• Un Homme en Fuite, de Baptiste Debraux

          0
          Date de sortie : 8 mai 2024 (1h 46min) Réalisateur : Baptiste Debraux Acteurs principaux : Bastien Bouillon, Léa Drucker, Pierre Lottin, Marion Barbeau, Théo...
        • Monarch : Legacy of Monsters Bilan de la première saison

          0
          Titre original Monarch : Legacy of Monsters Nationalité États-Unis Sur Apple TV+ (2023) Genre Catastrophe, Fantastique Avec Anna Sawai , Kiersey Clemons , Joe Tippett , Elisa Lasowski...
        • En juin sur Netflix

          0
          Les Séries : Kübra : Saison 2 : 06/06 Sweet Tooth : Saison 3 : 06/06 Hierarchy : 07/06 Perfect Match : Saison 2 : 07/06 Collector : Et...
        • En mai sur Netflix

          En avril sur Netflix

          Spaceman de Johan Renck

          En mars sur Netflix

        • [Sortie Blu-ray/DVD] Notre Corps de Claire Simon

          0
          Sortie : 17 Février 2023, 19 mars 2024 en DVD Chez Blaq Out Durée : 2h48 Genre : Documentaire  De Claire Simon               Le documentaire permet de voir,...
        • Les sorties jeux vidéo du mois de juin

          0
          The Elder Scrolls Online : Gold Road The Elder Scrolls Online : Gold Road est l'extension de 2024 de TESO. Elle suit les événements s'étant...
        • L’œuvre de Daryl Delight (spécial Halloween)

          0
          Et si pour Halloween, on parlait un peu de littérature horrifique ? Et si au lieu de parler de H.P Lovecraft, Stephen King ou...
Home Auteurs Publication de Anne-Laure

Anne-Laure

43 PUBLICATION 0 COMMENTAIRES
Passionnée de culture en général et notamment de cinéma. J’apprécie autant découvrir et parler de grands classiques, de films « à succès » ou de petites pépites (presque) inconnues, de toute époque et de tout genre, avec sans doute un amour plus particulier pour le cinéma d’animation. Les découvertes, leur transmission et leur partage m'intéressent plus que tout et j'aime me dire que je peux y contribuer.

BIFFF jour 11 : Enfermés dans une piscine et perdus sur une île

0

Et c’est avec deux films que s’achève, pour nous, cette 37èmeédition du Festival du film fantastique de Bruxelles.

The Pool – Ping Lumprapleng

Sans titrea

Réalisateur : Ping Lumprapleng
Casting : Ratnamon Ratchiratham, Theeradej Wongpuapan
Titre original : Hô Boi Tu Thân
Genre : Thriller
Origine : Thaïlande
Durée : 1h30

The Pool avait déjà était présenté au BIFFF en début de semaine. N’ayant pas pu assister à cette séance, mais ayant entendu de nombreux retours animés (positivement ou négativement, vous le saurez bientôt), nous nous faisions une joie de finalement le découvrir.

Un lieu de tournage de film, une immense piscine de 6 mètres de profondeur. Day s’endort paisiblement sur son matelas gonflable après une dure journée de travail… un ami le prévient que l’eau va lentement se vider et qu’il ferait mieux de sortir de là rapidement, car tout le monde est parti. Et, chose incroyable… il n’écoute pas son conseil avisé. En plus, un crocodile s’est échappe et se balade tranquillement aux alentours.

Pourquoi les crocodiles dorment-ils la gueule ouverte ?

De quelle couleur est la langue des crocodiles ?

Pourquoi existe-t-il des piscines sans échelle ?

Peut-on réellement ne prendre que des décisions idiotes ?

Combien de temps peut-on passer sans respirer sous l’eau sans en garder de séquelles ?

Quelles sont les chances de survivre à un très gros coup sur l’arrière de la tête, suivi d’un chute ?

De quelle taille sont les œufs des crocodiles ?

Que fait, normalement, un crocodile affamé face à deux proies ?

Pourquoi ne pas s’aider de ses pieds plutôt que d’utiliser uniquement la force de ses mains ?

Combien de mètres peut contenir un rouleau de ruban adhésif ?

La pizza contenait-elle de l’ananas ?

Toutes ces questions, et bien d’autres, sont des interrogations que soulève ce thriller thaïlandais, en presque total « huis clos » à ciel ouvert. Jamais logique ou cohérent, des personnages aussi absurdes que leurs réactions, des malchances en série… un excellent moment à passer, que l’on peut difficilement prendre au sérieurx, qui plus est, entourés du public du BIFFF !

Cut Off – Christian Alvart

CUT-OFF_Still-3_BIFFF2019

Réalisateur : Christian Alvart
Casting : Fahri Yardim, Jasna Fritzi Bauer, Lars Eidinger, Moritz Bleibtreu
Titre original : Abgeschnitten
Origine : Allemagne
Genre : Thriller, Action
Durée : 2h11

Dernier film que nous avons vu au BIFFF cette année, Cut Off est un thriller allemand adapté du roman de Sebastien Fitzek (dont le titre en français est L’inciseur). Sur un île au milieu de l’océan frappée par un ouragan, une jeune femme découvre un cadavre. Au même instant, sur le continent, un médecin légiste découvre un indice qui le concerne directement, alors qu’il est en pleine autopsie. Celui-ci le mènera à une suite de pistes aussi étonnantes qu’effrayantes et impératives. En effet, le temps presse : la vie de sa fille en dépend.

Cut Off fût pour nous une réelle surprise. La tension n’est jamais relâchée, le suspense est constant, pour une ambiance sans arrêt haletante. Tout comme les deux personnages principaux, le spectateur devient progressivement de plus en plus méfiant, tentant de discerner le pourquoi du comment et de comprendre les nombreuses imbrications que détiennent les actions des protagonistes. L’essentiel des évènements se déroulent par communication téléphoniques interposées, entre deux inconnus. La tension n’en est que plus grande car ce procédé octroie une forme d’incertitude à tout ce qui pourrait se dérouler, notamment quant aux motivations des personnages.

L’environnement n’est pas accueillant, tout le monde a fui l’île en raison de l’ouragan, aucune issue ne semble possible, les personnages sont complexes au premier regard, et encore plus en profondeur, tout le monde semble à un moment ou un autre suspect, de la vengeance et des crimes sordides : tous les éléments d’un excellent thriller, maîtrisé de bout en bout. Et si la fin semble un peu abrupte et que l’on dénombre quelques incohérences, celles-ci ne viennent pas entacher la qualité générale du métrage, ni son appréciation.

BIFFF jour 10 : Thriller, malheur !

0

C’est déjà l’avant-dernier jour du festival pour le Coin des Critiques Ciné ! Pour celui-ci, nous partons à la découverte de deux thrillers, l’un nous venant de Corée du Sud et l’autre de Pologne.

Door Lock – Kwon Lee

DOOR-LOCK_Still-3_BIFFF2019

Réalisateur : Kwon Lee
Casting : Hyo-jin Kong, Sung-oh Kim, Ye-won Kim
Origine : Corée du Sud
Genre : Thriller
Durée : 1h42

Un immense immeuble aux multiples appartements, sorte de géante boîte verticale où les gens s’entassent, comme il y en a tant. Une jeune femme vivant seule, travaillant le jour dans une entreprise d’assurance, s’aperçoit peu à peu que tout n’est pas normal dans son habitation… Et si quelqu’un d’autre y était entré et s’y cachait ?

Door Lock est un bon thriller qui reprend les éléments du genre tout en les maîtrisant. La tension est toujours présente, de même que le suspense, et les spectateurs, tout comme les personnages eux-mêmes commencent à soupçonner tout le monde à tour de rôle, à l’affût du moindre élément anodin qui pourrait être, en réalité, un indice de première importance.

Le film donne également à voir quelques dysfonctionnements sociétaux, notamment au sujet de la police et du peu d’écoute qui est accordé aux victimes, mais aussi, et sans doute plus spécifiquement, en ce qui concerne les liens entretenus entre les hommes et les femmes. Aussi, l’on constate que de l’entreprise où travaille Kyung-min, seules des femmes sont employées alors que les patrons sont exclusivement des hommes. En outre, la plupart des personnages masculins rencontrés par Kyung-min se révèleront être de réels problèmes, voire des menaces. Ce faisant, le film dénonce les violences faites aux femmes, qu’elles soient physiques, psychologiques, au travail, dans le quotidien ou dans la vie privée.

Pousser davantage au huis-clos lors de certaines scènes aurait sans doute eût le mérite d’augmenter l’atmosphère anxiogène, mais les actions se succèdent malgré tout de manière efficace. Et si la révélation finale ne crée pas de réelle surprise, mais confirme plutôt les suppositions des spectateurs, elle n’en est pas moins effrayante et semblant plausible.

Dark Almost Night – Borys Lankosz

DARK-ALMOST-NIGHT_Still-6_BIFFF2019

Réalisateur : Borys Lankosz
Casting : Magdalena Cielecka, Marcin Dorocinski
Origine : Pologne
Genre : thriller, drame
Durée : 1h51

Dans une petite ville de Pologne, surviennent d’étranges disparitions d’enfants. Une journaliste, Alicja Tabor, décide d’enquêter sur ce mystère qui semble s’épaissir et ne pas être pris suffisamment au sérieux par la police locale. Au fur et à mesure de ses recherches, elle constate que les évènements actuels prennent en réalité leur source dans des incidents bien intérieurs, lesquels pourraient même être liés à son propre passé…

Adapté du livre de Joanna Bator, le film de Borys Lankosz est un objet assez étrange.
En partant d’une enquête au sujet d’enlèvements d’enfants, comme on voit relativement souvent dans les thriller, il brosse différents styles aux diverses incidences, tout en délivrant de nombreux messages. L’environnement présenté par le métrage est austère et froid, aidé par des paysages gris et enneigés, et par un sujet évidemment tout sauf joyeux. Les personnages eux aussi ne transmettent pas beaucoup de chaleur ou d’empathie, car ils sont eux-mêmes brisés et laissent peu passer leurs émotions qu’ils ont vraisemblablement appris à camoufler. À cette froideur générale, s’oppose toutefois quelques incursions qui semblent se diriger vers le fantastique ou le « merveilleux », dans le sens premier du terme, celui de « conte (de fées) ». Cette idée est, forcément, liée à l’enfance, et forme un clivage avec d’un côté une sorte d’imagination féerique et de l’autre, la réalité effective de l’action, bien plus sombre. L’enquête permet évidemment de mettre en avant de nombreux et immenses problèmes liés aux abus d’enfants, à l’éducation, à une réalité sociale précaire et difficile, aux traumatismes de parents, aux répercussions d’évènements passés sur la vie adulte et sur son développement. Par ailleurs, à travers la mise en place de cette enquête et les découvertes qui y sont liées, Lankosz explore également le passé de la Pologne, la deuxième guerre mondiale et le nazisme, et ses liens avec l’Allemagne.

Le tout crée une histoire complexe et aux multiples facettes, qui n’est pas toujours aisée à déchiffrer. Il est cependant possible qu’il nous manque, personnellement, quelques clefs de lecture, notamment symboliques, pour une compréhension totale de cette œuvre.

BIFFF jour 9 : des dragons, du jeu et du démon

0

On arrive, tout doucement, au terme du festival. Pour ce neuvième jour, nous avons jeté notre dévolu sur trois films, et une fois encore, sur trois styles profondément différents.

Golden Monk – Billy Chung, Wong Jing

GOLDEN-MONK-THE_Still-2_BIFFF2019

Réalisateurs : Billy Chung, Wong Jing
Casting : Evonne Sie, Zhang Yuqi, Zheng Kai
Origine : Chine, Hong-Kong
Genre : Arts martiaux, action, fantastique
Durée : 1h31

Jade, jeune chasseuse de démons, se souvient de ses nombreuses vies antérieures, elle était aux Cieux et amoureuse de « l’enfant d’or ». Le couple a malheureusement fâché les divinités et a été envoyé dans le monde mortel pour 100 réincarnations successives, avec l’interdiction de se retrouver. L’enfant d’or a choisi d’oublier tous ses souvenirs, tandis que Jade préfère conserver sa mémoire afin de pouvoir parcourir le monde et les époques à la recherche de son amour perdu.

Golden Monk est, comme un certain nombre de films d’arts martiaux chinois, fortement kitsch. Des couleurs roses et dorées aux effets spéciaux pas toujours du plus bel effet, aux relations entre personnages et aux réactions plutôt exagérées, l’on retrouve tous les éléments auxquels on pouvait s’attendre. Le début du film présage quelque chose d’assez amusant, avec une histoire somme toute banale, mais toujours appréciable à suivre. Malheureusement, s’ensuivent des effets comiques qui tombent de nombreuses fois totalement à plat ou ne sont pas toujours de très bon goût.

Play or die – Jacques Kluger

PLAY-OR-DIE_Still-5_BIFFF2019 

Réalisateur : Jacques Kluger
Casting : Charley Palmer Rothwell, Laetitia Chambon, Roxane Mesquida
Genre : Épouvante-horreur, thriller
Origine : Belgique
Durée : 1h29

À l’heure du succès montant des « escape games » et inspiré du roman « Puzzle » écrit par Frank Thilliez, Play or Die nous conte l’histoire de Lucas et de son (ex-)copine, Chloé, qui décident de participer à un jeu réputé particulièrement compliqué, dans un endroit tenu secret, avec à la clef, une récompense particulièrement intéressante. Au fur et à mesure que le jeu prend place et que les énigmes sont résolues, ils s’aperçoivent que tout ne semble pas totalement normal dans ce lieu…

L’ambiance de Play or Die s’installe tranquillement et crée un sentiment d’angoisse et d’insécurité profonde autant chez les joueurs que chez les spectateurs. Tout comme eux, l’on tente de comprendre et de résoudre les énigmes qui nous permettront non seulement de sortir de chaque pièce et d’ainsi pouvoir accéder à la suivante, mais aussi de comprendre ce qui réellement se trame dans cette étrange bâtisse, qui n’est autre qu’un hôpital psychiatrique désaffecté. Peu à peu, des doutes se forment et l’on commence à soupçonner tout le monde à tour de rôle, à l’instar, une nouvelle fois, des protagonistes. Aussi, le suspens du film est extrêmement bien mené et nous tient en haleine de bout en bout. L’arrivée de la fin nous a cependant semblé un peu trop abrupte et des zones d’ombres demeurent ce qui occasionnent sans doute quelques contradictions… à moins qu’un second visionnage nous soit nécessaire pour tout percevoir d’un autre œil.

Stray – Olga Gorodetskaya

STRAY_Still-3_BIFFF2019 

Réalisatrice : Olga Gorodetskaya
Casting : Elena Lyadova, Vladimir Vdovichenkov
Origine : Russie
Genre : Épouvante-Horreur, drame
Durée : 1h30

Premier film de la réalisatrice Olga Gorodetskaya dit s’inspirer pour celui-ci de Stanislas Lem, et plus particulièrement Solaris (déjà adapté au cinéma, notamment par Andrei Tarkovski). Stray nous raconte l’histoire d’un couple qui, quelques années après la disparition de leur enfant, Vanya, souhaite en adopter un. Le choix de Polina se porte sur un étrange petit, il grogne plutôt qu’il ne parle et semble souffrir de nombreux traumatismes. Peu à peu toutefois, cet étrange enfant s’acclimate à son nouveau foyer… tant et si bien qu’il ressemble de plus en plus au petit Vanya disparu, tant physiquement que dans ses attitudes et comportements.

Au casting, nous retrouvons Elena Lyadova et Vladimir Vdovichenkov, vus tous les deux dans Léviathan de Andrei Zvyagintsev, prix du scénario à Cannes en 2014, et très convaincants dans leur rôle de couple meurtri et désemparé. Car, le sujet principal traité est évidement le deuil, rendu tangible au travers de cet être qui se nourrit de la tristesse de ses parents pour « plaire » et surtout, ne pas être abandonné. La performance du jeune acteur est également réellement à souligner, car il parvient à passer d’une émotion à l’autre très rapidement et ainsi à créer de nombreuses interrogations sur sa véritable identité. Les doutes et la confusion mêlée d’espoir qu’éprouvent les parents se ressent ainsi progressivement au travers des protagonistes, mais aussi de l’image, particulièrement froide. Le film évite, fort heureusement, les habituels jump-scares excessifs pour se concentrer sur l’atmosphère de malaise qu’il distille. Quelques effets spéciaux semblent toutefois ne pas être totalement aboutis, ce qui amoindrit leur portée. Néanmoins, de par l’univers qu’il crée, son casting excellent et sa manière de traiter son sujet, Stray est un premier film très convaincant. Dès lors, l’on espère voir d’autres réalisations signées Olga Gorodetskaya dans un futur proche (celle-ci a dit avoir en projet un film de science-fiction).

BIFFF jour 8 : Dystopique, insomniaque et démoniaque

0

Trois films pour notre huitième journée, et pour tous les trois, la salle était à peu près comble. Entre dystopie, insomnie et fantastique … Trois déclinaisons de la peur, menées par trois personnages féminins.

Level 16 –Danishka Esterhazy

LEVEL-16_Still-1_BIFFF2019

 Réalisatrice : Danishka Esterhazy
Casting : Celina Martin, Katie Douglas, Sara Canning
Genre : Dystopie
Origine : Canada
Durée : 1h42

Viven a toujours vécu à l’Académie Vestalis, une école aux allures de clinique ou de prison, où l’on enseigne aux jeunes filles à « bien se tenir », afin de pouvoir intégrer une bonne famille qui souhaiterait les adopter. Pour y parvenir, il leur faudra atteindre le fameux « Niveau 16 ». Chaque année, les groupes sont modifiés, aucun véritable lien d’amitié ne peut, dès lors, être créé. Les journées se déroulent au rythme des « pauses repas » et des prises de vitamines censées protéger de l’air pollué. Jamais Vivien ne voit la lumière du jour…

Level 16 a tous les attributs des quelques sagas de « science-fiction dystopiques » orientées adolescence que l’on a pu voir ces dernières années : une autorité supérieure qui s’en prend aux jeunes en les maintenant dans l’ignorance et en les utilisant, des personnages forts, courageux, mais imparfaits auxquels on peut facilement s’identifier. Néanmoins, Level 16 apporte une touche originale avec son côté féministe et son message anti-patriarcal. En ce sens, il peut rappeler la série the Handmaid’s tale (adaptation du roman éponyme de Margaret Artwood), tout en ayant des retombées plus limitées : le monde extérieur et sa réalité resteront ici inconnu. À ce sujet, le film pourrait ne pas être totalement perçu comme de la « science-fiction ». En effet, aucune époque n’est réellement mentionnée…, mais nous ne pouvons en dire plus sans trop en révéler. Si la révélation finale se devine facilement dès la moitié du métrage, il n’en est pas moins très plaisant à regarder, grâce, notamment, au talent des actrices et à l’ambiance de froideur et d’austérité constante qui se dégage de la clinique et de ses patrons.

You Shall Not Sleep – Gustavo Hernández

YOU-SHALL-NOT-SLEEP_Still-3_BIFFF2019

 Réalisateur : Gustavo Hernández
Titre original : No dormirás
Casting : Belén Rueda, Eva De Dominici, Germán Palacios, Juan Manuel Guilera, María Eugenia Tobal, María Zabay, Natalia de Molina
Origine : Argentine/Uruguay
Genre : Mystére, Épouvante-Horreur
Durée : 1h45

Bianca, jeune actrice de théâtre, se voit proposer la possibilité d’un rôle de premier plan dans une pièce pour le moins « expérimentale ». Alma Böhm, metteuse en scène aussi reconnue que décriée, a des méthodes bien particulières pour tirer le meilleur de ses acteurs : les empêcher de dormir. Selon elle, l’insomnie de très longue durée permettrait d’entrer dans un nouveau monde, entre réalité et hallucination, et dès lors de devenir quelqu’un d’autre et un meilleur acteur. Bien évidemment, le lieu de répétition ne pouvait être qu’un hôpital psychiatrique désaffecté…

Une jeune femme prête à tout pour vivre de sa passion artistique, une maîtresse des lieux aux allures diabolique, un lieu effrayant… il y a quelques soupçons de Suspiria dans ce No Dormirás. Les rêves et cauchemars, imbriqués ou non, et les insomnies rappellent quant à eux de nombreux autres films jouant sur ces thématiques qui permettent d’explorer, bien souvent, la psychologie de leur personnage. Ce cocktail fait du film de Gustavo Hernández un objet très intéressant, aux multiples lectures et interprétations, porté par Eva De Dominici, très convaincante dans son rôle d’actrice perfectionniste. Les rêves, terrain difficilement compréhensible et que l’on connaît tous, offrent toujours de multiples possibilités de création autour de la peur et de l’angoisse, et cela ne fait pas défaut ici. On regrette toutefois quelques effets un peu grotesques de type jump-scare qui n’étaient pas nécessaires, car l’ambiance de malaise créée par le personnage d’Alma et par le lieu se suffisait à elle-même. Et si des doutes demeurent, et malgré le fait que certaines explications fassent défaut, You Shall not Sleep reste néanmoins une bonne surprise.

The Soul Conductor – Ilya Maksimov

SOUL-CONDUCTOR-THE_Still-7_BIFFF2019

Réalisatrice : Ilya Maksimov
Casting : Aleksandr Robak, Aleksandra Bortich, Evgeniy Tsyganov, Vladimir Yaglych
Origine : Russie
Genre : Mystère, Épouvante-Horreur
Durée : 1h29

La jeune Katya ne connaît pas Bruce Willis, mais voit des fantômes. Elle découvre également que de nombreuses jeunes femmes ont été massacrées. Leur point commun ? plutôt jeunes, et blondes. Tout comme Katya, et donc, comme sa sœur jumelle, Larissa. De plus, Katya est hantée par un souvenir d’enfance mettant en scène un personnage particulièrement démoniaque…

Sur papier, le film fait directement penser à Sixième Sens, avec une petite touche du plus récent Personal Shoper de Olivier Assayas, en raison de la relation que Katya entretient avec sa sœur.

Entre enquête policière, film de fantôme et exploration du mental, The Soul Conductor parcourt de nombreux thèmes et passent d’un style à l’autre en un clin d’œil. Un soin particulier semble avoir été accordé aux visuels qui sont de plus bel effet. Les liens qu’entretient Katya avec ses « visions », qui ne sont autres que des fantômes égarés dont la mission sur Terre n’est pas achevée, est également très intéressante. Le personnage de Katya, aux multiples facettes et qui soulèvera des questionnements, de la part du spectateur, tout au long du film, est également original et interprété par une très convaincante
En conjuguant le surnaturel et l’inconscient, l’ambiance générale du film est une réussite. Aleksandra Bortich. Malheureusement, la multitude de rebondissements et de vrais-faux twists entraînent toutefois le film dans une grande confusion dommageable.

Annecy 2019 : Les films en compétition

0

Du 10 au 15 juin prochain, se tiendra le festival du film d’animation d’Annecy (dont l’affiche de cette année, signée Charlotte Gastaut, est vraiment magnifique). Les thèmes choisis par le festival cette année son le Japon et la gastronomie.

Nous vous proposons dans cet article une courte présentations des longs-métrages qui seront présentés en compétition.

Buñuel après l’âge d’orde Salvador Simo (dont on vous parlait déjà ici, lors du festival Anima)

20190919_1

L’extraordinaire voyage de Marona, le nouveau film d’Anca Damian après la montagne magique et la Voyage de Monsieur Cruclic. Celui-ci se centre sur le personnage d’une petite chienne qui, victime d’un accident, se rappelle ses précédents maîtres.

20193057_1

L’invasion des ours en Sicile, de Lorenzo Mattotti. Racontant l’histoire d’une opposition entre le clan des ours et des hommes, il s’agit d’une adaptation du livre éponyme de Dino Buzzati.

20193091_1

Ride your wave de Masaaki Yuasa (Lou et l’île aux Sirènes, Mind Game, The Tatami galaxy…). Explorant une fois encore les thématiques de l’eau et des relations humaines, Masaaki Yuasa se centre cette fois-ci sur le surf.

20193115_1

Ternet Ninja de Anders Matthesen et Thorbjørn Christoffersen, qui nous raconte l’histoire d’un petit garçon dont la poupée ninja prend vie et l’aidera dans ses problèmes du quotidien.

20193110_1

The Relative Worlds de Yuhei Sakuragi, qui nous emmènera à la découverte de mondes parallèles.

20191851_1

The Wonderland de Keiichi Hara, qui nous emmène, lui-aussi, à la découverte d’un autre monde où règne la magie.

20193116_1

White Snake de Kahong Wong et Ji Zhao qui nous entraînera dans la féérie de la mythologie chinoise.

20190626_1

 

En ce qui concerne, maintenant, la sélection des longs-métrages « contre-champs », nous trouvons

Away de Gints Zilbalodis, provenant de Lettonie et nous comptant l’histoire d’un petit garçon qui se lie d’amitié avec un oiseau et qui, ensemble, vivent des aventures.

20190738_1

Children of the sea de Ayumu Watanabe, qui traite du sujet compliqué de l’intégration scolaire à l’adolescence, tout en développant la thématique de l’eau.

20193068_1

Dia de Muertos de Carlos Gutierrez, qui raconte l’histoire d’une petite fille à la recherche de ses origines, en prenant place dans l’ambiance du « jour des morts » du Mexique (laquelle avait déjà donné naissance à deux films d’animation ces dernières années : La légende de Manolo et Coco).

20193123_1

Homeless de José Ignacio Navarro Cox, Jorge Campusano et Santiago O’Ryan. Celui-ci nous vient du Chili et nous parlera de la « révolte » menée par un groupe de sans-abris lors d’une crise financière mondiale.

20193127_1

Kung Food de Haipeng Sun, nous racontant les péripéties de Super Bao, un petit pain vapeur farci.

20191209_1

Underdog de Sung-yoon Oh, Chun-baek Lee, provenant de Corée du Sud et se centrant sur les aventures d’une meute de chiens, abandonnés par leur maître.

20193121_1

Ville-Neuve de Félix Dufour-Laperrière, qui prend place au Québec et explore les relations humaines.

20193076_1

Zéro Impunity de Nicolas Blies, Stéphane Hueber-Blies et Denis Lambert. Ce dernier se présente comme un projet transdisciplinaire, à la fois film d’animation, documentaire et objet d’activisme, en présentant « l’apparente impunité totale des violences sexuelles dans les conflits armés actuels ».

20193152_1

La sélection est donc extrêmement riche et variées, tant au niveau des techniques d’animations utilisées, de la provenance géographique des métrages ou encore des thèmes abordés. Toutes les informations sont disponibles sur le site du festival.

BIFFF jour 7 : « Au soleil » avec The Beach Bum et « Sur la plage, abandonnés » avec Aurora

0

Cela fait déjà une semaine que nous avons commencé notre découverte de cette 37ème édition du festival. On vous parle aujourd’hui de deux films ; d’un côté le nouveau Harmony Korine qui est plutôt attendu et de l’autre, un thriller mystérieux philippin.

The Beach Bum – Harmony Korine

BEACH-BUM-THE_Still-2_BIFFF2019

Spring Breakers, le précédent film de Harmony Korine, avait beaucoup fait parler de lui. Certains n’y voyaient rien d’autre que ce qu’il montrait explicitement (un groupe de jeunes se dandinant sur la plage durant le Spring Break et plongeant dans des histoires de drogues) tandis que d’autres y décelaient des messages plus profonds. Qu’en est-il, alors, de ce Beach Bum, qui était présenté en première belge au BIFFF ?

Année : 2019
Réalisateur : Harmony Korine
Casting : Isla Fisher, Jonah Hill, Martin Lawrence, Matthew McConaughey, Snoop Dogg, Zac Efron
Durée : 1h35
Photographie : Benoît Debie
Genre : Comédie
Origine : États-Unis

Moondog, poète considéré comme un génie, vit une belle vie au soleil, faite de fêtes, de sexe, d’alcools et de drogues. Et sous le soleil de Miami, « ça fait quelque chose de magique ».

The Beach Bum est un film complétement délirant, loin de toutes contraintes sociales ou morales… ou même logiques. Matthew McConaughey (Interstellar, Mud sur les rives du Missippi…) est incroyable dans son rôle d’artiste à l’esprit libre et drogué continuel, et qui, par certains aspects n’est pas sans rappeler The Big Lebowsky des frères Coen.
À l’image d’un « vrai » trip, The Beach Bum ne suit pas toujours un cheminement cohérent, mais parvient à nous emporter avec lui. Cette « immersion » dans cet univers psychédélique est aidée par la, toujours, magnifique photographie de Benoît Debie et par une galerie de personnages absolument incroyables dont les comportements sont plus qu’incongrus.

Totalement étrange et atypique, The Beach Bum est l’histoire d’un type qui profite de la vie en « brûlant » son argent, sans se soucier des conventions, quelles que qu’elles soient. On pourrait le trouver profondément inutile et immoral et juger ses personnages plus que détestables, mais il nous a conquis.

Aurora – Yam Laranas

AURORA_Still-6_BIFFF2019

Année : 2018
Réalisateur : Yam Laranas
Casting : Alan Paule, Anne Curtis, Marco Gumabao, Mercedes Cabral, Phoebe Villamor
Genre : Thriller, drame, mystère
Durée : 1h48
Origine : Philippines

À proximité d’une île des Philippines, un paquebot géant, l’Aurora, s’est échoué. Les disparus se comptent par dizaines et se trouvent encore enfermés quelque part à bord. Une tempête se prépare et les corps risquent bien d’échouer, eux aussi, sur la plage la plus proche. Les autorités locales décident donc d’évacuer la population, mais Leana fait le choix de rester, avec sa petite sœur, Rita, dans le but de « retrouver » les disparus.

En partant d’une catastrophe ayant causé la mort de nombreuses personnes, c’est bien notre rapport à la mort, et donc à la vie, que Yam Laranas explore. Que devient-on quand on meurt ? Quelle était la vie de tous ces disparus ?

Les couleurs grises et bleues foncées de l’île créent une atmosphère très particulière, à la limite entre la réalité et le cauchemardesque, où tout pourrait arriver. Ce choix visuel fait que le film est aussi beau qu’il est froid, tout comme son sujet est aussi poétique qu’il est macabre. L’on ne sait jamais exactement si ce que l’on voit est le fruit de l’imagination de Leana, qui souhaite plus tout que tous ces inconnus puissent « rentrer chez eux », ou si le film tient réellement à se transformer, par moment, en « film de zombies ». Pourtant, et en regard des développements du film et des personnages, rien de plus dramatique ne pourrait arriver que cet échouage massif et ces visions ne sont probablement que le reflet d’un profond traumatisme.

L’apparente douceur, et froideur, du film contrastent, malheureusement, avec sa musique extrêmement implicative. Comme si un sentiment de réelle peur devait absolument être créé plutôt que de laisser une belle ambiance d’interrogation s’installer, les notes se font trop insistantes, sans raison. Dès lors, la sensation de peur n’est que ponctuelle et ce procédé, exagérement explicatif, amoindri la portée dramatique et émotionnelle du film, avec laquelle il entre en opposition de manière trop violente. À cette « fausse peur », plutôt artificielle, l’on aurait préféré pouvoir se concentrer davantage sur l’ambiance, mystérieuse et préoccupante, engendrée par la découverte de ce bateau et sur les conséquences psychologiques occasionnées. Parfois, les silences inquiètent et disent plus que des sons…

Aussi, Aurora est un film à l’ambiance très réussie, mais dont on peine à comprendre le but exact.

BIFFF Jour 6 : Quiet comes the dawn – Pavel Sidorov

0

Une bien calme journée, faute de temps, durant laquelle nous n’aurons vu qu’un seul film, venu de Russie. Le cinéma d’horreur russe n’est pas particulièrement prolifique et n’a que peu de visibilité, nous étions donc ravis de pouvoir découvrir ce « Quiet comes the dawn » au BIFFF.

Réalisateur : Pavel Sidorov
Année : 2019
Casting : Alexander Molochnikov, Alexandra Drozdova, Anna Slyu, Kuzma Kotrelev, Oksana Akinshina
Origine : Russie
Genre : Épouvante-Horreur
Durée : 1h38

Sveta fête joyeusement son vingtième anniversaire, entourée de son frère et de ses amis… Pendant la nuit, son frère se suicide subitement en se jetant par la fenêtre. Peu à peu, Sveta s’aperçoit que non seulement son frère, mais également sa mère, sont morts dans d’étranges circonstances vraisemblablement liées à un non moins étrange institut spécialisé dans l’étude du sommeil. Ce dernier propose notamment des thérapies en organisant pour ses patients des sessions de « rêves lucides coopératifs ». Sveta s’y lance donc en espérant trouver les clefs du mystère qui entoure toute sa vie.

IMG_6438
Présentation du film par son producteur, Vladislav Severtsev, avant la séance

Sur papier, Quiet comes the dawn semble plus qu’intéressant. L’exploration des rêves, de l’inconscient, les histoires familiales et la thématique de la mort peuvent toujours donner naissance à d’incroyables histoires, pour peu qu’elles disposent d’un minimum de cohérence et d’imagination. Ce n’est, mille fois hélas, pas le cas ici. Il est bien difficile de trouver une logique dans le déroulement de l’histoire et dans les motivations des personnages. Qu’il s’agisse de « rêves » n’explique pas tout (ou, ce serait trop facile) et l’on cherche constamment des éléments auxquels se raccrocher pour comprendre où le réalisateur souhaiterait nous mener. La profusion de jump-scares n’aide en rien et les éléments « horrifiques » tombent à plat, faute d’ambiance réellement angoissante. La fin, extrêmement explicative, tente de donner un semblant de structure à un récit extrêmement déstructuré, et ce faisant, n’apporte que davantage de confusion.

BIFFF Jour 5 : Jeux d’enfants, charmante société et voyage étoilé

0

Notre programme était assez chargé pour notre 5ème journée au BIFFF, où nous avons pu voir, une nouvelle fois, trois films fortement dissemblables. Le premier présente un univers psychédélique et cauchemardesque, le deuxième croque avec un profond cynisme l’état actuel de notre société et de ses habitants et le dernier donne à voir d’une manière plus complexe les dérives de notre monde en les exportant dans un vaisseau spatial égaré entre notre chère Terre et la planète Mars. Des États-Unis à la Suède, en passant par l’Espagne, il existe pourtant, et étonnement, un point commun entre ces trois métrages ou leurs personnages : une volonté de fuite.

Braid – Mitzi Peirone

BRAID_Still-4_BIFFF2019

Réalisatrice : Mitzi Peirone
Casting : Imogen Waterhouse, Madeline Brewer, Sarah Hay, Scott Cohen
Origine : États-Unis
Genre : Épouvante-Horreur
Durée : 1h22

Tilda et Petula, deux jeunes dealeuses, décident, à la suite d’une affaire ratée, de rendre une petite visite surprise à une amie d’enfance particulièrement riche (Daphné) dans le but de la dévaliser. Pour parvenir à leurs fins, elles devront prendre part à un petit jeu que Daphné affectionnait particulièrement durant leur enfance. Trois règles sont à respecter envers et contre tout : Tout le monde doit jouer, Aucun non-joueur n’est accepté, Personne ne part. Rapidement, Tilda et Petula s’apercevront de leur erreur et tenteront de s’échapper.

Présenté en première belge et en compétition pour le 7ème parallèle et le prix de la critique, Braid brasse autant de styles et de genres qu’il crée de chemins pour perdre ses spectateurs. Entre explorations de traumatismes d’enfance et de l’inconscient, trip sous drogue, rapports de domination, folie, mensonges, surréalisme, explosion de couleurs acidulées et univers cauchemardesque, Mitzi Peirone nous offre une œuvre aussi originale que complexe et aboutie, tant sur la forme que sur le fond. Les actrices portent le film à merveille et l’on retrouve notamment Janine de The Handmaid’s Tale, Madeline Brewer, en sadique manipulatrice.

Esthétiquement, rien n’est laissé au hasard et chaque plan est savamment étudié : les pensées et ressentis des personnages sont perceptibles à l’écran grâce à une caméra en vue suggestive, plongée ou contre-plongée, qui montre également qui est, finalement, « la maîtresse » du jeu. Les couleurs passent du noir et blanc aux teintes vives et « pop », créant une ambiance à la fois psychédélique et angoissante, où l’on ne sait plus distinguer la réalité des hallucinations, des cauchemars et des rêves. Passé et présent se mêlent également, délivrant quelques explications, mais en donnant aussi naissance à de nouvelles confusions.

Braid fait partie de ces films extrêmement riches que l’on se plaît à analyser et que l’on souhaiterait revoir dès le début du générique du fin, afin d’en percevoir tous les détails et de parvenir à démêler toutes les mailles de cette « tresse ». Conte cauchemardesque à l’emballage enchanteur, le premier long-métrage de Mitzi Peirone est un autre de nos coups de cœur du festival.

7 reasons to run away (from society) – David Torras, Esteve Soler, Gerard Quinto

7-REASONS-TO-RUN-AWAY-FROM-SOCIETY_Still-2_BIFFF2019

Réalisateurs : David Torras, Esteve Soler, Gerard Quinto
Casting : Alain Hernández, Alex Brendemühl, Emma Suárez, Francesc Orella, Lola Dueñas, Sergi Lopez
Genre : film à sketchs, comédie noire
Origine : Espagne
Durée : 1h15

Pas de cassettes ici, 7 Reasons to run away (from society) est un film à sketchs qui donne à voir sept courts-métrages qui sont autant de démonstrations des causes qui pourraient donner l’envie de s’enfuir bien loin du monde moderne. De l’aveu à son enfant (aussi adulte soit-il) qu’il était non seulement non désiré, mais également une erreur qu’il faut supprimer, de l’ignorance de la misère du monde, en passant par l’institution matrimoniale désuète, les trois réalisateurs formule une critique acerbe de la société qu’ils croquent avec un cynisme sans limites.

Forcément, on pense à Les Nouveaux Sauvages (Relatos Salvajes, Wild Tales) réalisé par Damiàn Szifron et sorti sur nos écrans en 2014. Ce dernier portait un regard tout aussi positif sur la société, soi-disant « civilisée », et ses habitants. Chaque « morceau » de 7 reasons to run away (from society) se penche ainsi sur un trait caractéristique de l’actualité, sociale, sociétale ou politique. Si tous les courts ne détiennent pas la même qualité, le tout parvient à être à la fois drôle et percutant. Le film nous renvoie un portrait au vitriol de notre monde, où règne en maître l’individualisme. En dire plus, ou donner davantage de précisions, serait gâcher le potentiel comique et les surprises que l’œuvre détient.

IMG_6423
Une partie de l’équipe de 7 reasons to run away from society avant la projection

 

Notre troisième film de cette journée était Aniara, mais, juste avant la projection de celui-ci, Luciano Onetti, un des deux réalisateurs d’Abrakadabra, est venu présenter leur film. Ce dernier sera diffusé mercredi prochain en séance de minuit 30’ et est décrit comme un « Giallodes années 2010, mais tourné comme dans les années 1970’ ».

IMG_6426
Luciano Onetti, réalisateur d’Abrakadabra, avant la séance d’Aniara

 

Aniara – Pella Kagerman et Hugo Lilja

ANIARA_Still-5_BIFFF2019

Réalisatrice et réalisateur : Pella Kagerman, Hugo Lilja
Casting : Anneli Martini, Arvin Kananian, Bianca Cruzeiro, Emelie Jonsson
Durée : 1h46
Genre : Drame, Science-fiction
Origine : Suède

 Dans un futur qui ne semble pas si lointain, les affreux humains que nous sommes ont épuisé toutes les ressources terrestres. C’est ainsi qu’à bord d’un vaisseau tout confort baptisé « Aniara », commence un exode massif vers Mars. Le voyage était censé durer trois semaines, mais suite à un imprévu de taille, tous les passagers sont désormais à la dérive dans leur « sarcophage » ultra technologique, perdu dans l’immensité de l’espace. Sans espoir ni d’arrivée, ni de retour, l’équipage devra s’organiser pour survivre. À bord, une intelligence artificielle, MIMA (qui n’est donc pas, ici, le Millenium Iconoclast Museum of Art), permet aux passagers de (re)vivre de beaux moments en analysant leurs pensées et souvenirs, et donc de tenir le coup… jusqu’à ce qu’elle soit inutilisable.

En se basant sur un poème écrit en 1956 par l’auteur Harry Martinson, prix Nobel de littérature de 1974, la réalisatrice et le réalisateur montrent un futur non-déterminé, mais plausible.

Bien loin d’une science-fiction « catastrophe » qui donnerait à voir des individus s’entredéchirant avec violence ou d’un film de conquête spatiale, Aniara explore la psychologie humaine et développe des questionnements philosophiques. Qu’adviendrait-il de l’humanité s’il n’y avait plus aucun espoir ?

Malgré un budget limité par rapport aux super productions que l’on voit habituellement, Aniara détient une très belle esthétique, à la fois froide et vaporeuse, symbolisant autant la perte et la solitude que le défaitisme. Coupé en différents segments qui sont autant d’années passées à bord du vaisseau, le film montre comment pourrait se créer une « nouvelle » société, avec ses nouveaux chefs, ses nouvelles règles et ses nouveaux cultes. Ce développement n’est pas forcément inattendu ni inédit dans le genre, mais a le mérite de conserver une cohérence (aussi fataliste soit-elle) tout le long. En outre, le fait de laisser quelques questionnements en suspens et de faire l’impasse sur quelques explications permet aux spectateurs de formuler de nouvelles interrogations. La déclinaison du thème de l’intelligence artificielle est ici particulièrement originale, car portée en « intelligence supérieure » indispensable. Les personnages ne sont qu’un prétexte pour de plus larges constatations, ce qui explique une apparente absence d’intrigue plus personnelle. Ils ne sont, finalement, que les pions d’une machinerie bien plus vaste.

Quelque part entre Interstellar et le cinéma d’Andrei Tarkovsky, Aniara se sert de l’espace et des étoiles pour tisser de plus larges interrogations sur l’humanité et son futur. Le film ne révolutionnera pas le genre, mais présente d’intéressantes nouvelles pistes de réflexion.

BIFFF Jour 4 : de la baston, zombiesque et estudiantine

0

Pour notre quatrième jour de festival, nous avons jeté notre dévolu sur deux films : One cut of the dead (aussi appelé « Ne coupez pas ! » en France) et Rock Steady Row. Une attaque inopinée de zombies sur un lieu de tournage au Japon et des oppositions entre différentes factions étudiantes sur un campus aux USA : va-y avoir de la bagarre !

One cut of the dead – Shinichiro Ueda

ONE-CUT-OF-THE-DEAD_Still-7_BIFFF2019

Année : 2017
Réalisateur : Sinichiro Ueada
Casting : Harumi Shuhama, Kazuaki Nagaya, Manabu Hosoi, Mao, Takayuki Hamatsu
Genre : Comédie, Epouvante-horreur
Origine : Japon
Durée : 1h36

Présenté en avant-première belge au BIFFF, le premier film de Sinichiro Ueda avait déjà beaucoup fait parler de lui. Projet à moindre coût doté d’un accueil critique frôlant l’excellence, One Cut of the Dead est aussi original, que drôle et réussi.

La genèse du film lui-même est en effet intéressante : tourné en quelques jours à peine, il s’agit d’une réalisation étudiante dont l’investissement économique, forcément limité, a pu être plus que largement rentabilisé, grâce à sa distribution et réception, désormais mondiales. Véritable phénomène de prime abord inattendu, One cut of the Dead était un des films du BIFFF que nous attendions avec le plus d’impatience. Qu’en est-il, dès lors ?

Nous suivons la création d’un film amateur, tourné dans un bâtiment désaffecté et laissé à l’abandon et dans lequel une jeune femme se fait attaquer par un zombie, qui n’est autre que son petit ami, désormais transformé. Le réalisateur ne se montre pas très satisfait de la performance de ses acteurs et, lors d’une pause, ce sont de vrais zombies qui attaquent soudainement l’équipe.

Il est extrêmement compliqué de parler de One cut of the dead sans en divulguer trop, et donc, sans en en amoindrir l’intérêt. Disons que la première séquence, d’une durée de 37 minutes et tournée en un seul plan-séquence, a de quoi décontenancer les spectateurs, tout en étant particulièrement drôle. Sinichiro Ueda parvient, avec son film, à se jouer autant des gens cinématographiques que des spectateurs eux-mêmes, tout en déclarant un amour profond pour le cinéma. Par cette idée d’hommage au médium, son côté comique et loufoque, le film rappelle un peu « Why don’t you play in hell », réalisé par Sion Sono en 2013.

Plus qu’atypique, One cut of the dead est sans nul doute un de nos coups de cœur du festival. Il prouve qu’il est encore et toujours possible de réinventer en créant et qu’un budget ne fait pas (toujours) tout. On espère (et l’on souhaite) une longue et fructueuse carrière à Sinichiro Ueda ! On attend toujours une annonce pour une date de sortie officielle en Belgique, mais, pour nos lectrices et lecteurs français, le film sortira le 25 avril de cette année.

 

Rock Steady Row – Trevor Stevens

Sans titre1

Année : 2018
Réalisateur : Trevor Stevens
Genre : Comédie, Teen Movie
Casting : Allie Marie Evans, Diamond White, Heston Horwin, Isaac Alisma, Larry Miller, Logan Huffman, Peter Gilroy
Durée : 1h17

Loin de la Saint-Verhaegen, des 24h vélo de LLN (ou des 6 heures cuistax de l’ULB), et de la Saint-Nicolas liégeoise (j’espère n’avoir oublié personne), nous voici à l’université de Rock Steady qui voue un certain culte aux vélos. C’est là que débarque un nouveau, unfreshmancomme on dit, dont le fidèle deux-roues sera rapidement dérobé. Notre héros va vite se rendre compte que l’université n’est pas qu’un haut lieu de savoir où l’instruction prime sur tout. Deux « fraternités » sont en pleine guerre, d’un côté les Kappa et de l’autre La Haute Société. Le Doyen n’a pas grand-chose à faire de ces bagarres, tant que l’argent coule à flots. Le « nouveau » parviendra-t-il à se défendre, à battre les deux fraternités ennemies, et à sauver le campus, ou rejoindra-t-il la longue liste des disparus ?

Vous l’avez sans doute reconnu (ou pas), Rock Steady Row est une adaptation, plutôt étonnante, de « Le garde du corps » (Yojimbo) de Akira Kurosawa. S’il prend en effet place dans un campus, et donne une nouvelle fois à voir quelques clichés du genre (principalement au niveau des personnages), il parvient toutefois à s’en détacher. Car, ce ne sont pas tant les petites histoires d’étudiants et d’étudiantes qui priment, mais bien le système éducatif et universitaire en lui-même. Celui-ci en prendra pour son… « grade », avec grande distinction. Comédie noire cynique, Rock Steady Row formule également une critique de la violence de la société américaine, en l’exacerbant. Au final, on étudie assez peu à Rock Steady…

Toute l’originalité du film réside dans son ton déroutant ; l’on ne comprend pas toujours les actions des personnages, ou les situations qui plongent (encore plus que ne le laissait présager le pitch de départ) dans l’absurde ou le surréalisme. C’est toutefois ce côté extrêmement décalé qui permet au métrage d’approcher son sujet et les critiques formulées, avec réussite.

IMG_6412

Pour conclure notre compte-rendu de cette quatrième journée que nous y avons passé, rappelons que le BIFFF se tiendra au Palais des beaux-arts de Bruxelles jusqu’au 21 avril et, qu’en plus des nombreux films programmés, de nombreuses autres activités sont également organisées et proposées.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

                                                                                                                

BIFFF jour 3 : Achoura – Talal Selhami

0

Présenté en première internationale au BIFFF, Achoura est un film d’épouvante-horreur qui nous vient du Maroc. Talal Selhami, le réalisateur, était déjà présent au festival en 2011 avec Mirages.

Année : 2018
Réalisateur : Talal Selhami
Casting : Iván González, Mohamed Choubi, Moussa Maaskri, Omar Lotfi, Sofiia Manousha, Younes Bouab
Origine : Maroc, France
Genre : Horreur
Durée : 1h40

Ce deuxième film tire son inspiration des contes et légendes fantastiques marocains, lesquels ne bénéficient pas souvent d’une grande visibilité au cinéma. Il sera ici question d’un monstre, Boughatate, une sorte de croque-mitaine se nourrissant des enfants et de leur joie. Quatre amis ont croisé son chemin, lors de l’Achoura, soit la nuit des enfants, et l’un d’entre eux a mystérieusement disparu. Vingt ans plus tard, les trois survivants sont désormais adultes et tous ne semblent pas se rappeler des événements avec beaucoup de précision… Jusqu’à ce que leur ami disparu refasse surface. Malheureusement, les retrouvailles ne seront pas vraiment joyeuses : Boughatate est lui aussi de retour et ne semble pas avoir apprécié son régime draconien qui dure depuis 20 ans.

Il est fréquent que les films d’horreur puisent leurs références dans les contes et le folklore. Toutefois, on est davantage habitués à des variations d’Halloween, ou d’histoires de fantômes. Aussi, l’histoire qui nous est contée dans Achoura, bien qu’il s’agisse d’un « film de monstre », n’en est pas moins atypique. Certains instants rappellent d’autres œuvres, notamment « Ça », mais le film parvient à s’en détacher pour créer quelque chose de neuf.
L’esthétique est très travaillée (l’on pouvait déjà le percevoir en regardant l’affiche du film, qui est particulièrement soignée) et les effets spéciaux totalement maîtrisés. Plus précisément, la créature, Boughatate, est particulièrement inédite et plutôt effrayante (personne ne voudrait la retrouver sous son lit ou dans son placard, c’est certain).

On regrettera néanmoins un jeu d’acteur qui manque quelquefois de conviction et certains déroulements d’actions qui ne sont pas des plus cohérents, voire des plus compréhensibles. De plus, les allées et venues entre les différentes époques brisent par moment le rythme et ne développent que très superficiellement les traumatismes et refoulements liés à la disparition d’un ami d’enfance.

IMG_6404
L’équipe du film avant la projection