Réalisé par Philip Kaufman
Avec, Donald Sutherland, Brooke Adams, Jeff Goldblum, Veronica Cartwright, Leonard Nimoy
Sortie : 1978
Genre, Horreur, Science-fiction
Deuxième adaptation du roman de Jack Finney, L’invasion des Profanateurs ou Invasion of The Body Snatchers de Philip Kaufman est un véritable tour de force cinématographique.
Kaufman livre un film qui va s’intéresser à la paranoïa sociale. Contrairement au précédent film de Don Siegel, il choisit de dévoiler l’existence des fameux Body Snatchers en filmant la préparation de leur l’invasion.
Kaufman filme d’abord la fuite de leur planète, ensuite leur errance dans l’espace et enfin leur arrivée sur la Terre pour finalement se transformer en cosse.
Ce qui est particulièrement génial dans cette séquence est le choix de divulguer le processus d’invasion de ces créatures. Il permet de montrer la vérité aux spectateurs et de les mettre dans une situation inconfortable.
Il sera confronté à cette invasion de l’incapacité de réactivité de l’être humain. Les personnages du film ne pourront pas réagir efficacement puisqu’ils n’auront pas accès à cette vérité.
La découverte se fera par tâtonnement pour les personnages, Kaufman choisira donc d’embrasser la forme du thriller policier et d’enquête pour rythmer son film.
Le spectateur devra subir l’invasion et ne pourra rien faire. Ce choix de Kaufman permet donc un investissement total de celui qui suivra son film.
Kaufman construit un film d’une grande richesse thématique. Il filme de face la paranoïa sociale dans laquelle s’engouffre les personnages au fur et à mesure de l’intrigue.
On pensera à cette séquence où l’inspecteur de l’hygiène Bennell accompagné par Elizabeth en voiture vont être confronté à une scène terrifiante où un groupe de personnes va pourchasser un homme en pleine ville.
Kaufman créé alors un sentiment de malaise lié au groupe. Il n’y a rien de plus terrifiant qu’un amas de personne qui semble animé par une seule conscience.
Le réalisateur fera jouer les acteurs qui incarnent les personnes touchées par l’invasion de manière à ce qu’ils n’aient plus aucune émotion sur le visage.
Contrairement à Don Siegel, il choisit l’identification des personnes atteintes par l’invasion par l’intermédiaire de ces procédés de jeu. Dans la version de Siegel les Body Snatchers étaient représentés par des personnes qui n’avaient pas changées de comportement. Ce choix permettait de jouer sur le doute du spectateur. Ce n’est pas ce que choisi Kaufman en identifiant les personnes touchées. Ce choix permet d’instaurer un climat de paranoïa, puisque personne ne fait attention aux changement.
L’invasion se déroule dans le calme, elle s’avère donc terrifiante.
Le film livre également des visions de body horror assez terrifiantes et gênantes. Les Body Snatchers apparaissent comme des représentations cauchemardesques.
Le casting du film est exceptionnel, Donald Sutherland livre une de ses plus grande prestations comme Brooke Adams.
Kaufman réalise un film exceptionnel qui jouera avec sa mythologie pour offrir un cauchemar social qui ne cessera d’y investir son spectateur.