Réalisé par Sydney Lumet

Pays États-Unis

Année 1964

Casting Henry Fonda, Walter Matthau, Fritz Weaver

Genre Thriller

 

 

La critique de Liam :

 

Quand Rimini propose un film de Sidney Lumet, il est impossible de passer à côté.

La défaillance d’un minuscule transistor provoque l’alarme au Strategic Air Command où sont surveillés les mouvements de tous les avions du monde. Cette défaillance fait croire à l’existence d’un engin non identifié. Une escadrille de bombardiers atomiques est envoyée en direction de Moscou.

Sidney Lumet fait partie sans conteste des maîtres étalons du cinéma américain, notamment par le biais de plusieurs œuvres cultes, tel que son indispensable « Douze Hommes en colère ». Le voir s’attaquer aux dangers de la Guerre Froide, avec cette crainte perpétuelle d’une troisième guerre mondiale ne pouvait donc que s’avérer passionnant mais surtout grinçant. Il met donc en exergue toute la peur engendrée par cette menace sourde avec un film brillant par sa tension permanente. Lumet enferme ainsi ses protagonistes américains dans des architectures étouffantes par leur isolation par rapport au monde extérieur, prêts à brûler d’un instant à l’autre.

Des architectures angoissantes

Le minimalisme visuel est au service d’une intrigue tendue en permanence, questionnant la nature belliciste et autodestructrice de l’être humain. Derrière les fonctions de pouvoir se dessinent alors des portraits d’hommes complètement perdus dans cette situation incontrôlable et terrifiés des conséquences d’un malheureux accident. Lumet capte cela notamment par ces gros plans sur le visage rempli de peur d’Henry Fonda, toujours aussi impeccable en président des États-Unis prêt à tout pour éviter la catastrophe.

 

le visage de la peur

Dès lors, le film se pare d’un message clairement anti-belliciste, attaquant à charge l’inhumanité de l’armée responsable d’une potentielle destruction de l’Humanité. Les ordres dépassent la logique et le cœur, et tant pis si cela conduit au feu et à la fureur. Chacun est nerveux, confronté à ses propres contradictions, notamment un aveuglement patriotique difficile à mettre de côté, tel un ego national que l’on ne peut ranger.

Rimini propose une édition hautement recommandable, notamment pour la copie du film venant d’une restauration 4K, ce qui met encore plus en exergue la résonance de son contenu avec l’actualité. Au niveau des suppléments, on retrouve un commentaire audio du réalisateur, deux entretiens avec Jean-Baptiste Thoret ainsi qu’un documentaire.

Aussi imprévisible que la nature humaine, « Point Limite » constitue une œuvre toujours aussi forte et menée d’une main de maître par un Sidney Lumet aussi humaniste qu’anti-belliciste. De quoi rester silencieux un bon moment après son visionnage tout en s’interrogeant sur la nature toujours autant au bord de l’annihilation de l’être humain…

 

 

 

La critique de Nicolas :

Sydney Lumet fait partie de ces réalisateurs qui possèdent un style d’une impressionnante précision. Il maîtrise d’une manière à la fois ludique et quasi-parfaite la narration cinématographique pour offrir des œuvres puissantes.

Point Limite, sorti en 1964 est un film qui traite de l’angoisse nucléaire.
Causé par la défaillance d’un système de défense américain, une erreur va provoquer l’ordre de bombarder Moscou et pousser les instances militaires à tenter de stopper l’avion.

Ce qui est intéressant avec Point Limite est toute la tension qui s’en dégage. Lumet conceptualise un décors plongé dans un noir et blanc anxiogène où l’urgence devient obsédante. Il créé à l’avance un sentiment de malaise constant avec en ouverture de film un cauchemar représentant une scène corrida particulièrement violente. Cette violence provient également du son qui s’étendra sur tout le film.

 

l’appel de la fin

Lumet choisira l’absence totale de musique et préférera travailler l’aspect sonore de son œuvre. Ainsi le spectateur entendra des sons insupportablement aigus évoquant la catastrophe à venir ou appuiera également le silence de la salle de commande de l’ordinateur de défense où l’on entendra uniquement le grésillement de l’écran.

Ainsi, le son participe à cette angoisse montante en lien avec la course folle que poursuivent les militaires pour arrêter l’avion qui va bombarder Moscou. Cette tension se manifeste également par le long processus qui entoure cette tentative de réussite.
L’erreur commencera pas une inquiétude au niveau zéro et s’étendra jusqu’à l’intervention du Président des États-Unis en personne magistralement interprété par Henry Fonda .
Il appellera le président de la Russie pour le prévenir de l’erreur et essaiera d’obtenir son aide dans cette crise. Lumet filmera de long échanges téléphoniques accompagnés d’une mise en scène d’une très grande maîtrise.

 

tout se déroule à travers un écran

Lumet réalise donc un film très à charge envers la nature paranoïaque des États-Unis et son obsession de contrôle du monde. C’est avec cette défaillance que le réalisateur se permet de dresser un portrait très sombre d’un peuple qui se perd.
Cette critique sera appuyée avec la séquence de fin qui apparaîtra comme la destruction du film lui-même. Avec cette guerre d’une apparence plutôt douce en ressortira une violence absolue, celle de la destruction de l’humanité et de l’art lui-même.

Rimini ressort le film dans une restauration 4K d’une qualité assez incroyable. Avec celle-ci l’œuvre paraît encore plus actuelle. Elle sort le 16 juin 2020 accompagnée de nombreux bonus comme un commentaire audio du réalisateur, deux entretiens avec Jean-Baptiste Thoret et un documentaire.

 

Il faut absolument se jeter sur ce film qui résonne encore avec notre monde actuel et au delà de ces aspects, il s’agira d’une expérience profondément violente et d’une grande qualité cinématographique.

 

la machine de l’échec

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