Il y a des films pour lesquels on a de grandes attentes,
Des films dont on espère qu’il nous fasse remonter la pente…
J’invoque, un documentaire dont on ne sait guère qu’il est sorti de terre,
Diffusion mini riquiqui en catimini entre deux rugissants blockbusters.
Une œuvre rapide et furieuse qui montre la banlieue heureuse,
Loin des chichis clichés d’assistés terroristes à l’insulte haineuse,
Déclamant des mots si différents, pour former une phrase à l’unisson,
Guérissant des maux traumatisants, car la force ne se décuple que dans l’union.
Des jeunes combattants s’entrainant à boxer avec les rimes,
Pour le plaisir de vaincre l’oppressant, assurément pas pour la frime.
Jugés sur la forme et sur le fond : sauront-ils relever les exercices de style ?
A Saint-Denis t’as la pression : t’as pas intérêt à perdre le fil.
Une classe black-blanc-beur criant des textes aux 1001 couleurs
Vaincre sa timidité : un dur labeur pour exalter toutes ces saveurs.
Un concours, pas un sauveur mais une belle bouffée d’oxygène,
Même pour vous les spectateurs, vous n’en sortirez pas indemnes.
J’invoque l’authenticité, des acteurs vrais se donnant sans tricher,
Sans dissimuler leur émotivité, stress et ressenti, en toute sincérité.
Des banlieusards motivés : non je ne m’essaie pas à l’oxymore,
Que du réel, pas du chiqué, pas question de s’apitoyer sur leur sort.
Parce qu’au ciné y a pas que Scarlett, Dany et les caïds du box office,
Va voir ces improbables doués poètes, Victor Hugo, ses filles, ses fils.
« A voix haute, la force de la parole », en pleine période électorale,
Simple hasard ou puissante parabole, c’est bientôt le grand oral.
C’est pas l’heure de la morale : pas du tout l’esprit de cette bobine,
Infiniment merci pour ce film viscéral : il résonne en moi, dans ma trombine.