ses défauts, ses lacunes qui le rendent humain…


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Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

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