Date de sortie : 21 novembre 1990 (Japon), 23 août 1991 (Amérique du Nord), 11 avril 1992 (France)
Fabricant : Nintendo
Concepteur : Masayuki Uemura
Génération de console : Quatrième
Nationalité : Japonaise
Unités vendues : 49,10 millions
Fin de production : 25 septembre 2003
Il y a 30 ans, la tant attendue Super Famicom débarquait au Japon dans un véritable raz-de-marée, trois ans après la PC Engine de NEC et deux ans après sa concurrente directe, la Mega Drive de Sega. Bien plus performante que ces dernières avec une plus grande capacité d’affichage de couleurs et de sprites, un processeur sonore supérieur et le fameux mode 7 qui imite des effets en trois dimensions, elle s’arrache dès le 21 novembre 1990 au prix de 25 000 yens (environ 200€). Novatrice pour sa manette passant de deux à quatre boutons en plus des deux gâchettes proposées par Shigeru Miyamoto, elle possède un des meilleurs line-up de tous les temps avec seulement deux jeux. Super Mario World peut en effet se targuer d’être un des jeux de plates-formes les plus qualitatifs de l’histoire avec sa worldmap aux multiples chemins, ses sorties secrètes conduisant à de nombreux niveaux cachés, son système d’envol, ses maisons hantées et surtout l’apparition de la monture Yoshi. À ses côtés, F-Zero propose des courses futuristes effrénées profitant du rendu immersif du mode 7.
La fin de l’année 1990 continue de fleurir sur Super Famicom avec ActRaiser, jeu d’Enix mêlant gestion et action plates-formes, le simulateur aérien Pilotwings exploitant encore plus le mode 7 et un portage du Populous de Peter Molyneux. Deux autres portages viennent directement de l’arcade : le shoot’em up Gradius III d’une part, le beat’em up Final Fight d’autre part, très bien réalisé mais amputé d’un personnage, d’un niveau et de son mode deux joueurs. L’année 1991 commence avec un portage du jeu de gestion SimCity, les jeux d’action aventure Ys III et Goemon The Legend of the Mystical Ninja, le RPG Final Fantasy IV ainsi que les shoot’em up Darius Twin, Super R-Type et l’excellent Area 88, originaire de l’arcade et connu en Occident sous le nom d’UN Squadron. Le 23 août 1991, la console sort en Amérique du Nord sous le nom de Super NES pour 199 dollars avec un line-up alléchant composé de Super Mario World, F-Zero, Pilotwings, Gradius III et SimCity.
Tandis que la sortie française se fait toujours attendre, les hits s’enchaînent la fin de cette même année en commençant par deux grands classiques de l’action plates-formes : Super Ghouls’n Ghosts, troisième épisode de la franchise de Capcom spécialement conçu pour la Super Famicom, et un Super Castlevania IV impressionnant présenté au Japon comme un remake de l’épisode fondateur. Outre un portage du puzzle-platformer Lemmings, c’est la sortie du mythique The Legend of Zelda A Link to the Past qui rameute les foules, améliorant drastiquement la formule du premier jeu sur NES par une excellente worldmap à deux facettes, un panel d’objets impressionnant, de nouvelles mécaniques de jeu et un scénario détaillé plongeant le joueur au cœur de la légende.
L’année 1992 débute sous le signe du RPG avec Dragon Ball Z Legend of the Super Saiyan, Romancing SaGa de Squaresoft et surtout l’excellent Soul Blazer d’Enix, qui consiste à recréer des zones entières du monde et à faire revenir ses habitants en affrontant des portails d’ennemis dans un univers à la fois épique et poétique. La saga Contra obtient également un troisième épisode officiel avec Contra Spirits, un titre ultra nerveux faisant partie des meilleurs représentants du genre du run’n gun. La Super Nintendo arrive enfin en France le 11 avril 1992 au prix de 1290 Francs avec Super Mario World et F-Zero au line-up, mais aussi Super R-Type, Super Soccer et Super Tennis. L’Europe rattrape alors rapidement son retard avec le portage des nombreux jeux déjà sortis en import tandis que les hits continuent de s’enchaîner, offrant à la Super Nintendo une ludothèque d’anthologie à faire pâlir la Mega Drive de Sega, pourtant loin d’être avare en titres de qualité.
Avec essentiellement quatre ans de vie majeure, la Super Nintendo a su symboliser l’âge d’or de la 2D avec de grandes références pour chaque genre de jeux. La plateforme d’abord avec la compilation Super Mario All Stars, Donkey Kong Country, un superbe remake de Prince of Persia de Jordan Mechner, Skyblazer, Mega Man X, mais aussi de nombreux jeux tirés de bandes dessinées et de dessins animés comme Astérix, Les Schtroumpfs, Tintin au Tibet, Tiny Toon Adventures Buster Busts Loose, Les Aventures de Batman et Robin, The Pagemaster, ou encore le redoutable Addams Family Pugsley’s Scavenger Hunt. Les jeux Disney ne sont pas en reste avec l’excellent Mickey Mania, Le Livre de la Jungle, La Belle et la Bête, Le Roi Lion, la trilogie The Magical Quest, le superbe Aladdin de Shinji Mikami sans oublier le singulier Goof Troop, qui mixe action et puzzle dans un jeu coopératif en vue aérienne.
Genre phare depuis le portage du surpuissant Street Fighter II et ses upgrades, le versus fighting multiplie les références avec la trilogie Mortal Kombat, des portages SNK tels Fatal Fury, Art of Fighting, Samurai Shodown et World Heroes, sans oublier les Dragon Ball Z Super Butoden, marquants pour leurs arènes élargies et leurs combats à distance à coups de Kamehameha. Côté beat’em up, les adaptations de dessins animés, films et super sentai sont multiples avec Tortues Ninja Turtles in Time, Sailor Moon, Batman Returns et Power Rangers, en parallèle des références que sont Legend, Battletoads in Battlemaniacs, Return of Double Dragon, The Ninja Warriors The New Generation et la trilogie Final Fight.
Ayant des éditeurs comme Square et Enix de son côté, la Super Nintendo s’auréole de grandes références du RPG et de l’action aventure. En Europe, hormis le tout juste correct Mystic Quest Legend, il s’agit essentiellement d’action RPG avec des titres d’anthologie comme Secret of Mana, Secret of Evermore, Soul Blazer, Illusion of Time et Terranigma. En import, les Final Fantasy IV à VI transportent la saga vers un début d’âge d’or, Dragon Quest V et VI s’accompagnent de remakes des trois premiers épisodes de la NES, tandis que de nouvelles licences naissent avec Breath of Fire, Tales of Phantasia et Star Ocean.
Si les shoot’em up de la Super Nintendo subissent souvent des ralentissements à cause des limites de son processeur, les bons titres ne manquent pas à l’appel à l’image de Parodius, R-Type III, Super Aleste, Axelay, sans oublier StarWing qui profite de la puce Super-FX. Terriblement jouissifs, les run’n gun procurent de superbes sensations de jeu avec le diptyque Pocky & Rocky, un Wild Guns explosif, l’original The Firemen et l’excellent Sunset Riders. Outre des puzzle-games comme la compilation Tetris & Doctor Mario, Bust-A-Move et Kirby’s Ghost Trap, la console accueille toutes sortes de jeux originaux comme Super Punch-Out, Kid Klown in Crazy Chase, l’exceptionnel Super Metroid et Micro Machines, sans oublier les génialissimes Super Bomberman, avec leur mode aventure jouable eu duo et les battles royales endiablés en arène. S’il ne fallait retenir qu’un seul jeu de course dans toute sa ludothèque, ce serait évidemment Super Mario Kart !
Tandis que la cinquième génération arrive à la fin de l’année 1994 avec la PlayStation et la Saturn, ces dernières ont bien du mal à obtenir des titres convaincants en 3D et comptent les bons jeux en 2D sur les doigts d’une main. En pleine force de l’âge, la Super Nintendo continue d’agrémenter sa ludothèque avec Earthworm Jim, Demon’s Crest, Hagane, Mega Man 7, Donkey Kong Country 2, Killer Instinct, Castlevania Vampire’s Kiss, l’impressionnant Yoshi’s Island ainsi que plusieurs RPG tels Front Mission, Seiken Densetsu 3 (désormais connu sous le nom de Trials of Mana depuis sa sortie occidentale officielle en 2019) et l’excellent Chrono Trigger.
En 1996, les sorties de la Super Nintendo freinent tandis que la PlayStation gagne du terrain avec un nombre grandissant de hits. Mais la 16 bits résiste encore avec Dragon Ball Z Hyper Dimension, Street Fighter Alpha 2, Super Mario RPG, Rudra no Hihou, Super Bomber Man 4 et Donkey Kong Country 3. La Nintendo 64 arrivant le 23 juin 1996, les nouveautés Super Nintendo se font de plus en plus rares l’année suivante. Notons tout de même la sortie de Super Bomber Man 5, Lucky Luke, Kirby’s Dream Land 3, Harvest Moon, Rockman & Forte et Fire Emblem Thracia 776 jusqu’à Metal Slider Glory director’s cut le 29 novembre 2000, année de sortie de PlayStation 2. Avec 49 millions d’unités écoulées et un arrêt de production en 2003, la Super Nintendo a fortement marqué son époque au point d’attiser la curiosité des joueurs lors des débuts de l’émulation sur PC et de faire revivre sa ludothèque trois ans plus tard sur la console virtuelle de la Wii.